Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Il est gentil notre petit père des peuples, notre souverain François Hollande. Il est gentil, il est sympa, il passe bien à la télé, d’ailleurs il y passe tous les jours ou presque… Un peu sur le même rythme que Sarkoléon en son temps. On se demande avec tous ses déplacements quand est-ce qu’ils ont le temps de se plonger tranquillement dans un dossier sérieux dans le calme et la concentration. Il y a des sujets importants, comme je ne sais pas moi… l’économie par exemple.
Enfin, franchement, vous ne pourrez pas ne pas être d’accord avec moi. François, c’est un mec normal, pétri de bons sentiments gnangnan et sa dernière idée, enfin, je ne crois pas que ce soit lui qui ait eu l’idée mais ses communicants, et comme François court tout le temps, il n’a plus le temps de réfléchir et de prendre le recul sur les conneries que d’autres lui font dire. Il est loin le temps d’un autre François qui faisait la sieste, se déplaçait peu, et revendiquait qu’il fallait laisser le temps au temps… C’était un autre temps il est vrai.
Donc les communicants de François ont décidé qu’il fallait que François combatte le pessimisme des Français.
L’idée me plaît bien. C’est vrai ça, moi, en tant que contrarien, je suis naturellement et génétiquement pessimiste. Si le gouvernement combat mon pessimisme, disons-le, c’est ma femme qui va être contente. Des fois, je la plombe un peu avec toutes mes bonnes nouvelles et les totems de boîtes de raviolis dans le salon comme déco vintage… au cas où…
Voilà, donc François, quand il est passé au télécran le 14 juillet, il nous a annoncé que des bonnes nouvelles, le tout sous un soleil radieux et des températures estivales qui, elles, remontent vraiment le moral (la lumière c’est très important pour l’être humain, la grisaille, y a pas à dire, ça déprime).
Les zimpôts ? Dans l’idéal, le moins possible !
Alors concernant vos zimpôts, peut-être bien qu’ils augmenteront mais rien de grave et le moins possible, juste ce qui sera nécessaire. Vous savez un peu en Grèce ou au Portugal, ou encore comme en Italie ou en Espagne… juste un petit poil en plus, ne vous inquiétez pas. Ce sera juste et équitablement réparti, tout le monde fera des efforts. Il y aura bien des cas particuliers, comme par exemple son ennemi la finance qui va échapper à la taxe sur les transactions financières puisque son excellence le mamamouchi Moscou-Vichy trouve que le projet européen va un peu trop loin… Pour une fois que l’Europe libérale veut taxer les banques… Passons, sinon ma femme va encore devoir se ruer vers moi avec les pilules de Prozac (marque déposée) afin de juguler une crise d’énervement incontrôlable.
Enfin, c’était drôle son sketch sur les zimpôts qui augmenteront juste de ce qu’il faut et le moins possible, mais pas aussi hilarant que le coup de la reprise qui est de retour !!
Oui, les communicants et les conseillers de François lui ont expliqué semble-t-il que la crôassance était de retour, que c’était la reprise (ils lui avaient déjà dit que la crise était finie).
La reprise (des chaussettes), c’est maintenant !
Alors not’pauv’ François, seul dans sa papamobile couleur kaki descendant les Champs-Elysées sous les sifflets et les huées d’un peuple venu en masse pour voir défiler les militaires (pas pour siffler le mamamouchi en chef), a réussi à atteindre la Tribune en un seul morceau pour entendre les cœurs de l’armée (pas rouge) chanter « Paris est en colère », suivi du « Chant des partisans »… C’est ce que l’on appelle le coup de pied au cul de l’âne, comme me le disait mon grand-père.
Droit comme un « i » et pas très joyeux, il a donc joué sa partition du coup de la reprise et des bonnes nouvelles lors de son intervention, ne semblant toujours pas avoir compris ce qui est en train de se tramer derrière son dos, à savoir dans le meilleur des cas qu’il va finir par se retrouver à la tête d’un système où plus aucun levier ne va répondre aux instructions du Palais.
Bref, pour en revenir à nos moutons (bientôt définitivement tondus, mais juste ce qu’il faut et pas plus que nécessaire), François 1er nous a expliqué que la reprise était là. Il a dit très exactement : « La reprise, elle est là. » « Il y a une production industrielle qui repart, a-t-il argué, affirmant que la France est le pays d’Europe où la production industrielle est le plus rapidement repartie » !
Bravo François, tu as bien lu la fiche que l’on t’avait préparé. C’est bizarre quand même parce qu’en ce qui me concerne, la dernière statistique de production industrielle en ma possession indique – 1,1 %…
Haaaaaaaa mais je suis stupide mes zamis, j’avais oublié ! – + – = + ! Pour les pas matheux je traduis : lorsque l’on additionne deux chiffres négatifs, ils additionnent d’où l’expression « moins plus moins égal plus ». C’est de ce principe mathématique bien connu que l’on a pu tirer, sans remettre en cause les fondements théoriques, le principe désormais célèbre de « crôassance négative ». Pour François qui a fait l’Ena et qui donc n’est pas matheux, lorsqu’on lui présente des chiffres négatifs, cela donne en novlangue dans vos télécrans en direct « la reprise de la crôassance négative de la production industrielle est en marche » !
Je dois vous dire autre chose en plus sur notre production industrielle (laissez tomber Montebourde, lui, il se focalise sur les gaz de schiste car il croit avoir gagné au loto). Comme on n’a plus beaucoup d’usines à part celles de l’agroalimentaire pour fabriquer des briquettes de lait, un peu de fromage et tuer quelques poulets (et encore) sans oublier les lasagnes dont il ne vaut mieux pas parler, nous n’avons plus grand-chose et le peu qui reste est en cours de fermeture. Comment voulez-vous que la production industrielle puisse augmenter dans ces conditions ? Impossible, me direz-vous ! Eh bien vous vous trompez ! Nous, en France, on a un joker ! C’est Airbus. Si on vend 2 ou 3 avions de plus ce mois-ci, et ben hop, ça refait passer la progression de la production industrielle dans le vert et François, qui n’est pas au courant de toutes ces subtilités (vu qu’il n’est jamais au bureau pour travailler), doit vraiment penser que la reprise est là.
Comme il était en verve, il a aussi parlé des retraites.
« La réforme est nécessaire, l’espérance de vie s’allonge et il y a un déficit de 20 milliards en 2020 », a rappelé le chef de l’État. « Nous allons allonger progressivement la durée de cotisation, tout le monde fera un effort », a-t-il rappelé, réitérant sa volonté de ne pas allonger l’âge légal de départ à la retraite. « Je ne laisserai pas d’ardoise pour les autres. »
Bon, tout d’abord, à peu près partout dans le monde l’espérance de vie commence à redescendre… En France, c’est le cas mais on a inventé un super concept novlangue bien faux cul comme il faut. Vous connaissez les crétineries de la météo avec les températures ressenties ? Le truc qui rime à rien ! S’il fait -30° c’est qu’il fait -30°, c’est même pour cela que l’on a inventé la mesure et le thermomètre. Mais comme ce n’est pas assez spectaculaire, on nous a imaginé, pour nous, la température ressentie… Un -30° devient un bon gros -50° et là… le télécran peut tourner en boucle sur un sujet sans enjeux mais qui fera parler le petit peuple à la machine à café.
Bref, pour les vieux et l’espérance de vie, vous avez désormais le même système. Il y a l’espérance de vie tout court et l’espérance de vie en bonne santé… Elle, elle baisse dramatiquement, mais pas l’espérance de vie tout court puisqu’on a encore les moyens de payer des sommes folles pour maintenir artificiellement en moins mauvaise forme possible nos zaînés. Comme cela ne va pas durer, vu que l’on a comme qui dirait de légers problèmes de financements…
Bref, comme François est un peu faux cul sur les bords et sans courage, il tourne ses phrases de telle façon à ce que vous pensiez que vous n’allez pas vous faire supprimer la retraite, car « je ne toucherai pas à l’âge légal du départ en retraite » (pourquoi pas) mais comme il rallonge la durée de cotisation, si vous partez avant 75 ans, pô de retraite ou très, très faible… Mais il est fort, très fort dans la maîtrise des mots. Pour les maux, les vrais, hélas, les mots ne sont que d’une faible utilité.
Cela veut donc dire que le montant des pensions va se réduire comme peau de chagrin, surtout s' »il ne veut pas laisser d’ardoise pour les zautres », dans ce cas, il va falloir raboter tout ça de 20 milliards d’euros d’ici 2020, c’est-à-dire sur les 6 prochaines années. Je vous annonce que cela va piquer et que vous allez avoir mal.
Voilà en résumé l’intervention du petit père des peuples François Normal 1er pour qui la reprise c’est maintenant, et la crise est finie.
François, s’il te plaît, prends le temps de réfléchir avant de dire ce que tes conseillers t’ont dit de dire… Ils te racontent que des conneries, rentre au Palais, bosse tes dossiers et arrête de nous prendre pour des cons, car plus les choses avancent et plus personne ne te croit… Mais j’ai bien compris que le nouveau mantra de la communication c’était : « c’est juste », et « il faut combattre le pessimisme »… Pourquoi notre Président va-t-il se fourvoyer dans de tel mensonges et de telles inepties qui ne résistent pas cinq minutes aux faits? Je ne comprends toujours pas!
« Toute politique qui ne donne pas à rêver est vouée à l’échec. » La seule façon de combattre le pessimisme François, c’est de donner une vision à ton peuple de l’avenir et de fixer un cap à atteindre collectivement pour laisser à nos enfants un monde moins mauvais. Mais de cela, il n’est point question.
Charles SANNAT
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