Enrico Letta a été désigné ce mercredi pour constituer un nouveau gouvernement capable de ramener l’Italie sur le chemin de l’unité. Une figure prudente qui dispose de nombreuses cartes pour remplir cet objectif.
Dans les jours qui viennent, Enrico Letta devrait former un gouvernement, et pourrait accéder au poste de président du Conseil italien.
Europhile, prudent, jeune. Trois adjectifs qui pourraient définir Enrico Letta, celui qui a été choisi par le président italien Giorgio Napolitano pour former un nouveau gouvernement, et tenter ainsi d’extraire l’Italie d’une crise politique qui dure depuis maintenant plusieurs mois.
Une mission délicate pour un homme de compromis : peu connu à l’international, et considéré comme un « jeune » (46 ans) dans le paysage politique européen, le numéro deux du Parti démocrate a pourtant de belles références à son actif.
Entre l’Europe et les ministères italiens
Enrico Letta, né en Toscane, diplômé de droit international à l’université de Pise, fait ses armes à la présidence des Jeunes chrétiens-démocrates européens entre 1991 et 1994.
Mais son parcours politique ne débute réellement qu’aux côtés de Romano Prodi, candidat à la présidence de la République italienne le 19 avril dernier. Avec la victoire de la coalition de centre gauche du « Professore » Prodi, il devient secrétaire général du « comité euro » au ministère du Trésor, poste auquel il renonce rapidement pour la vice-présidence du Parti populaire italien.
Un oncle ex-bras droit de Berlusconi
Après avoir tenu plusieurs ministères, celui qui a fait une partie de ses études à Strasbourg renoue, en 2004, avec des responsabilités européennes… et avec Romano Prodi. Enrico Letta est alors élu député au Parlement européen sous l’étiquette du parti de centre-gauche de Prodi, l’Olivier. Celui-ci finira par le rappeler à ses côtés en 2006 : il est nommé sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil des ministres, et remplace ainsi… son oncle.
Ce rapprochement avec le centre-gauche se fait en dépit de ses relations étroites avec le centre-droit de Silvio Berlusconi. Gianni Letta, cet oncle chassé du gouvernement, reste l’un des plus proches conseillers du Cavaliere, ainsi que son homme de confiance.
Un lien qui peut se révéler encombrant, mais qui ne manquera pas d’être utile dans l’effort de rassemblement qui lui a été confié par Giorgio Napolitano.
La vice-présidence de Parti démocrate en 2009
C’est donc en dépit de cette connexion qu’Enrico Letta poursuit son ascension à travers le Parti démocrate. En 2008, il devient ministre du Travail au sein du gouvernement de Veltroni. A la démission de ce dernier, il reporte son soutien à Pier Luigi Bersani lors des primaires de 2009, à la suite desquelles il devient vice-secrétaire du Parti démocrate.
Encore des obstacles à l’unité
Pour tous, ce fan de Dire Straits et admirateur de Lech Walesa incarne désormais le compromis qui mènera l’Italie à l’unité. Le Peuple de la Liberté, partie de Silvio Berlusconi, a affirmé qu’il soutiendrait le futur gouvernement constitué par Enrico Letta. Les centristes de Mario Monti ont fait la même promesse.
Le défi restera de convaincre la Ligue du Nord, qui s’est déclarée hostile à cette décision de Giorgio Napolitano. Le Mouvement 5 Étoiles de Beppe Grillo a quant à lui assuré fournir une opposition « constructive », encline à voter les mesures qu’il approuverait.
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