Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Je ne sais pas si vous êtes au courant mais il neige sur une partie du nord de la France. J’écris ces lignes du front. Là où la situation est catastrophique. La Normandie.
Comme je suis amoureux de ma femme et que parfois je suis obligé de sortir de mon antre pour me confronter à la vie extérieure, j’avais eu la brillante idée d’emmener toute la petite famille quelques jours à la campagne prendre le bon air.
Evidemment nous sommes bloqués comme des milliards (n’ayons pas peur des chiffres) de français qui souffrent. Oui mes chers contrariens, la France souffre de 30 cm de neige. Que dis-je, la douleur populaire et médiatique est horribleuuuu. Vous vous rendez-compte tout de même de la neige à quelques jours du printemps.
Comme à chaque épisode neigeux des centaines de gens sont bloqués par la neige (selon la police et le gouvernement) et quelques milliers de voitures (selon les organisateurs). Les gens dorment dans leur bagnole ou dans des dortoirs de fortune ouverts par des communes.
Comme à chaque épisode neigeux un peu important, il n’y a ni saleuse, ni chasse-neige, ni rien du tout et un nombre illimité de crétins roule sans pneu-neige, sans chaîne et de préférence dans des autos allemandes à propulsion arrière sans se poser la question de savoir s’ils vont pouvoir arriver à destination.
La responsabilisation personnelle
Ce que j’aime par-dessus tout, et ceux qui pourraient s’y reconnaitre le prendront avec autodérision car je le dis avec au fond la plus grande bienveillance, c’est « l’assisté de droite ».
Vous ne connaissez pas l’assisté de droite ? C’est assez simple. En général c’est un type d’une cinquantaine d’année, lecteur du Figaro. Plutôt traditionnaliste, opposé au mariage pour tous, et qui peste (à juste titre) contre tous les impôts qu’il paye (et dieu sait qu’il en paye), et évidemment contre tous ces assistés qui lui coûtent si cher ! En temps normal et lorsque la météo est clémente je le comprends ce pauvre type de droite je suis même un peu comme lui (c’est mon côté droitier, même si j’ai aussi une main gauche, voire deux comme dis ma femme lorsque je bricole).
Mais ce que j’aime c’est quand le « winner » qui râle contre les « zimpots » trop chers, hurle au manque de moyens, à la non-assistance à personne en danger car le voilà bloqué comme la plèbe, IPhone à la main, au volant de sa belle berline allemande, coincé comme un con dans une congère qu’il vient de se manger. Il est furieux. Les fonctionnaires sont des flemmards (je reste poli car j’ai entendu autre chose), c’est des gros paresseux qui ne veulent pas pelleter, et donc lui, personnellement, est bloqué. Et là, il n’a qu’une envie, être assisté ! « Je n’ai vu personne (à part le journaliste ayant réussi à se trainer jusque-là), pas un gendarme, personne de la DDE, je n’ai ni à boire ni à manger, c’est une honteuuu !! »
Et bien non, ce n’est pas une honte, c’est comme ça. Nous avons tous autant que nous sommes l’habitude d’être assistés et ceci est valable pour chacun et quelles que soient nos orientations politiques. Un problème de carte bleue ? Nous avons une assistance. Un problème de voiture… une assistance, un problème de santé, la sécu et les mutuelles s’occupent de nous. L’électricité ? EDF intervient. Le téléphone Orange est là (c’est plus compliqué quand c’est Free, mais c’est moins cher). Un problème au ski ou à la montagne ? Le PGHM intervient avec hélicoptère pour vous sauver même si vous êtes en basket sur un glacier. Nous sommes donc tous des assistés à un moment donné de notre vie et en général à beaucoup de moments donnés.
Nous en avons pris l’habitude. C’est une seconde nature. Résultat quand nos petites habitudes sont troublées par un évènement exogène comme disent les gens sérieux (c’est-à-dire un évènement extérieur contre lequel on ne peut rien comme la météo) c’est une catastrophe.
Nos anciens avaient des provisions. Des « garde-mangers ». Nous avions des réserves de bois pour se chauffer, des réserves d’eau pour boire, des bougies pour s’éclairer, bref, à défaut d’être totalement autonomes nous étions beaucoup plus résilients. Pour faire simple, nous étions tout simplement débrouillards.
Aujourd’hui nous attendons que l’aide arrive. Telle cette famille avec 3 enfants débarquant sur une aire d’autoroute sans avoir bu ni mangé depuis deux jours. Encore un (de jour) et ils mourraient de soif entourés de neige (qui est potentiellement de l’eau)…
Au bout du compte nous ne devons que compter sur nous-mêmes. Nous devons être capables de prendre une décision pour notre propre sécurité. Nous sommes, pour beaucoup de choses, responsables de ce qui nous arrive et nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes.
Nous pouvons avoir quelques provisions, 2 bouteilles d’eau et une couverture dans une voiture sans un être un paranoïaque car cela est du simple bon sens (surtout l’hiver). Mais lorsque j’agis de cette façon tout le monde me prend pour un illuminé. Dans la vie de tous les jours, la responsabilisation personnelle passe par des choses très simple.
L’impréparation à la crise économique
Tout ce que vous voyez autour de cet épisode neigeux, montre bien à quel point nous vivons avec un sentiment de sécurité absolu en se disant que tout sera toujours pareil, que rien ne changera. Que mon placement en assurance vie vaudra toujours beaucoup d’argent, que j’aurai toujours ma retraite, ou que je ne perdrai jamais mon emploi et bien entendu que si je téléphone à assistance personnes enneigées on me répondra et que les secours héliportés seront là en moins de 5 minutes pour m’apporter un café chaud réconfortant (ne rigolez pas les hélicos de la gendarmerie approvisionnent en bouteilles d’eau un car d’ado coincé sur l’A1 à nos frais).
Rien n’est plus faux. Demandez aux grecs ou aux espagnols. Je le dis depuis plusieurs années et je le répète inlassablement. N’attendez pas que l’état vous aide. L’état est en faillite. Peu importe le temps que cela prendra pour que la grande masse se rende compte qu’il n’y a plus d’allocations familiales (elles vont être divisées par deux dans un premier temps), l’état viendra de moins en moins à votre secours.
Vous devez, sans perdre de temps, car la préparation prend du temps, mener une véritable réflexion autour d’un sujet comme l’autonomie et la responsabilité personnelle.
Préparez-vous à être débrouillard, préparez-vous à être autonome, préparez-vous à être seul ou presque et à ne plus compter sur les « services » supports que nous utilisons tous moi le premier quotidiennement.
Aucun courant, celui du bon sens et du pragmatisme
Il y a des décroissants, des survivalistes, des fin-dumondistes, des « preppers » comme disent les américains. Tout cela est sans importance. Ce qui est important c’est le pragmatisme. Quels sont les risques auxquels nous pouvons être amenés à faire face (laisser tomber les histoires de fin du monde sans intérêt) pour vous concentrer sur l’effondrement économique en cours et la fin de l’état providence ?
Que ferez-vous si vous perdez votre emploi et que vous n’en retrouvez pas ? Et votre conjoint ? Quelle est votre épargne ? Avez-vous de quoi manger pendant 6 mois (même si c’est des raviolis au cheval) ? Avoir une maison est-ce une meilleure idée qu’avoir un appartement avec des charges de copropriétés obligatoires ? Avez-vous des crédits ? Faut-il vous désendetter ?
Bref, autant de questions de bon sens qu’il faut vous poser. Imaginez que nous vivions ces deux prochaines années une lente descente comme en Grèce. Qu’avez-vous à faire pour, personnellement, être en mesure d’absorber ce choc le moins mal possible ?
Alors oui, lorsqu’il neige en France cela me fait toujours beaucoup rire car on a l’impression d’être en état de guerre, que la France est attaquée par une perturbation neigeuse. Les médias amplifient à l’envie la gravité des choses qui ne sont finalement pas si graves que cela. Perdre deux jours et avoir froid ne tue pas forcément même si c’est agaçant ou désagréable. Il ne faut pas tout mélanger.
Dernier petit clin d’œil au monsieur qui est en « tout électrique » chez lui et qui tentait désespérément de faire cuire un vague truc dans sa cheminée porte de l’insert ouverte, (pour tenir la poêle). Ce monsieur, fort sympathique bien que beuglant comme un putois sur l’absence d’électricité, risque de se bruler, ou de s’asphyxier sans parler du simple fait qu’il allait « repeindre » ses murs de fumées noires. L’autonomie et le bon sens c’est dur. Etre contrarien est un travail de tous les jours. C’est une tournure d’esprit, une indépendance intellectuelle pas forcément « confortable ». Mais cela permet de faire face de façon bien plus efficace aux évènements.
Alors en un mot. Préparez-vous à vous passer de l’état dans tout ce que cela implique. Si vous pouvez vous passer de l’état alors vous aurez fait un grand pas pour aborder le monde nouveau qui s’annonce.
Allez je vous laisse, les combats contre la neige viennent de reprendre, elle lance une nouvelle offensive, mais nous allons la repousser. Ici les tranchées à vous les studios.
Charles SANNAT