Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Pause fiscale mon C.. et c’est le cas de le dire!
Lorsque le président de la République a parlé de pause fiscale, cela m’a fait bien rire. Remarquez, sa blague n’aura pas duré bien longtemps puisque désormais le rétropédalage est nettement affiché. Finalement, il y aura un décalage de la pause fiscale qui sera effective en 2015… Sans blague.
De toute façon, la situation budgétaire de notre pays est catastrophique. Tellement catastrophique qu’il faut taxer tout ce qui peut l’être et qui ma foi… semble juste.
Je ne peux pas m’empêcher d’aborder ce sujet car je le trouve particulièrement révélateur de notre époque tout en faux-culisme, tout en hypocrisie ou politiquement correct stupide.
Il y a quelques mois, monsieur Guedj, graaaaand socialiste membre des forces de prôgrès, voulait faire inscrire le droit opposable au plaisir sexuel des handicapés. Évidemment, je suis monté sur mes grands chevaux économiques pour expliquer que ce n’était pas à l’État de prendre en charge les problèmes ou la misère sexuelle de qui que ce soit, en plus avec l’argent du con-tribuable, obligé de payer des passes… Mais bon, les voix du prôgrès sont parfois impénétrables (sans mauvais jeu de mots, bien entendu).
Le problème c’est que les caisses de l’État sont vraiment vides (je n’ai pas osé utiliser l’expression les bourses de l’état car vu le sujet cela aurait prêté à confusion) et qu’il faut vraiment trouver des idées justes pour les remplir. D’où l’idée je suppose extrêmement géniale, juste, et humainement positive de protéger les prostituées que l’on doit désormais appeler les « travailleurs du sexe »… Oui, ils ont même un syndicat. Je dis « ils » pour les travailleurs du sexe. Si je disais « elles », je pourrais être qualifié de misogyne en faisant un amalgame entre le fait d’être une femme et le fait d’être une péripatéticienne, or ce métier est ouvert aussi aux hommes, parité oblige.
Bref, l’idée juste du moment c’est de pénaliser le consommateur de services sexuels tarifés achetés auprès d’un travailleur du sexe dûment enregistré notamment en statut d’auto-entrepreneur (d’où l’idée du gouvernement de réduire la portée de ce dangereux statut).
Évidemment, « aller aux putes » est un acte de grande délinquance au même titre que la fraude fiscale aussi sévèrement réprimée que le terrorisme. Résultat ? De grosses grosses amendes super plantureuses de plusieurs milliers d’euros pour les dangereux récidivistes et jusqu’à 6 mois de prison ferme pour les consommateurs qui se feront prendre régulièrement les doigts dans le pot de confiture.
Je ne prendrai pas parti dans ce débat pour ou contre la pénalisation de la prostitution. En revanche, je trouve cela utile de pointer des contradictions idéologiques fortes au sein même du PS, à commencer par criminaliser d’un côté et proposer un droit opposable au plaisir de l’autre…
Dans tout cela, je pense que la motivation de l’État est purement financière. Difficile de dire OUI à la prostitution ! Oui à l’exploitation des femmes ! Oui à la violence à l’égard des prostituées ! Donc comme c’est une idée difficile à défendre dans notre ère de politiquement correct, on peut taxer facilement les consommateurs de ce type de services puisque moralement personne n’ira se mouiller à les soutenir.
Non je dis ça parce qu’il y a une autre contradiction majeure. Quel est l’intérêt d’envisager de passer une loi punissant de 6 mois de prison un délit alors que dans le même temps on passe une loi disant que toutes les peines inférieures à 5 ans… ne seront pas effectuées ?
Donc l’idée c’est vraiment de taxer les consommateurs (solvables) de la prostitution (et pas de les mettre en prison), ce qui devrait faire nettement monter les cours de la passe, augmenter la « fracture » sexuelle, ce qui constituerait une nouvelle discrimination à l’égard des ménages aux faibles pouvoir d’achat. D’où l’idée de Cécile Duflot, grande progressiste qui ne manque pas d’Alur (c’est le nom de son projet de loi), de plafonner le prix de la passe. Pour cela, il y aura la création d’un observatoire de la passe chargé d’analyser en temps réel l’évolution des cours et de réguler ce marché indigne d’un pays comme la France.
Fin de la pause fiscale… heu pardon de la récré et passons maintenant au sujet sérieux. La réalité de la crise. Vous allez voir, c’est nettement moins drôle !
Dans l’édition d’hier du Contrarien Matin, je revenais sur les déclarations consternantes de Christine Lagarde concernant la santé économique de l’île de Chypre.
Chypre obtient un satisfecit de ses créanciers
C’était le titre de cet article du Monde où Madame Lagarde se disait satisfaite, jusqu’ici en tout cas, du déroulement des opérations… Bravo Christine ! Mais avait-elle d’autres choix que d’entériner un plan d’aide douteux ?
Mon passage préféré dans cet article était le suivant :
« L’économie chypriote, qui jusqu’ici vivait grâce à son secteur financier disproportionné (plus de 700 % de son produit intérieur brut) et peu scrupuleux, doit se réinventer.
L’île dispose d’atouts : une économie ouverte jugée « business friendly » dont la plupart des habitants parlent anglais, des réserves potentiellement prometteuses en gaz et des paysages idylliques. Mais l’exploitation du gaz découvert au large des côtes prendra du temps. Et, pour l’heure, les touristes n’affluent pas : -3,1 % en août de cette année par rapport à août 2012. »
Si Chypre est « business friendly » alors, de vous à moi, c’est sûr que tout va très bien madame la marquise. Ils viennent juste de perdre 700 % (il n’y a pas d’erreur, c’est de l’humour) de leur PIB, ce qui ne leur laisse pas grand-chose. D’ailleurs, même les touristes n’affluent pas… Quant au gaz… ce n’est pas pour tout de suite et Chypre doit se « réinventer »… Mais tout va très bien. Tout va très bien vu par Dame Christine parce que pour les gens d’en bas là-bas, la réalité de la crise est très différente…
À Paphos les organismes de charité à court de nourriture
Je vous fais une traduction rapide et une synthèse des principaux passages de cet article édifiant sur la situation à Chypre. Pour mémoire, il y a encore quelques mois à Chypre, tout était normal. Les banques fonctionnaient, les gens allaient au travail, vos économies avaient de la valeur, vous pouviez même aller acheter à manger au supermarché du coin. Puis il y a eu la faillite, comme il y aura la même faillite en France. Cette faillite, pour la plupart des gens, est arrivée brutalement, un vendredi soir. Et le lundi, les banques ne rouvraient pas. Leurs économies étaient perdues. L’économie, dans son ensemble, à l’arrêt. Plus d’essence. Plus de possibilité de se ravitailler, plus d’accès aux soins ou aux médicaments… Seules les scènes de pillages ont été épargnées globalement à la population chypriote… pour le moment.
Pourtant, ceux qui voulaient savoir savaient que le PIB de Chypre était lié aux activités bancaires. Ceux qui voulaient savoir savaient que Chypre était fragile. Ceux qui voulaient savoir savaient que les banques chypriotes avaient beaucoup trop prêté aux banques grecques elles-mêmes en faillite et que ce n’était qu’une question de temps pour l’économie de leur pays n’explose. C’est évidemment la même chose pour notre pays.
Laissons la parole aux Chypriotes eux-mêmes
« L’émotion est grande dans une rue devant le siège d’un organisme de bienfaisance à Paphos, hier, quand 100 familles dans le besoin, y compris les mères avec des bébés, ont été refoulées après que les bénévoles aient manqué de nourriture.
La fermeture hier de l’organisme de solidarité et de charité de Paphos a laissé 1 000 familles sans moyens de trouver de la nourriture.
En fait, l’organisme de bienfaisance a déclaré hier qu’il avait récemment lancé un appel directement au président chypriote, mais qu’il a essuyé un refus pour des raisons financières.
Pavlina Patsalou, qui dirige l’organisme de bienfaisance, affirme que les personnes qui sont arrivées à la porte de son association de charité hier étaient tellement désespérées en l’absence de nourriture qu’elles sont devenues hystériques. Elles hurlaient et criaient dans la rue quand elles ont découvert qu’il n’y avait plus rien à donner. Une situation décrite comme déchirante. En sortant des locaux, elle a été suivie par les gens qui mendiaient de la nourriture et du lait pour bébé… Le problème c’est qu’aujourd’hui des gens risquent de mourir de faim et des bébés aussi. »
Voilà le véritable visage de la crise, de l’absence totale d’argent. Voilà ce qui se passe lorsqu’un État ne fait même pas faillite… mais que l’austérité est intégrale. En cas de faillite, c’est encore pire. Ne soyez pas dupes. Notre ministre de l’Économie ne pourra jamais nous dire publiquement que notre dette est hors de contrôle et que nous allons à la catastrophe… Pourtant, ceux qui veulent savoir, savent.
Alors préparez-vous. Vous avez encore un peu de temps. Les cartes bleues fonctionnent. Votre compte bancaire est accessible.
Mais n’oubliez pas que nous sommes à 9 repas de l’anarchie. N’oubliez pas de renforcer votre Plan Épargne Boîtes de Conserves.
À demain… si vous le voulez-bien !!
Charles SANNAT
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Article du Cyprus Mail sur les chypriote qui vont finir par mourir de faim.