Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Vous savez à quel point je « m’amuse » avec la dialectique officielle qui consiste à nous expliquer que nous, en France, nous ne faisons pas d’austérité. Nous, en France, ce n’est pas pareil. D’ailleurs, il y a, comme vous le savez, une « exception » française. Cette exception remonte à la ligne Maginot censée nous protéger de toute invasion germanique, puis, dans cette bonne tradition, nous avons eu droit au nuage radioactif de Tchernobyl qui s’est promené partout en Europe sauf en France, il faut dire nous avons une exception radioactive, puis avec la grande crise économique qui a commencé en 2007, nous avons eu droit à un festival « d’exceptions » françaises. Nous ne sommes pas comme les Grecs, encore moins comme les Chypriotes, les Italiens resteront toujours des Italiens, les Espagnols des mangeurs de tortillas, et les Portugais de brandade de morue (plat excellent au demeurant). Bref, eux c’est eux et nous c’est nous, et nous, c’est bien connu, nous ne risquons rien derrière notre ligne Maginot économique, avec notre système de protection social qui est le plus beau et le meilleur du monde et qui durera jusqu’à la fin des temps… Le problème étant que la fin des temps approche.
Alors je m’insurge contre cette idée qui consiste à faire croire aux Français que cette fois-ci, pour eux, ce sera différent, car non, cela sera pareil. Avec le délais négocié auprès de Bruxelles pour atteindre, grâce à une « trajectoire » savamment calculée par des mamamouchis totalement dépassés, le retour à l’équilibre budgétaire, la seule chose qui change, c’est le temps de la dégradation.
La seule politique actuelle, et elle est menée partout à travers l’Europe quelle que soit la couleur politique des dirigeants en place, c’est faire de l’austérité progressive, une lente déliquescence où chaque mois qui passe vous voyez des avantages disparaître, des acquis sociaux « réformés », des médicaments déremboursés… Mais comme tout cela est progressif, finalement cela en devient moins visible mais au bout du chemin, nous serons devenus grecs, chypriotes ou portugais.
Sauver une monnaie technocratique qui ne fonctionne pas coûte 69 milliards d’euros aux Français !
« Dans le pacte de stabilité qui va être transmis à Bruxelles, Bercy explique que les mesures prises pour aider les pays en difficulté de la zone euro pèseront pour 68,7 milliards d’euros d’ici à 2015. Ce montant devrait toutefois constituer un plafond. » C’est par ces lignes que commence l’article de BFM TV qui n’est pas à proprement parler une chaîne « gôchiste ».
Ce qu’il faut retenir de tout ça est assez simple. D’un côté, notre pays est très endetté, environ 2 000 milliards d’euros de dette sur lesquels il convient de payer des intérêts qui se montent environ à 50 milliards d’euros par an, alors que nous vivons une époque formidable où les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas de l’histoire économique.
De l’autre côté, il faut également aider à renflouer les autres pays carrément en faillite pour tenter désespérément de sauver le rêve de la monnaie unique, pour un coût minimum car, en réalité, il sera beaucoup plus élevé d’environ 70 milliards d’euros.
Une fois que vous avez conscience des sommes à trouver, ce n’est pas 2 milliards d’euros qu’il faut trouver chaque année en rabotant les allocations familiales par exemple. NON, c’est en réalité des dizaines de milliards d’euros supplémentaires qu’il faudra trouver chaque année.
Alors je peux vous l’annoncer sans me tromper, vous n’avez encore rien vu de l’austérité. Regardez le Portugal, c’est un excellent exemple (en plus des autres pays européens en plein effondrement) de ce qui va à tous nous arriver.
Régulièrement, je vous transmets des informations sur ce qu’il se passe en Grèce, comme les enfants malnutris et qui pour manger fouillent dans les poubelles, les soins importants qui ne sont plus accessibles si vous ne pouvez pas payer un chirurgien en pièces d’or, ou encore 60 % des Grecs qui font tout pour se recaser dans les campagnes où la faim est moins prégnante (vive les poulaillers).
Au Portugal, les fonctionnaires mis au régime sec
Ce premier article est de la Dépêche du Midi et nous apprend que « le Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho, a de nouveau misé sur la rigueur pour rentrer dans les clous. Afin d’économiser 4,8 milliards d’euros d’ici 2015, il préconise de supprimer 30 000 postes dans l’administration publique, de reporter d’un an l’âge de départ à la retraite à taux plein et de faire travailler les fonctionnaires quarante heures par semaine au lieu de trente-cinq, comme dans le privé ».
Tout ça pour économiser « que » 4,8 milliards d’euros d’ici 2015, alors je vous laisser imaginer ce qui va se passer chez nous mais rassurez-vous, il y a l’exception française de la trajectoire gouvernementale. Vous lirez le reste de l’article si le cœur vous en dit, mais pour bien commencer la semaine, vous pouvez aussi vous contenter de ce petit résumé…
Parce que le deuxième article va bien vous plomber le moral…
Au Portugal, dépenser moins pour vivre moins
C’est un article parfaitement sérieux de Courrier International, qui nous explique que finalement dépenser 50 000 euros dans une chimiothérapie pour faire gagner quelques mois de vie supplémentaires, ce n’est pas une bonne dépense. Alors braves malades, si vous pouviez avoir la décence de mourir vite et bien, comme l’a demandé à sa population il y a quelques mois le ministre japonais des Finances, vous feriez du bien justement aux finances de vos États respectifs. Soyez citoyens ! Mourez vite et sans soins.
« Le Conseil national d’éthique suggère de rationner l’accès aux soins pour le traitement de certaines maladies. »
Pour le Conseil national d’éthique, « l’État portugais peut et doit rationner l’accès aux médicaments les plus chers pour le traitement des cancers, du sida et de la polyarthrite rhumatoïde. Le médecin qui dirige cette institution prétend qu’il s’agit d’une lutte contre le gaspillage et l’inefficacité, qui est considérable en matière de santé (…) Un combat non seulement légitime mais aussi souhaitable. Il va jusqu’à dire que dépenser 50 000 euros pour survivre deux mois de plus ne peut se justifier ».
Alors certains trouvent cela choquant, comme ce médecin qui répond « vous me direz que l’on a plus les moyens et vous me demanderez qui je choisirais entre deux malades aux diagnostics et aux pronostics différents… Le problème n’est pas le coût des thérapies, mais l’argent qui aurait dû exister pour les payer et qui est canalisé pour d’autres profits ».
Car oui… où passe l’argent qui aurait dû exister pour se soigner ? Ce qui ne nous exonère pas d’une bonne gestion des soins et de la dépense publique bien entendu. Peut-être que vous pourrez trouver un début de réponse dans le début de cet édito où l’on voit bien qu’il faut payer les intérêts de la dette et aussi, en ce qui nous concerne… le sauvetage (en tout cas en partie) du Portugal.
Là, normalement, à ce stade, vous vous dites oh là là, qu’est-ce qu’il me réserve pour la suite. J’espère qu’il va me trouver un truc optimiste, parce que finalement, je vais faire comme tous mes copains non contrariens. Je vais creuser un trou, enfoncer la tête dedans et lever mon postérieur. Certes, je sais qu’en faisant l’autruche je prendrai un bon coup de pied aux fesses, mais en attendant je ne le verrai pas venir.
Mon troisième article va vous achever, je vous l’ai gardé exprès pour la faim… heu pardon pour la fin. Vous allez voir, c’est sympa comme tout.
Les services secrets prédisent l’enfer pour 2030
C’est un article d’amis suisses trouvé dans le Matin, qui lui aussi est un journal parfaitement respectable. Que nous raconte-t-il ?
Les grandes tendances anticipées par le National Intelligence Council (NIC) américain qui vient de publier le rapport Global Trends 2030… en clair où va-t-on d’ici 2030. Alors évidemment, ce sont des tendances, le pire n’est jamais sûr… mais le meilleur non plus, oui le « Prôgrès » va nous sauver, la « Science » va nous libérer et tout le tralala habituel. Mais si ce n’était pas le cas, voici ce qui vous attend (et moi avec).
« Surpopulation, guerre de l’eau, manque de nourriture et épuisement des ressources de la planète, un rapport du National Intelligence Council dresse un constat qui fait froid dans le dos pour les années à venir. »
J’ai trouvé plus pessimiste que moi !! Ça vous rassure ? Je vous livre les meilleurs passages. Gardez-les précieusement, diffusez autour de vous, faites passer (il n’y a pas de droit d’auteur sur mes articles) car il faut que le plus grand nombre comprenne bien la mutation majeure qui est en train de se produire.
« La question de la démographie est cruciale pour l’avenir de la planète. Et la Terre devrait accueillir 8,3 milliards d’habitants en 2030, contre 7,1 aujourd’hui. Mais surtout contre 2,5 milliards en 1950. » Mais tout va bien puisque l’on va arrêter de soigner les Portugais. Vous allez voir à quelle vitesse la population humaine peut descendre…
« Des conséquences d’abord alimentaires. Car la demande en nourriture devrait augmenter de 35 % d’ici 2030. Or, les rendements agricoles, même s’ils continuent de s’améliorer, n’arriveront pas à répondre à la demande et nous vivons déjà sur les réserves selon le rapport du NIC ».
« En outre, les pays émergents sont en train de changer leur régime alimentaire et consomment de plus en plus de viande. Or, la production de viande exige beaucoup d’eau et de céréales également avides de liquides. »
« L’urbanisation croissante a conduit à des réductions drastiques des forêts, des changements négatifs dans le contenu nutritif et la composition microbienne des sols, des altérations dans la diversité des plantes et animaux supérieurs ainsi que des changements dans la disponibilité et la qualité de l’eau douce.»
Et votre lopin de terre ? C’en est où ?
Alors vous faites ce que vous voulez, comme vous le voulez, mais lorsque je vous conseille d’avoir un petit lopin de terre à la campagne avec potager et poulailler, ce n’est pas une lubie de bobo parisien à la recherche de verdure. Lorsque je vous conseille d’avoir quelques pièces d’or, ce n’est pas parce que je travaille pour une société qui effectivement vend de l’or. Je vous conseille cela car votre lopin de terre pourra vous nourrir, vous et votre famille, dans les années qui viennent. Vos pièces d’or vous permettront d’acquérir ce qui vous manque et dans certains cas d’avoir accès à des soins qui, sinon, vous seront refusés. C’est ce qui se passe partout en Europe.
On ne vous en parle pas pour ne pas vous effrayer, car c’est effrayant, mais le monde de demain sera celui-là. C’est pour cela aussi que je vous dis de vous préparer à titre individuel et donc patrimonial à cette nouvelle donne.
L’austérité est en marche, nous entrons dans une ère de rareté et de pauvreté, la bonne question est donc de savoir comment vivre au mieux dans un tel moment, tout le reste n’est que du blabla.
Charles SANNAT
Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com
Lire l’article de courrier international sur l’arrêt des soins médicaux
Lire l’article du Matin suisse concernant les prévision des services américains
Lire un article sur la suppression des fonctionnaires portugais
Un article sur les zallemands pas contents!
Article sur le coût de 70 milliards d’euros pour la France
1 commentaire sur “« Dis papa, dessine-moi une austérité ! »”
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