Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Depuis quelques jours, les articles du type « c’est la reprise en Europe » fleurissent comme les fleurs au printemps (je sais, la métaphore n’a rien d’original).
La reprise est là, la croissance est de retour et tout va aller mieux que bien. Faut-il y croire ? Non. Non car en fait il n’y a pas grande différence avec les multiples reprises que l’on nous a annoncées depuis le début de la crise en 2007, bien que cette fois nous ayons effectivement quelques éléments tangibles mais hélas conjoncturels donc peu pérennes dans le temps.
Une reprise qui tient en 4 causes
1/ Une baisse importante du pétrole et du prix de l’énergie qui gonfle un peu les marges des entreprises et donne un petit bol d’air aux ménages qui voient leurs factures énergétiques baisser fortement mais ce mouvement, qui ne dure que depuis quelques mois, est désormais contrebalancé par la baisse de l’euro.
2/ Une baisse importante de l’euro qui est censée bénéficier à nos exportateurs en leur permettant de retrouver de la compétitivité facilement, ce qui n’est pas tout à fait faux mais pas aussi vrai qu’avant puisque qu’entre-temps nous avons perdu des usines et des capacités de production que, pour l’essentiel, nous ne retrouverons pas.
3/ Une BCE qui intervient massivement avec un QE sans précédent et théoriquement de 1 000 milliards d’euros et qui vient assurer et rassurer en particulier le secteur financier sur les risques d’insolvabilité.
4/ Un environnement de taux bas jamais connu dans l’histoire économique européenne puisque les taux n’ont jamais été aussi faibles. L’argent n’a plus de prix, l’argent ne vaut plus rien.
Il devrait y avoir une croissance forte
Avec ces 4 éléments, la croissance européenne dans un monde économique normal devrait être absolument époustouflante, pourtant elle est au mieux plus que poussive au pire presque inexistante et ne repose fondamentalement que sur des dettes. Soyons sérieux. Dire que l’on a réussi à faire 1 euro de croissance en omettant de dire que cet euro de croissance a été obtenu en créant 3 euros de nouvelles dettes est purement et simplement mensonger.
La réalité c’est que nous avons perdu des capacités de production que nous ne retrouverons pas. La réalité c’est que voir le pétrole baisser c’est bien mais quand l’euro baisse simultanément et que l’on achète notre pétrole en dollar cela vient annuler la baisse du pétrole, raison pour laquelle le prix de votre gasoil ou de votre super est nettement remonté.
La réalité c’est qu’en revanche les rentrées fiscales baissent et que l’État va devoir trouver plus de sous et que l’État a recours à des habillages comptables qui permettent des effets d’annonces mais qui ne changent rien à notre stock de dettes qui monte inexorablement.
La réalité c’est que la « productivité » c’est comme la théorie d’Einstein. C’est relatif. Si nous gagnons 10 de compétitivité mais que la voisin gagne 20, vous pouvez vous taper sur le ventre pour ce grand succès, la réalité c’est que votre compétitivité se sera en réalité dégradée de 10…
La réalité c’est que cette pseudo « reprise » ne pourra jamais devenir une croissance forte, durable et autonome car elle est, hélas, fondée uniquement sur des taux bas et qui, en Europe, ont en plus la particularité d’être négatifs, ce qui veut dire que les investisseurs redoutent une explosion de la monnaie unique, l’euro, à juste titre.
La réalité c’est que cette reprise qui ne sera jamais une croissance repose sur la création de plus de dette que de création de richesses, ce qui est une aberration économique en soi évidemment.
Plus grave encore, la réalité c’est que si la croissance devait être très forte et durable, l’augmentation du prix du pétrole serait telle que les prix de l’énergie viendraient fracasser tout net cette croissance forte.
Il ne peut pas y avoir de croissance non plus parce que nous sommes entrés en pleine déflation démographique et quand la population baisse, la quantité de monnaie totale doit baisser pour que la quantité de monnaie par tête de pipe reste la même. Il ne peut pas y avoir de baisse de la population mondiale avec une croissance économique forte et c’est exactement cela que nous montre l’exemple du Japon.
Enfin, je ne vous parlerai pas des progrès de la productivité qui sont tels que toute la génération des baby-boomers actuellement en train de partir à la retraite n’a même pas besoin d’être remplacée. Les entreprises ont conservé le personnel. Elles encaissent leurs gains de productivité maintenant.
Je ne vous parlerai pas non plus du progrès des ordinateurs et des alogorythmes capables de prendre les décisions d’un patron. Je ne vous parlerai pas non plus des progrès de la robotique qui rend l’homme obsolète et notre vision de l’économie reposant sur une répartition de la richesse créée via le travail totalement dépassée.
Il ne peut donc pas y avoir de croissance économique saine car, pour le moment, les conditions d’une telle croissance ne sont pas réunies. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de solution mais, pour le moment, les solutions n’ont pas été conceptualisées et encore moins mises en œuvre.
La conclusion c’est que vous devez impérativement profiter de ces moments de répit pour vous préparer et organiser au mieux et votre vie et votre patrimoine car au bout du compte, comme le disait Warren Buffet, c’est lorsque la mer se retire que l’on voit qui est tout nu…
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)
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2 commentaires sur “« C’est à nouveau la reprise en Europe. Faut-il y croire cette fois ? »”
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