C’est Patrick Artus, directeur de la recherche économique chez Natixis, qui vient de livrer une étude sur les différentes façons de baisser la dette, en d’autres termes de ne pas la rembourser.
De plus en plus de voix s’élèvent pour demander un moratoire sur la dette publique. Tout cela finira par de la monétisation et de l’hyperinflation.
« Si les niveaux des taux d’endettement publics des pays de la zone euro deviennent insupportablement élevés et menacent durablement la croissance, il peut devenir nécessaire de réduire les dettes publiques.
Il existe alors :
Une méthode « brutale » : faire un haircut sur les dettes, pour la ramener par exemple à 80 % du PIB, ce qui créerait de gros problèmes pour les investisseurs institutionnels et pour les banques (qui perdraient 26 % de leurs fonds propres) générerait une forte perte de richesse (9 % de la richesse financière totale) ;
Une méthode « douce » : faire acheter une quantité importante de dette publique par la BCE et faire annuler cette dette par la BCE.
Il s’agit alors d’une vraie monétisation, avec remplacement de la dette par la monnaie pour le financement de l’État ; les achats de dettes publiques que peut réaliser la BCE aujourd’hui (SMP, OMT) ne réduisent pas le taux d’endettement des pays, puisque la BCE conserve la dette achetée et est remboursée à l’échéance ; ils changent simplement la propriété de la dette publique, des investisseurs privés vers la BCE. Pour passer à un achat-annulation de dette par la BCE, il faut évidemment changer les règles de fonctionnement de la BCE, pour qu’elle puisse perdre son capital en annulant des dettes détenues sans devoir être recapitalisée par les États de la zone euro, ce qui régénérerait immédiatement la dette publique détruite. »
L’étude de la Recherche Économique de NATIXIS