La vraie bonne idée : placer dans l’or

Une fois n’est pas coutume, on revient sur l’article paru dans Économie Matin le 8 septembre : « Est-ce une bonne idée d’investir dans l’or ? »

Le titre nous interpelle. Sur LORetLARGENT.info, nous préférons parler de placement car nous avons toujours envisagé l’or d’abord comme un actif tangible, un placement sécuritaire sur le moyen et le long terme, une épargne de diversification, une assurance contre les risques d’effondrement monétaire, de pertes boursières… plus que comme un actif lucratif. En effet, l’or ne génère pas de dividende ou de rendement. On peut dégager des bénéfices en revendant son or (physique) mais ce n’est pas, pour nous, la fonction première de l’or.

L’or n’est pas fait pour trader

« Mais trader ce métal précieux n’est pas sans danger pour le capital des particuliers », lit-on dans le premier paragraphe. Sur ce point, nous ne pouvons être que d’accord. « L’or papier », les produits dérivés tels que CFD, ETF (outils financiers indexés sur l’or) sont comme « n’importe quelle valeur boursière » et c’est bien ça le problème : forte volatilité engendrant des pertes, risques liés à l’entreprise émettrice, risques de krachs boursiers…

Pour nous, il n’est pas question de trader de l’or, mais d’en stocker en dehors des périodes de crise, afin de pouvoir le revendre en période de crise, en fonction de ses besoins, et nécessairement avec des plus-values. Depuis 2008, il vaut mieux penser à sécuriser une partie de son patrimoine plutôt que chercher la rentabilité à tout crin. En plus, cette stratégie de trading ne s’adresse pas à la majorité des épargnants, plutôt habitués à diversifier leur épargne dans des solutions « classiques ». Et l’auteur le dit lui-même : « Ce type de trading est donc plutôt réservé aux plus expérimentés, qui sauront exploiter l’ensemble des mouvements du prix. »

Stocker de l’or n’est pas un problème en soi

Sur la question de stockage de l’or physique, « qui est déjà un problème en soi », nous rappelons qu’il existe des solutions de stockage à moindre frais qui permettent, entre autres, d’éviter les risques (et les coûts) qu’implique le stockage de l’or à domicile.
Ce système permet, via une plateforme sécurisée, d’acheter et revendre de l’or sans problématique d’envoi ou de paiement puisque tout se passe en ligne.

Petit aparté sur « la valeur de ce stock (NDLR : d’or physique) [qui] change constamment, puisque le cours de l’or est par nature très volatil ». C’est le cas de l’or coté en bourse en effet mais les répercussions sont amorties en ce qui concerne l’or physique.

L’or, parce qu’il le vaut bien

Mais le passage avec lequel nous ne sommes vraiment pas d’accord est le suivant :
« Lorsque l’on achète une action par exemple, la valeur de celle-ci est calculée selon de très nombreux critères. L’or, lui, ne possède de valeur que celle que les investisseurs lui accordent.
Si demain ces derniers décidaient de préférer le sucre (même si évidemment cela semble bien peu probable), l’or ne vaudrait plus rien. » Permettez-moi de m’étouffer à la lecture d’une telle énormité. Cela vaut en effet pour n’importe quelle monnaie papier mais l’or, compte tenu de sa rareté, de son utilisation dans les technologies de pointe et du fait qu’il est de plus en plus difficile à extraire, possédera toujours une valeur intrinsèque. Ce n’est pas pour rien que l’Humanité lui confère une valeur (élevée) depuis 6 000 ans…
L’or est inscrit dans l’ADN de l’humanité qui en fait des bijoux et des parures depuis la nuit des temps. L’Inde et l’Asie, où la demande en or de joaillerie est énorme, lui vouent un culte millénaire et ce n’est pas prêt de s’arrêter…

Une pièce ou une brouette de billets ?

Que dire de la réserve de liquidités en cas de crise ? Faut-il rappeler de mauvais épisodes de l’Histoire et ce que valait le Reichsmark en 1923, en hyperinflation ?
Le Reichsmark de 1922 avait la même valeur que 20 millions de Reichsmarks à la fin de 1923… Il fallait aller faire ses courses avec une brouette pleine de billets de banque pour acheter du pain ou des cigarettes.

C’est un exemple, certes extrême, mais de ce qui pourrait bien finir par arriver avec les politiques monétaires hyperinflationnistes actuelles. La valeur de l’or, dans ce cas de figure, caracole…

Quant à l’utilité de l’or dans la vie quotidienne, elle n’est plus à prouver. L’or est le meilleur « au cas où » en période de crise majeure, et il n’est pas périssable.

Si l’on fait référence à la même sombre période, on peut même dire que l’or a sauvé des vies aussi bien du côté des soldats que des civils en territoire occupé. Il n’est peut-être pas envisageable d’échanger un lingot d’or contre une baguette de pain ou des médicaments, mais des pièces, d’or ou d’argent, beaucoup plus liquides, beaucoup plus facilement.

D’ailleurs, dans le contexte actuel déflationniste, l’or reste l’actif le plus liquide si l’on se réfère à la pyramide de John Exter.

Sylvain March est trader indépendant, il est donc normal qu’il envisage donc l’or comme un actif non lucratif. Mais nombreux sont les épargnants qui ont pu couvrir des pertes boursières quand l’or performait en pleine crise. Certains ont même réalisé d’excellents bénéfices en revendant leur or physique sur la même période.

Bref, même si l’article suit une logique d’investissement et qu’il est tout à fait cohérent dans ce sens, notre point de vue diffère car l’or est à envisager plutôt comme un actif tangible de confiance et une épargne de précaution qui sert de rempart à la pauvreté.