Chèque resto, chèque lire, chèque vacances, chèque machin et chèque truc… maintenant c’est au tour du ticket santé… La bonne blague ! Et si les patrons, tout simplement, nous versaient un vrai salaire et que l’État arrêtait de nous faire payer des impôts de plus en plus élevés pour un service rendu de plus en plus minable ?
« Les chèques santé entreront en vigueur au 1er janvier 2015. Ces titres prépayés permettent de financer des frais jusque-là non pris en charge. Le montant maximum de ce titre, disponible uniquement sous forme dématérialisée, est plafonné à 156 € par an et par salarié, sans date limite d’utilisation. » Tout ceci est absurde et je vous invite à relire cet article que j’avais écris en 2011 et intitulé « Les chèques de la honte ».
Les Chèques de la Honte. Par Charles Sannat
C’est la grande mode. À chaque problème de pouvoir d’achat la fausse bonne idée d’un chèque correspondant est mise en place.
M. et Mme Toutlemonde ne peuvent plus se nourrir décemment à midi et voilà le chèque restaurant. M. et Mme Toutlemonde ne peuvent plus partir en vacances et payer les péages et voici le chèque vacances. D’ailleurs les péages d’autoroute sont une gabelle moderne versée à des sociétés privatisées ayant racheté une misère une infrastructure financée par les impôts de l’ensemble du peuple français pendant des décennies. Cette gabelle profite aux actionnaires, ce qui est normal. Il serait scandaleux bien sur que la collectivité profite des sommes versées à chaque passage. Un actionnaire étant un être supérieur, il est normal de lui verser la dîme. Sachez-le manants !
Puis, le chèque de rentrée car M. et Mme Toutlemonde ne peuvent plus payer les fournitures scolaires pour leur enfants ni les habiller convenablement. Pour M. et Mme Classesupérieure, il y a le chèque emploi-service pour payer femme de ménage, nounou ou jardinier. Il ne faut pas oublier que M. et Mme Classesupérieure deviennent de moins en moins supérieurs. Seuls les mégas riches continuent à s’empiffrer.
Lorsque le prix de l’essence augmente, on évoque la possibilité d’un chèque essence. Pour le fioul domestique qui sert à se chauffer, il y a bien désormais le chèque chauffage. Certains esprits chagrins, dont je fais décidément partie, font bien remarquer que plus de 80 % du prix d’un litre de carburant sont des taxes mais chut… faisons un chèque.
Il ne faut pas oublier le chèque lire, pour acheter des livres, les chèques cadeaux que les entreprises utilisent à merveille en lieux et place d’une commission. Mon petit salarié tu as très bien travaillé. Voici 50 € en chèque cadeaux . « Dis merci patron ! » J’en ai reçu quelques-uns de ces chèques « cadeaux ». Ils sont insupportables. Ils ne se mettent pas de côté (il y a une date de validité) et je ne dois vraiment pas avoir de chance car à chaque fois, ce que je veux acheter est toujours plus cher que le chèque dont je dispose. Donc je dépense plus et m’appauvris en réalité à chaque fois que j’en reçois un… Merci patron quoi ! Je vous passerai le détail qui consiste en différentes marques de chèques cadeaux qui sont valables chacun dans un type de magasin différent.
Comme l’École et l’éducation doivent devenir une marchandise comme les autres, des députés géniaux proposent un chèque éducation (M. et Mme Classesupérieure rajouteront certainement un peu de leur poche pour que leur enfants accèdent aux meilleures écoles tandis que M. et Mme Toutlemonde qui ont un fils iront dans les écoles les moins cher et les moins bonnes, mais chut…).
Ces chèques que l’on reçoit, que l’on prend et qu’on utilise sont des chèques de la honte. Ils masquent le véritable problème.
Quel système économique souhaitons-nous ? Quel partage, quel contrat social ?
L’enjeu du pouvoir d’achat sera au centre de la campagne présidentielle de 2012. Il est fort probable qu’un candidat « audacieux » finisse par nous proposer un chèque Caddie pour faire nos courses toutes les semaines. Il ne faudra pas se méprendre. Ce chèque Caddie sera un mélange de soupe populaire moderne et de ticket de rationnement qui ne diront pas leur nom. Nous aurons alors atteint le fond.
Il occultera encore une fois l’absence du seul chèque utile, valable et indispensable… le chèque du salaire de fin de mois. Un emploi et un salaire permettant à M. et Mme Toutlemonde de vivre de leur travail.
Mais il devient tellement rare qu’un Petit Prince moderne pourrait demander… « dis, dessine moi un travail ».
Charles SANNAT