Le fils d’un riche industriel en savon et en huile demeurant à Salonique, en Macédoine, rappelle ainsi ses souvenirs : « Ma famille a transformé toute sa fortune en souverains avant l’invasion allemande, au cours de l’hiver 1941.
Nous avions au moins 3 000 souverains cachés derrière l’encadrement des portes. À chaque coup de vent, ma mère se précipitait pour voir si l’argent n’était pas tombé.
Dès que les Allemands sont arrivés, ils ont occupé l’usine et, sans ce pécule, nous serions morts de faim. Une fois par an, nous démontions les portes pour prendre l’argent qui nous permettait de vivre.
Bien que nous ne nous en soyons pas rendu compte sur le moment, la majeure partie de nos parents et de nos amis avaient agi de même. Mais mon grand-père, qui avait fait confiance à la monnaie grecque, se retrouva avec des liasses de billets sans valeur, et perdit toute sa fortune. »