Je publie ce billet invité écrit par un camarade.
7 janvier 2015 par Bruno
Il y aura un avant et un après 7 janvier 2015. Un avant et un après « Charlie Hebdo ». Un avant et un après ce « C’est bon chef ! » prononcé comme une supplique — comme on aurait dit « Pitié ! » — par Ahmed, 42 ans, gardien de la paix, déjà à terre après un coup de feu et qui sera finalement abattu de sang froid d’une balle dans la tête par un animal cagoulé de noir, totalement hermétique à tout esprit d’humanité et qui prendra son prophète cette fois encore à témoin pour s’en féliciter.
Jusqu’à quand ? Jusqu’où ? Quelle est la limite au-delà de laquelle notre société ne pourra plus absorber cette barbarie sans flancher ? Quel événement nos responsables politiques attendent-ils pour comprendre qu’il est temps de voir la réalité en face ?
Franchement, aujourd’hui, même moi je suis à deux doigts de « faire des amalgames », comme on dit. Même moi, pourtant relativement conscient de l’extrême complexité des problèmes sous-jacents, je me dis qu’on n’a peut-être plus le temps de réfléchir, que l’heure n’est désormais plus aux nuances et à l’analyse.
Au final, je sais que ma raison l’emportera sur ma rage et que je trouverai d’autres moyens d’exprimer mon refus de tout cela. Mais je pense aussi qu’il faut s’attendre à ce que d’autres personnes, qui n’ont peut-être plus envie de réfléchir ni de se contenir, se mettent à refuser d’écouter plus longtemps les phrases d’apaisement et les discours ronronnants des gentils bisounours de la pensée unique et bienheureuse.
Comme je le disais, je ne suis pas du genre à affûter ma fourche ou à huiler mon gun pour aller « buter du bougnoule » (comme je l’ai déjà lu ici ou là dans certains appels explicites à la vengeance civile, que ce soit sur les réseaux sociaux ou même dans la « vraie vie »). C’est tout aussi indigne et minable que les actes perpétrés par ces êtres impurs qui se revendiquent d’un prophète pour justifier leur soif de sang. Mais je ne souhaite pas non plus cautionner davantage la lâcheté et la complicité de tous ces élus qui, non seulement se sont trompés de siècle dans leurs idéologies, mais qui ont également décidé de se fabriquer de faux ennemis pour ne pas avoir à combattre ceux qui nous font réellement la guerre.
Aujourd’hui, après plusieurs attentats en quelques semaines que nos gouvernants ont faussement attribué à des « déséquilibrés » pour ne pas avouer leur impuissance, aujourd’hui donc, 7 janvier 2015, nous voyons le vrai visage de notre ennemi et je refuse désormais qu’on me dise de ne pas généraliser ou encore de ne pas céder à la haine. Ce sont nos ennemis qui généralisent en s’en prenant à tous ceux qui ne partagent pas leurs croyances fanatiques. Ce sont nos ennemis qui tuent par refus du temps qui avance sans eux, par rejet de la culture et du savoir, par peur de la liberté qu’on pourrait accorder à ceux et celles qu’ils considèrent toujours comme leurs esclaves. Ce sont nos ennemis, enfin, qui propagent la haine, qui la fabriquent même et qui l’érigent au rang de valeur sacrée pour mieux détruire notre société. Avec en prime la complicité active de toute cette classe politique corrompue qui nous parle de « chances pour la France », de « discrimination positive » (comme si une discrimination pouvait être autre que négative !) ou encore de « brassage culturel » alors qu’on assiste à une destruction progressive et impunie de ce qui fait notre identité. Des hommes et des femmes, élus le plus souvent, et qui, finalement, ont depuis longtemps abandonné l’idée de nous protéger, nous, simples citoyens, pour mieux assurer leur confort personnel. Au risque d’y sacrifier au passage le peu de moralité qu’il leur restait.
Alors à tous ces gens, que ce soit les auteurs de cette énième tuerie au nom d’Allah, mais aussi leurs partisans muets comme leurs soutiens les plus virulents, sans oublier tous ceux qui leur trouveront des excuses, des raisons, des justifications, des principes… je leur prédis une fin proche et douloureuse. Non pas physiquement, mais socialement, le genre de mort auquel on assiste de son vivant et qui donne un avant-goût de l’enfer (pour ceux qui y croient), véritable paradoxe dont la dureté constituera néanmoins une forme de justice car, parfois, la justice doit cesser d’être humaine, du point de vue philosophique, pour devenir enfin efficace.