Baisse de l’euro : bonne ou mauvaise nouvelle ?

Je reviendrai plus longuement dans un prochain édito sur ce sujet crucial car ce qui nous menace aujourd’hui – en l’absence de reprise réelle de l’emploi et donc des salaires, qui resteront au mieux très bas car on parle par exemple désormais de baisser le Smic –, c’est l’inflation importée. Et de l’inflation importée avec des salaires qui au mieux stagnent, cela provoquera un appauvrissement massif. Donc attention. La baisse de l’euro cache des dangers insoupçonnés et dont on se garde bien de vous parler trop fort.

Charles SANNAT

L’euro plonge depuis mars 2014, ce qui préoccupe les experts et les simples Européens, dont les Français.

Le cours de la monnaie européenne par rapport au dollar a poursuivi sa chute mardi sur fond d’attentes des investisseurs concernant les démarches éventuelles de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Réserve fédérale américaine (FED) sur la politique monétaire.

La semaine dernière, la monnaie unique est tombée à son plus bas niveau depuis 12 ans, se rapprochant de la parité avec le billet vert. L’euro s’échangeait contre 1,05 dollar environ. Un dollar se porte bien et continue de s’apprécier face aux principales devises. L’affaiblissement de la monnaie unique devrait, dirait-on, profiter aux exportateurs européens et attirer les investisseurs, boostant l’économie de la zone euro. Tout n’est pas cependant si évident que cela.

L’euro qui se déprécie, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour les Français ? Les experts se posent cette question.

Le journaliste et entrepreneur Bertrand Chokrane, gérant de la société Bertrand Chokrane Consulting, a exposé à Sputnik sa vision de la situation :

« Pour l’économie française, les effets négatifs de la baisse de l’euro l’emportent sur les effets positifs. Parce que les exportations françaises se font principalement vers les pays de la zone euro. Cette baisse de l’euro n’entraîne donc aucun gain de compétitivité prix. Enfin, les produits importés par la France se voient renchéris. Seules quelques entreprises capables d’exporter au-delà du continent vont en profiter. Mais elles sont peu nombreuses. Pour l’Union européenne, les gains de compétitivité seront amoindris par l’augmentation des prix des produits importés. Pour les consommateurs, c’est clairement une perte de pouvoir d’achat. Enfin, pour les pays capables d’exporter en dehors de la zone euro, comme par exemple l’Allemagne, cela accentuera davantage les différentiels avec les autres pays de la zone euro.

Le symbole euro

Parlons plutôt d’une inquiétude légitime à propos de l’avenir de la zone euro. En effet, la Grèce est incapable de rembourser l’argent qu’elle doit à ses créanciers européens. Ce qui fragilise cette zone monétaire. Les masses de liquidités disponibles dans le monde préfèrent migrer vers le dollar, plus rassurant. Si la Grèce sort de la zone euro, il est possible que cette baisse se poursuive jusqu’à des niveaux encore plus bas. »

Gérard Cornilleau, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), voit un peu autrement la situation et en a fait part à Sputnik :

« La baisse de l’euro qui a pratiquement rejoint la parité avec le dollar (…) va favoriser la croissance des exportations de l’ensemble de la zone. En sens inverse, elle va peser sur le volume des importations et en augmenter les prix. Les importations d’énergie seront ainsi plus coûteuses, ce qui va soutenir l’inflation. Dans un contexte de croissance faible associée à un risque de déflation, la baisse de l’euro aura un effet favorable dans l’ensemble de la zone. Chaque pays bénéficiera de l’impact direct de la dévaluation sur son commerce avec le reste du monde et de l’impact indirect de l’amélioration de la situation au sein de chacun de ses partenaires de la zone.

Dès lors, on devrait observer l’enclenchement d’une spirale vertueuse qui permettra à tous les pays de la zone euro de sortir de la stagnation caractéristique des dernières années. Les marchés financiers ne peuvent qu’apprécier cette perspective, ce qui pourrait à terme stabiliser le taux de change de l’euro. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter à ce stade d’une éventuelle spéculation sur l’euro. Mais, si la crise grecque débouchait sur la sortie de ce pays de la zone euro, il en irait sans doute autrement. Dans ce cas, le risque d’une spéculation pariant sur l’explosion de la zone est possible. Mais cette perspective reste aujourd’hui très théorique. Le plus vraisemblable est que l’on aboutisse à un accord qui à l’inverse, en rassurant les marchés sur la solidité de la zone, contribuerait à accélérer la stabilisation du change. »

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