PARIS, 20 mars — Le nouveau ministre français chargé du Budget, Bernard Cazeneuve, a estimé mercredi que le rejet par le Parlement chypriote du projet de taxation des comptes de dépôts hébergés dans le pays ne menaçait pas « la stabilité de la zone euro », indiquant que Chypre devra renégocier avec ses créanciers.
« Je ne crois pas que (ce rejet) menace la stabilité de la zone euro », a déclaré mercredi matin sur RTL M. Cazeneuve, nommé la veille à la tête du ministère du Budget suite à la démission de son prédécesseur Jérôme Cahuzac.
« Beaucoup de mesures ont été prises pour assurer la stabilité de la zone euro qui sont des mesures structurelles », ce qui « permettra d’ éviter que les errements spéculatifs d’ hier ne se reproduisent », a-t-il expliqué.
« Il faut renégocier avec la troïka (UE-BCE-FMI), donc la troïka va de nouveau engager la discussion avec Chypre », a ajouté le ministre délégué, rappelant que le pays a besoin de 17 milliards d’euros pour faire face à sa dette, soit « 100% du produit intérieur brut (PIB) » chypriote, et que » le système bancaire à Chypre a un niveau de dépôt qui représente 5 à 6 fois le PIB du pays ».
« Par conséquent, il fallait intervenir dans une situation très particulière avec des banques qui ne sont pas parmi les plus transparentes du monde, qui accueillent 45 % de non résidents qui sont, pour une grande partie d’entre eux, des Oligarques russes », a-t-il estimé.
Pour sa part, la porte-parole du gouvernement français, Najat Vallaud-Belkacem, a déclaré mercredi à l’ issue du Conseil des ministres que la méthode adoptée par le gouvernement chypriote pour obtenir un prêt était « une erreur ».
« L’histoire montre que oui, que présenter le projet comme l’ont fait les autorités chypriotes était une erreur », a fait valoir Mme Vallaud-Belkacem devant la presse.
Le gouvernement chypriote avait accepté le week-end dernier un plan de sauvetage en vertu duquel le pays devait recevoir une aide de 10 milliards d’euros contre une taxation des dépôts bancaires des épargnants du pays.
Ce plan, qui avait suscité l’ indignation de la population du pays, a finalement été rejeté mardi par le Parlement chypriote. A l’annonce du rejet, des milliers de manifestants qui s’ étaient massés devant le Parlement ont laissé exploser leur joie.
Agence de Presse Xinhua