C’est un excellent article de Marie Gathon du site Levif.be qui revient sur la « psychologie de Poutine » et sa volonté qu’à « Moscou il y ait un pilote dans l’avion ».
Cette analyse est particulièrement vraie. Poutine, qu’on l’aime ou pas, est un homme d’État avec une capacité d’action et de décision permettant d’administrer sa nation. Les années Eltsine furent des années de chaos et d’anarchie dans l’ex-URSS incapable de se réformer, de fonctionner et d’assurer un minimum de prospérité à sa population. C’est à cette période sombre que le volontarisme de Poutine à mis fin. C’est ce qui explique sa popularité. Poutine qu’on l’aime ou pas… se fait une certaine idée de la grandeur de la « Russie ».
Il n’y a là rien d’insurmontable diplomatiquement et en aucun cas de quoi transformer la Russie en un ennemi que l’on devrait combattre par les armes.
Charles SANNAT
« La BBC a enquêté sur le passé de Vladimir Poutine et sa vie d’officier pour le KGB en Allemagne de l’Est avant la chute du mur de Berlin. Selon les biographes du président russe, « quiconque veut comprendre Vladimir Poutine doit savoir ce qui lui est arrivé lors d’une nuit traumatisante dans l’Allemagne de l’Est il y a un quart de siècle ».
Tout s’est passé le 5 décembre 1989 à Dresde (non loin des actuelles frontières de la Pologne et de la République tchèque), quelques semaines après la chute du mur de Berlin, selon la BBC. Le communisme est-allemand vit ses dernières heures. La foule a envahi le siège de la Stasi, la police secrète est-allemande.
Un petit groupe de manifestants a décidé de tenter d’entrer dans une grande propriété, le siège local des services secrets soviétiques, le KGB. Le garde à l’entrée de la maison s’est précipité à l’intérieur, puis un officier se présente groupe de manifestants, « un peu faible et agité », selon Siegfried Dannath, présent ce jour-là.
L’officier a alors dit au groupe : « N’essayez pas de forcer l’entrée de cette propriété. Mes camarades sont armés et ils sont autorisés à tirer en cas d’urgence », raconte le témoin de la BBC. Cela aurait suffi à repousser les manifestants, mais l’officier du KGB se sentait cependant toujours menacé. C’est pourquoi il a demandé une protection de l’Armée rouge.
Mais la réponse sera dévastatrice pour l’officier. Au bout du fil on lui a dit : « Nous ne pouvons rien faire sans ordres de Moscou. Et Moscou reste silencieux. » Cette phrase a continué de hanter l’homme de nombreuses années durant. Par la suite, il est lui-même devenu « Moscou ». L’officier du KGB était en réalité Vladimir Poutine.
Selon le biographe allemand du président russe, Boris Reitschuster, il s’agit « de la clé pour comprendre Poutine ». « Nous aurions un autre Poutine et une autre Russie aujourd’hui sans ce qu’il passé en Allemagne de l’Est ».
Cette expérience lui aurait montré la fragilité des élites politiques et la capacité du peuple à renverser un régime.
Poutine est arrivé en Allemagne de l’Est pour le compte du KGB en 1980. Son travail n’était pas passionnant, selon la BBC, mais il appréciait énormément la vie sur place qui était bien plus confortable qu’en Union soviétique.
La chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, est restée pour lui un traumatisme. Moscou et Gorbatchev sont « restés silencieux ». « Personne n’a levé le petit doigt pour nous protéger », a-t-il confié, alors que lui et ses collègues ont pris soin de brûler une grande quantité de documents et de matériel.
La réunification de l’Allemagne a marqué une rupture dans sa vie et celle de sa famille. Ils ont alors quitté « un pays qui était presque devenu le leur, mais qui avait disparu », selon les mots de sa femme. De retour à Leningrad, sa ville natale, il est arrivé « dans un pays qui avait changé d’une manière qu’il ne comprenait pas et ne voulait pas accepter », explique la biographe Masha Gessen à la BBC.
Mais Poutine a su se relever et s’est servi de ses anciens contacts du KGB qui avaient été replacés à des postes clés au sein de la nouvelle Russie.
On comprend aujourd’hui pourquoi le soulèvement des Ukrainiens à Kiev a rappelé de mauvais souvenirs à Poutine. Cela a ravivé « toutes ses anciennes peurs », selon Boris Reitschuster. Une chose est sûre, selon la BBC, c’est que tant que Poutine sera au Kremlin, Moscou ne restera jamais silencieux ».
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