Je suis pour une liberté d’expression totale même si cela dérange ou même parfois dégoûte, tel n’est pas le problème. Une liberté d’expression limitée n’est plus une liberté, la liberté cela ne se découpe pas en tranche ni ne se limite (en tout cas pour les paroles, pour les actes c’est évidemment très différent, de même que pour des incitations à la violence). C’est évidemment un débat qui va nous agiter très fortement dans les mois qui viennent et nous aurons l’occasion, je n’en doute pas, d’en parler hélas régulièrement.
Charles SANNAT
BEIJING, 15 janvier (Xinhua) – Bien que le magazine satirique français Charlie Hebdo soit réapparu dans les kiosques à journaux, un débat houleux se poursuit à travers le monde sur les causes de l’épouvantable attaque terroriste survenue la semaine dernière contre ses bureaux.
Le carnage du 7 janvier à Paris, le premier et le plus meurtrier d’une série d’épisodes dramatiques qui ont causé 17 décès, en plus des trois extrémistes meurtriers, est déplorable et inexcusable. Aucun motif que ce soit, qu’il soit religieux ou moral, ne saurait justifier des crimes aussi odieux.
La réflexion, bien sûr, ne devrait pas s’arrêter là. Afin de s’assurer que les 17 personnes n’ont pas péri en vain, une introspection est nécessaire et même indispensable, en particulier en Occident, où le sentiment de suprématie et même le chauvinisme ne sont pas difficiles à trouver.
En plus de la guerre contre le terrorisme, le choc des civilisations, la radicalisation islamique, la fracture sociale et bien d’autres sujets, les libertés d’expression et de la presse ont sans surprise été soulevées dans les discussions à travers le monde.
Pour plusieurs, l’assaut contre Charlie Hebdo en a également été un contre la liberté d’expression, et les assaillants tentaient de réprimer la presse libre en massacrant des caricaturistes. Le raisonnement est simple : malgré la controverse qui l’entoure, le magazine fait partie de la communauté de la presse, et a été attaqué en raison de ce qu’il a publié.
C’est un argument solide. Et dans la période de choc et de confusion que nous traversons, tous les membres de la communauté internationale doivent s’exprimer ensemble, clairement et à voix haute, pour s’opposer à toute forme d’agression contre la liberté d’expression, notamment à celles qui prennent la forme de meurtres barbares de journalistes.
Cependant, le problème est plus compliqué. Bien que les articles proclamant les libertés d’expression et de la presse dans la Constitution ne contiennent pas de « mais », il y en a toujours un sous-entendu.
Les mots ont des conséquences, et dans plusieurs cas, ce que l’on dit ne peut pas être justifié par la liberté d’expression. Par exemple, dans la plupart des pays, crier qu’il y a une bombe à bord d’un avion constitue un crime, tout comme « Heil Hitler! » dans un lieu public dans de nombreux pays européens. Certaines appellations sont réputées pour être hautement inappropriées dans de nombreuses sociétés.
Cette facette de l’expression est particulièrement vraie dans la communication de masse, étant donné son caractère public. Alors que la presse devrait être encouragée à être diversifiée de manière à répondre aux différents besoins du grand public, tous les médias endossent la responsabilité intrinsèque de promouvoir le bien-être général de l’humanité.
Un reportage inutilement offensant qui ne fait qu’aggraver l’incompréhension entre les cultures et exacerber la méfiance entre les civilisations ne contribue en rien au bien-être de l’humanité, et se situe donc sous toutes ses formes du mauvais côté du seuil tolérable.
Ceci étant dit, une prudence de base de la part d’orateurs et de la presse est essentielle. D’entrée de jeu, il est facile de prévoir qu’une caricature provocatrice du prophète Mahomet ne fera qu’alimenter ce qui est décrit comme la radicalisation islamiste, une tendance dangereuse que plusieurs en Occident incluent dans les liens de causalité du massacre de Paris.
Ainsi, en ce qui concerne la liberté d’expression, le bain de sang à Charlie Hebdo doit servir d’ordre de mobilisation pour la défendre, en gardant en tête qu’il ne faut ni la réprimer, ni en abuser.
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