Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Bon objectivement ce fût un week-end assez calme sur le front des nouvelles économiques et de la «mère de toutes les crises». Rien de bien dramatique à se mettre sous la dent et même pas un Depardieu faisant une lettre ouverte dans le JDD.
Mais pourtant ce week-end on ne s’est pas embêté du tout pour autant. Ben oui, il y a cette fameuse affaire Findus, vous savez, les plats surgelés. Vous ne pouvez pas l’ignorer. Même moi du fin fonds de ma maison de campagne j’en ai entendu parler. Il faut dire j’ai encore un poste de TSF qui fonctionne (la télé n’est pas encore arrivée jusque-là). A la radio on ne parlait que de ça. L’Affaire Findus, le Scandale Findus.
Entre deux grésillements, j’ai réussi à capter quelques bribes d’informations. Tout d’abord vu l’ampleur du traitement consacré au sujet je me suis dit que cela ressemblait à une catastrophe nationale et qu’il avait dû y avoir de nombreux morts, des blessés, des victimes par centaines.
Finalement j’ai réussi à comprendre que les victimes c’était juste des consommateurs trompés à qui on avait fait prendre des vessies pour des lanternes à savoir de la viande de cheval pour de la viande de bœuf.
Je me suis quand même senti soulagé de savoir que ces milliers de victimes n’étaient pas mortes, qu’elles avaient juste mangé une viande qu’elles ne pensaient pas avoir mangé, le tout sans rien avoir remarqué bien évidemment aussi bien en terme sanitaire que gustatif….
Non, non, non, je ne râle pas pour rien, et je ne nie pas la souffrance profonde qu’éprouvent ces milliers de gens qui ont mangé du cheval malgré eux.
Avant d’aller plus loin dans mes explications, je dois vous avouer que j’aime manger de la viande de cheval. Le cheval moins cher que le bœuf, surtout quand en plus il vient de Roumanie (ceci expliquant sans doute cela) est une viande bien meilleure que le bœuf. Beaucoup plus tendre, un goût très légèrement plus fort sans que cela ne soit écœurant, beaucoup moins grasse que le bœuf et malgré tout cette tendresse qui fait se déliter délicatement la viande sous la lame de votre couteau. Un véritable régal !
Alors forcément, j’ai du mal à plaindre les gens qui mangent cette viande exquise.
Bon cela dit, c’est encore une fois une histoire d’appât du gain. Comme il faut augmenter les profit de 20% par an tous les ans et que les grands chefs vous expliquent que si ce n’est pas le cas vous serez virés et qu’ils ne veulent surtout pas savoir comment vous ferez mais que vous avez intérêt à trouver une solution… et bien vous trouvez une solution.
En Chine ils ont carrément mis des produits toxiques dans les laits infantiles, ou encore de l’huile de vidange dans les huiles alimentaires (mais pas en Chine cette fois, chez nous en Europe).
Alors franchement je trouve la solution du type à l’origine des lasagnes à la viande de cheval plutôt élégante.
Il devait augmenter les bénéfices de 20%. Il a réussi à le faire sans tuer personne et en faisant manger une viande moins grasse ce qui est ma foi conforme au slogan « manger et bouger.fr sinon vous deviendrez gros, gras et obèses jusqu’à ce que mort s’en suive dans des douleurs horribles ».
Finalement, j’ai envie de plaindre à l’avance ce pauvre futur Kerviel des lasagnes surgelées… Un lampiste qui va lamper alors que tout le système devient de plus en plus vérolé par cette volonté extrême de l’appât du gain.
Il ne faut pas vous imaginer que les industriels nous veulent du bien. Ils veulent notre argent en échange d’un produit plus ou moins minable leur servant d’alibi pour nous faire les poches.
Si c’est la définition même du commerce il est d’usage dans notre monde, enfin théoriquement, d’essayer de ne pas tuer son client tout de suite sinon cela risque de nuire au chiffre d’affaires de demain (la moralité ne rentrant plus en ligne de compte).
Des banques, aux industriels, du secteur alimentaire au secteur médical, partout l’argent roi fait les mêmes ravages et ces derniers se terminent souvent par des morts !
Je peux également vous prédire que cela ne fera qu’empirer au fur et à mesure ou la crise s’aggrave et qu’il faudra bien trouver de nouvelles sources de gains.
Notre système économique est dévoyé, et sans éthique son « couple » couts/bénéfices ne peut que poursuivre sa dégradation jusqu’au moment où ce système nuira au plus grand nombre, au lieu de faire profiter de ses bienfaits au plus grand nombre.
Comme en bourse, les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Si le capitalismes modéré et régulé a su apporter la richesse matérielle au plus grand nombre, le néo-libéralisme actuel abouti à l’exact contraire…
Bon vous allez voir, ce week-end est un week-end 30 millions d’amis… après les chevaux réduits en lasagne sauce bolo, les chiens sont sur le devant de la scène en Italie.
Italie. Les chiens, maîtres de la campagne électorale ?
C’est un article du Télégramme qui nous l’apprend. Silvio (Berlusconi) et Mario (Monti) n’ont pas grand-chose à proposer aux électeurs italiens à part un poil plus d’impôts, un peu plus d’austérité, un peu moins d’espèce et de travail au noir, beaucoup plus de chômage et beaucoup moins d’activité puisqu’il faut bien continuer à sauver les banques (la Monte Paschi la semaine dernière).
Alors le silvio qui n’en est plus à une pitrerie près pour attendrir l’électeur moyen est allé adopter une petite chienne de deux mois issue d’un élevage saisi et plus ou moins clandestin de chiens de laboratoire… Rassurez-vous, ces chiens étaient juste torturés ou presque pour que l’on puisse se mettre quelques crèmes inutiles et sans aucun effet mais au moins à peu près hypoallergéniques. Oui j’ai dit rassurez-vous car vous auriez très bien pu retrouver de la viande de chien dans vos lasagnes sauce bolo…. Enfin ça ce sera pour permettre les futurs bénéfices dans deux ou trois ans…. Mais on y arrivera.
Pour ne pas laisser le champ libre à Silvio, Mario a décidé de réagir en adoptant une petite chienne blanche de 4 mois d’âge…
Pendant ce temps l’Europe s’enfonce dans la récession, l’Italie on en parle pas, l’Espagne est en plein naufrage quant à la Grèce elle a déjà coulé, pour elle il faut utiliser le terme « renflouer »…
Heureusement le bas peuple pourra voter en choisissant le chien le plus sympa entre les deux candidats…
De l’autre côté de la planète, nous avons fait de gros progrès dans la guerre des monnaies et l’hyperinflation.
Le Venezuela ouvre la porte à l’hyper-inflation en dévaluant le bolívar d’un tiers
C’est le titre d’un article de la Tribune. C’est un titre très objectif car lorsque les Etats-Unis, le Japon ou le Royaume-Uni jouent avec leurs monnaies en la faisant baisser, cela ne pose aucun problème. C’est normal et tout va bien.
Mais lorsque le ministre des Finances vénézuélien, Jorge Giordani, annonce une dévaluation du bolívar (la monnaie du Venezuela) de près de 32%, passant de 4.30 à 6.30 bolívars pour un dollar cela devrait entrainer logiquement une hyperinflation à laquelle Hugo Chavez ouvre donc la porte.
Du coup je me pose une question très naïve
Pourquoi quand on baisse une monnaie d’Amérique du Sud cela donne de l’inflation, mais que lorsque l’on baisse une monnaie occidentale il n’y a pas d’inflation… enfin pas officielle, car tout le monde voit bien les augmentations de prix et la stagnation des salaires. Mais c’est un autre sujet.
Mon passage préféré dans l’article de la Tribune c’est celui-là. Je cite : « bien que les conséquences à moyen et long terme de cette dévaluation soient difficiles à prévoir, cette décision montre tout l’intérêt pour les investisseurs de mieux prendre en compte la gestion du risque politique qui est souvent trop négligée au niveau de la stratégie d’entreprise alors que ce risque peut avoir un impact démesuré lorsqu’il se réalise. D’où l’intérêt certainement de lire ou relire l’ouvrage de Ian Bremmer, The Fat Tail, sur le sujet ».
Ou comment les capitalistes sont en train de découvrir que finalement, ce sont les décisions politiques qui s’imposent à l’économique et pas l’inverse.
Pour le moment nos gouvernants ont décidé d’abdiquer leur pouvoir au profit des puissances économiques. A force de scandales, viendra un jour ou les peuples diront NON. Ce jour-là, de nouveaux politiques remettront au cœur de leur action le bien commun contre le bénéfice privé. Ce jour n’est pas encore là… mais à force de lasagnes aux chiens hachés… ce jour-là approche.
Charles SANNAT
Un article du Figaro consacré aux lasagnes surgelées au cheval haché!
Un article du Télégramme et les chiens de la campagne électorale italienne
Un article de la Tribune sur la dévaluation du Bolivar