La position de l’élite politique occidentale sur la réunification de la Crimée et de la Russie est empreinte de double standard, une attitude qui sert les intérêts des USA mais ne profite en rien à l’UE, considèrent des experts français et suisse interrogés par RIA Novosti.
Évoquant ce « deux poids deux mesures », François Asselineau, président du parti politique Union populaire républicaine (UPR), parle d’une ironie de l’histoire, rappelant que lorsque le chef de la diplomatie américaine actuel John Kerry occupait le poste de président de la commission des Affaires étrangères du Sénat US, il avait soutenu le référendum au Sud-Soudan.
« Il est allé soutenir le référendum en disant que c’est formidable, que c’était la diplomatie (…) alors qu’il s’agissait d’un référendum limité à une petite région du Soudan et maintenant, trois ans après, qu’il est le secrétaire d’État, il s’indigne, se scandalise de l’organisation d’un référendum en Crimée qui est exactement de la même chose », a indiqué l’homme politique français avant d’ajouter que les exemples étaient nombreux.
Charles Sannat, directeur économique du site AuCOFFRE.com, partage son avis : « Aujourd’hui, on transforme la réalité, on explique que le référendum qui a été fait en Crimée (…) est illégal, tandis que le droit à l’auto-identification des peuples existe. Le résultat du vote est incontestable : la Crimée souhaite se rattacher à la Russie et nous, en France, nous sommes en train de défendre un pouvoir qui est issu d’un coup d’État, et que le président Obama a qualifié lors d’une conférence de presse de gouvernement légitime et élu. »
D’après M. Sannat, la France a été entraînée par ses élites politiques dans un « schéma de propagande » antirusse ou plutôt américanophile.
Pour comprendre ce qui se passe actuellement en Ukraine et dans le monde en général, François Asselineau propose de se souvenir de l’histoire : à l’issue des trois Conférences qui ont suivi à la Seconde Guerre mondiale, « l’Europe a été partagée entre l’URSS et les États-Unis comme zones d’influence », rappelle-t-il.
De son côté, « Joseph Staline a organisé des coups d’État dans les pays de l’est européen pour y placer des régimes communistes. Du côté occidental, ce n’était pas aussi facile que ça car les Etats-Unis prétendaient être un pays démocratique. (…) Washington a lancé la construction européenne à partir de 1950 ».
Au moment où l’Union soviétique s’est effondrée, l’OTAN devait perdre sa raison d’être, tel était l’avis du le général De Gaulle. Mais c’est le contraire qui s’est produit. Washington a lancé deux projets en même temps : l’OTAN d’une part et l’UE de l’autre, souligne M.Asselineau.
« Il s’agit d’une entreprise de domination géopolitique. Le programme se poursuit et le projet américain est de faire entrer maintenant l’Ukraine dans l’UE et dans l’OTAN. (…) Les États-Unis veulent refouler au plus profond du continent eurasiatique la puissance russe. » Quant aux Français, ils sont les jouets de toutes ces opérations, considère-t-il.
« Du côté occidental, on s’est efforcé depuis vingt ans de gagner, de conquérir, d’annexer idéologiquement, économiquement et militairement, essentiellement en soutenant le nationalisme, ceux des nationalismes qui étaient pro-occidentaux contre des identités qui étaient anti-occidentales », note de son côté Slobodan Despot, écrivain et éditeur suisse.
La position des pays de l’UE sur la question s’expliquerait par la méconnaissance de la réalité sur le terrain.
« Je pense que la France et les pays occidentaux, et notamment l’Europe, ne bénéficient pas d’une information objective sur la situation réelle d’une part de la Russie mais aussi de l’Ukraine. Je pense que beaucoup de gens n’ont pas tout à fait intérêt à ce que l’on prenne la mesure de ce qui se passe réellement », précise Christian Cambon, sénateur-maire de Saint-Maurice.
D’après ce dernier, l’Europe reste marquée par l’image que les Américains ont imprimée à la Russie, alors que les temps ont changé et que l’Union soviétique a donné naissance à un autre pays.
Charles Sannat ajoute de son côté que les médias jouent un rôle important dans la formation de cette image erronée. On « crée un ennemi de toute pièce, on le dépeint d’une manière absolument horrible, on fait monter progressivement le ressentiment ».
Selon lui, les Français commencent à se rendre compte que les choses sont beaucoup plus complexes que la formule « Vladimir Poutine le méchant d’une part et nous, les gentils, de l’autre ».
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