Les temps sont durs pour l’industrie. Mardi 5 mars, le groupe japonais Bridgestone annonçait la décision de sa filiale européenne de fermer son usine de pneus de voitures située à Bari, dans le sud de l’Italie. Comment gèrent les différents pays européens touchés par ces fermetures d’usines ? Quel avenir peut être envisageable pour l’industrie européenne ?
266 usines ont fermé et 24 000 emplois ont été détruits en 2012 en France. Triste bilan pour l’industrie française. PSA à Aulnay, Petroplus à Petit-Couronne, et Arcelor Mittal à Florange… la liste est longue. Les fermetures de sites industriels ont augmenté de 42% sur l’année, en France. Mais que se passe-t-il dans le reste de l’Europe ? La France est-elle une exception ?
Etat de santé de l’industrie en Europe
Selon le tableau de bord mensuel de l’activité industrielle daté de janvier publié par la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS), la France et l’Espagne sont les pays dont l’industrie a le plus souffert en décembre. Leur indice PMI (indicateur composite de l’activité manufacturière d’un pays) est de 44,6. Une valeur inférieure à 50 indique une contraction de l’activité d’un secteur. C’est donc un très mauvais signe pour les deux pays.
L’Allemagne n’est pas en reste avec un indice de 46% : « En Allemagne, l’indice PMI a reculé au mois de décembre, suivant le mouvement du PIB qui, d’après les premières estimations, s’est contracté de 0,5 % au quatrième trimestre 2012. Le climat des affaires est morose depuis dix mois. Les perspectives de nouvelles commandes, d’emploi et de production manufacturière sont mauvaises », explique la DGCIS. L’industrie italienne obtient un indice de 46%, un score un peu plus élevé que les pays de la zone euro dans leur ensemble (46,1).
« Après deux mois de baisse sensible, la production manufacturière de l’Union européenne s’est presque stabilisée en novembre (- 0,4 % après – 0,9 % et – 2,2 %) », décrypte la DGCIS. « Elle s’est légèrement accrue en Allemagne et en France, mais a diminué en Italie et surtout en Espagne. Le climat des affaires poursuit en décembre sa lente remontée amorcée le mois précédent. Mais pour chaque pays, il reste très en deçà de sa moyenne de long terme. Le Royaume-Uni fait figure d’exception avec une amélioration sensible et un indicateur passant au-dessus de sa moyenne de longue période. »
Quelques exemples européens
Le groupe japonais Bridgestone annonçait mardi 5 mars la décision de sa filiale européenne de fermer son usine de pneus de voitures située à Bari, dans le sud de l’Italie. Une usine qui emploie 950 salariés. « Le segment des pneus pour les voitures en Union européenne est passé de 300 millions d’unités en 2011 à 261 millions en 2012 (-13%) et aucune reprise de volume au niveau de 2011 n’est prévue avant 2020 », a expliqué le groupe. L’usine de Bari est l’une des huit unités de production de pneus de Bridgestone en Europe. Les autres installations se trouvent en Espagne, en France, en Pologne et en Hongrie.
Jeudi 28 février, Caterpillar, le géant américain de la construction d’engins de génie civil, a de son côté annoncé la suppression de 1600 postes de travail dans son usine de Gosselies, près de Charleroi, en Belgique. Nicolas Polutnik, le patron de Caterpillar Belgique a déclaré qu’il allait falloir « travailler autrement » tout en précisant qu’il n’avait « aucune intention de toucher aux salaires ». « On a des lignes de fabrication qui sont aujourd’hui un peu plus en flux tiré et cela réclame une organisation de travail adapté », a-t-il expliqué.
Autres exemples s’il en était besoin : l’entreprise Boxal Suisse, spécialisée dans la manufacture de pions en aluminium destinés à l’industrie de l’emballage, a annoncé mardi 5 mars qu’elle allait fermer ses portes. La société qui emploie 54 personnes devra les licencier. Et l’entreprise montréalaise Saputoa a annoncé, lundi 25 février, son intention de fermer une usine en Allemagne et une autre au Royaume-Uni. Les usines en question sont celles de Heiden, qui fabrique des fromages italiens pour le marché de détail, et de Newcastle Emlyn, au Pays de Galles, qui produit de la mozzarella pour la restauration.
Quelle politique industrielle pour l’Europe ?
L’Europe et les Etats-Unis s’apprêtent à lancer la négociation du vaste accord de libre-échange souhaité par Barack Obama et les Vingt-Sept au mois de juin 2012, lors d’un sommet euro-américain. La solution serait-elle donc là ? Pour Karel De Gucht, le commissaire européen au commerce « cet accord créera des opportunités pour notre économie, c’est la meilleure façon de relancer la croissance », a-t-il assuré dans un entretien au Monde. « Il serait bizarre de ne pas réfléchir au meilleur moyen d’optimiser le commerce entre les deux rives de l’Atlantique », a-t-il ajouté.
Soutenu par le Royaume-Uni et l’Allemagne ce projet peine à convaincre les Français : « Traditionnellement, la France n’est pas un pays libre-échangiste. C’est vrai quel que soit le gouvernement, de droite ou de gauche », constate-t-il. « Je n’ai jamais vu M. Montebourg, mais ce qui me différencie de lui, c’est qu’il se contente d’une approche défensive, il ne croit pas à nos intérêts offensifs. Il veut tout défendre, de peur de tout perdre. Il s’agit d’un manque de confiance, et c’est une approche vouée à l’échec. »
Avec tous nos remerciements au site Jolpress.com