Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Aujourd’hui je me suis amusé à faire un petit tour de la presse internationale, un peu d’Espagne, de Grèce, un soupçon d’Etats-Unis avec ses prêts étudiants qui connaissent de plus en plus de problèmes (et les étudiants ne sauront d’ailleurs bientôt plus écrire), sans oublier la France avec son marché immobilier qui ne risque rien, puisque la pierre c’est du béton et comme chacun le sait c’est du solide. Tellement solide que les krachs immobiliers c’est pour les autres, vu que nous en France on est très fort et que l’on est protégé par la ligne Maginot.
Commençons notre petite promenade par la Grèce. Un beau pays la Grèce, ses ruines, ses monuments, ses statues, ses apports philosophiques au monde entier, et sa culture profondément « artistique » dès qu’il s’agit de la gestion des comptes publics et des impôts.
Licenciements massifs à la Direction Fiscale
De ce que j’ai cru comprendre, le fisc grec devra se passer des services d’au moins 240 salariés qui ont des responsabilités de supervision ou tiennent des postes concernant les mécanismes de contrôle du ministère des finances, suite à une décision de Monsieur Stournara (le ministre).
Suite à un contrôle toujours en cours, déjà 130 employés du ministère ont été identifiés pour des envois de fonds à l’étranger, et mais c’est moins sûr pour des « disparités des revenus déclarés » façon pudique de parler ni plus ni moins que de fraudes fiscales. Evidemment la troïka a appelé à des licenciements lorsque les infractions sont constatées… Ambiance donc en Grèce.
En Espagne, les banquiers ont le sens de l’humour… ou le sens de la survie ne souhaitant pas voir leurs têtes se promener au bout d’une pique portée par une foule populaire en délire.
BBVA va aider à hauteur de 400€ par mois ses clients faisant l’objet d’une saisie immobilière
Je la trouve très plaisante cette information. Bon il faut rendre aux banquiers ce qui appartient aux banquiers, à savoir votre crédit plus les frais agrémentés des intérêts, ainsi que votre maison lorsque vous avez perdu votre travail, ce qui ma foi est monnaie courante en Espagne (et chez nous) ces derniers temps.
Comme désormais les gens n’hésitent plus à s’immoler carrément à l’intérieur des agences bancaires ce qui montre un degré de désespérance relativement important de la population, les banquiers ont pris des mesures fortes. En tout cas la BBVA qui est l’une des plus grosses banques espagnoles et européennes.
Alors je me suis dit tient… les banquiers ibériques vont faire un moratoire sur les saisies immobilières et laisser un peu plus de temps aux gens pour s’en sortir. Non pas du tout en fait.
La logique du système m’échappe encore mais en gros, d’un côté la banque expulse le propriétaire insolvable et récupère le bien en le foutant à la porte, et de l’autre elle lui donnerait 400€ par mois pendant deux ans soit 4800€ par an ce qui nous fait calculette en main 9600€ en deux ans. Dès lors je soupçonne les banquiers que je n’ai jamais vu, raser gratis (je rappelle que je suis un ancien banquier défroqué) d’une petite manip comptable tout à fait en leur faveur.
Bon dans cet article d’El Mundo (le monde en espagnol dans le texte) les modalités pour obtenir ces aides ne sont pas vraiment détaillées. On comprend juste qu’il ne faut pas être propriétaire d’un autre bien immobilier pour en bénéficier mais sommes toutes cette règle semble logique.
Là où ça devient carrément hilarant c’est quand les banquiers de la BBVA expliquent doctement qu’ils vont mettre au point un programme de « retour à l’emploi », pour aider leurs propriétaires insolvables à retrouver du travail en leur faisant passer des entretiens d’embauche d’entrainement et en les aidant à refaire leur CV. D’un autre côté vu les plans de licenciements en cours dans les banques espagnoles ils ont quelques personnes à occuper certainement à leur DRH…Alors je vous passe le blabla d’usage du genre, la première étape consistera à connaitre les aptitudes de chacun et les compétences etc, etc…
Quelqu’un pourrait-il expliquer aux banquiers espagnols, qui ne semblent pas au courant, qu’il n’y a juste plus de travail en Espagne ou plus beaucoup… sinon, les gens continueraient sans doute à rembourser leur crédit immobilier, je ne sais pas moi…. Sans doute pour ne pas être expulsé avec femme et enfants et ne pas terminer immolé sur le comptoir d’une agence de province. Bref, je dois dire que j’ai bien rigolé et que c’est certainement plus un coup de pub qu’autre chose, genre RSE en France. Oui chez nous les banquiers développent des politiques de RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise). Prière de ne pas vous étouffer de rire.
Traversons l’Atlantique et faisons un petit détour du côté du phare du monde libre, je veux parler bien sûr des Etats-Unis d’Amérique, pays capable du meilleur comme du pire, ces 10 dernières années les USA se concentrant manifestement plutôt sur le pire.
Aux Etats-Unis, l’écriture cursive considérée comme un vestige du passé
Au premier abord cette information n’a rien d’économique. Au premier abord seulement. L’économie étant avant tout une « science » humaine, la sociologie, l’anthropologie, et tout ce qui permet de comprendre les comportements humains impacte directement l’économie et son fonctionnement.
C’est donc un article du Nouvel Observateur (plus tout récent et que j’avais gardé soigneusement de côté) qui nous apprend que savoir écrire ne sera bientôt plus considéré comme un savoir de base.
Le journaliste raconte l’histoire de Monica Baerg, 16 ans, « élève au lycée d’Arcadia en Californie, écrire en attaché ne sert à rien. Les devoirs pour l’école doivent obligatoirement être tapés à l’ordinateur, et pour les messages personnels, il y a les e-mails, souligne la jeune fille. Quand elle doit prendre la plume, Monica écrit en lettres d’imprimerie.
Personne ne nous a jamais forcés à utiliser l’écriture cursive, donc c’était pénible de mémoriser les lettres, raconte cette adolescente qui a même des difficultés à déchiffrer ce que ses parents écrivent sur le frigo ».
Voilà nous y sommes. Mémoriser les lettres était devenu pénible… d’ailleurs avec papa maman nous ne parlons que par sms en langage texto…
Or ce qui est dramatique c’est que pas moins de 45 Etats américains qui doivent adopter des orientations de programmes scolaires communs pour 2014 en mathématiques et en anglais vont supprimer l’écriture cursive des programme au profit de la maîtrise du clavier d’ordinateur, à la sortie de l’école élémentaire !
Alors je vais jouer mon déjà « vieux» quelques instants. Ce qui a permis à l’Homme de passer de l’état d’homme des cavernes à la civilisation c’est bien sûr l’accumulation et la transmission du savoir notamment grâce à l’écriture. Alors je sais, il faut être moderne, vivre avec son temps, brûler tous nos vieux livres au profit de fichiers Pdf téléchargeables mais tout de même… Savoir écrire, mémoriser par l’écriture ce que l’on apprend, l’intégrer et aussi disons-le parfois l’oublier, est la base de l’éducation.
Il ne faut pas se tromper. Ne pas savoir écrire c’est être illettré. Etre illettré va donc devenir la norme aux Etats-Unis dès 2014, et je pense qu’au rythme où ça va, nous arriverons comme d’habitude à la même situation chez nous d’ici 5 à 10 ans.
Finalement, vu que maintenant tout est sur Internet, je ne vois pas l’utilité de maintenir un système scolaire très couteux. Tous les gamins chez eux, connectés à monécole.fr cours par ordinateur ce que l’on nomme le e-learning. Nous n’aurions besoin que d’un prof par matière et par classe d’âge et terminé. Une petite centaine de profs serait donc suffisante pour faire tourner l’éducation nationale. De toute façon pour devenir chômeur… autant ne pas coûter à la collectivité.
Et puis, sans savoir écrire, il devient difficile de lire, compliqué d’exprimer une pensée complexe. Bref, bienvenu dans le royaume des crétins finis et des masses définitivement lobotomisées à la télé et dont la seule fonction sera de vivre pour consommer et de préférence à crédit.
Pour le reste je vous invite à lire cet article du Nouvel Observateur en entier car cela vaut le détour et méditez sur la déclaration du jour de John Kerry qui vient de dire que « la raison, c’est la liberté, la liberté d’expression. En Amérique, vous avez le droit d’être stupide, si vous voulez l’être ».
Au train où vont les choses, il ne va pas être déçu.
Revenons maintenant en France. Il y a un blog fort sympathique tenu par un agent immobilier. C’est drôle, bien écrit, amusant et sérieux à la fois.
Disons-le clairement : le marché est totalement bloqué (et ce, même si vous lisez le contraire ailleurs)!
Voilà le titre du dernier billet publié sur un marché immobilier qui est en train de s’effondrer, surtout pour le moment en Province et dans la France dite rurale. Pour les grandes villes notamment Paris les prix résistent à une chute très forte mais désormais, partout c’est la baisse qui l’emporte.
Or cette fois, contrairement au recul de 2007 ou 2008 qui pouvait s’expliquer par une hausse brutale des taux d’emprunt, les taux d’intérêt sont cette fois au plus bas niveau. Il n’y a tout simplement plus d’acheteur. Mais les vendeurs eux n’ont pas le choix. La vente d’un bien est souvent indispensable dans le cas des divorces et des successions pour ne citer que les deux causes les plus courantes de vente.
« Je ne sais pas avec précision, comment se portent les affaires en zone hyper-urbaine (centre-ville de Toulouse genre « Capitole-Saint-Georges-Ozenne »), si les ventes, dans ces quartiers privilégiés, se poursuivent à un degré aussi soutenu qu’avant. En revanche, j’ai le sentiment que, encore une fois, « l’égalité » des biens devant le marché n’est franchement pas d’actualité. Selon que vous vendez une maison isolée (pire un appartement mal placé) ou un bien individuel en plein centre-ville, la conjoncture vous sera favorable ou non ».
Je cite ce passage car évidemment, l’emplacement est le seul et unique critère qui ne fait pas tant la valeur d’un bien, que sa liquidité. Vous ne trouverez plus d’acheteur pour des biens dans des banlieues-dortoirs à la délinquance endémique. Vous ne trouverez personne pour venir s’installer dans un coin isolé à 50 litres d’essence (de plus en plus chère) de la première grande ville.
L’autre grande information c’est que les GP (gentils propriétaires) font de la résistance à la baisse des prix. Si cela peut sembler une bonne idée, pour les vendeurs la seule conséquence sera de ne jamais vendre et d’être toujours hors marché. C’est ce que l’on appelle suivre la baisse sans jamais être au prix de vente. Résultat, en immobilier comme en bourse, de guerre lasse le vendeur baisse enfin son prix… lorsque le marché atteint son point bas et jure alors qu’il ne se fera plus jamais prendre car on l’a encore arnaqué… c’est bien connu, c’est toujours de la faute des autres. Jamais de la sienne.
Tout cela c’est complètement fou …, bienvenue à l’asile
Charles SANNAT
Pour lire l’article du Nouvel Obs sur la fin de l’écriture aux USA
Pour voir le blog de l’agent immobilier
Pour lire l’article d’El Mundo en espagnol dans le texte