Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
« Môa Président », lorsqu’il était candidat, avait prononcé cette phrase choc qui marqua l’un des tournants de la campagne électorale et qui ne fut sans doute pas pour rien dans l’élection d’Hollande face à Sarkozy :
« Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera donc pas élu et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. »
Il y a une blague assez connue sur la différence entre le bon et le mauvais chasseur. Disons que le mauvais chasseur voit un truc qui bouge et il tire, alors que le bon chasseur, lui, quand il voit un truc qui bouge il tire mais ce n’est pas pareil…
Aujourd’hui, nous avons eu droit à un très mauvais remake de ce sketch, dont vous trouverez l’original sur la vidéo ci-dessous, par Michel Sapin notre ministre des Finances qui nous a doctement expliqué ce week-end que « la bonne finance était notre amie, alors que la mauvaise finance était notre ennemi »… Ou quelque chose comme ça.
Les déclarations de Sapin :
« Nous avons à répondre à une très belle question : y a-t-il une finance heureuse, au service d’investissements heureux ? Je l’exprimerai autrement et vous verrez ma part de provocation. Notre amie c’est la finance : la bonne finance. »
Alors c’est quoi la différence entre la bonne et la mauvaise finance ?
Le problème c’est que Michel Sapin, qui prend grand soin de se couvrir des critiques à venir qu’il sait nombreuse en précisant qu’il va parler avec un brin de « provocation », n’explique pas du tout ce qu’est la bonne finance.
Alors essayons d’y voir plus clair et reposons les bases d’après nos amis socialistes en fonction qu’ils soient en campagne et dans l’opposition ou au gouvernement et aux affaires.
Je pense qu’il faut retenir que la mauvaise finance, c’est simple. Le trader de la banque, il voit une action, un État en mauvais état, une matière première agricole qui va venir à manquer, il spécule.
La bonne finance, ce n’est pas pareil. Le trader de la banque, il voit une action… un État en mauvais état, une matière première agricole qui va venir à manquer, il spécule mais ce n’est pas pareil, c’est de la bonne finance.
Et pourquoi c’est de la bonne finance ? Uniquement parce que nos amis du gouvernement ont besoin de le dire puisqu’ils n’ont jamais vraiment voulu se mettre les financiers à dos, surtout que comme le disait « Môa Président », c’est eux qui dirigent vu qu’ils ont le pognon et vu qu’on en a encore plus besoin de pognon qu’il y a deux ans, eh bien les ennemis supposés d’hier sont rapidement devenus les amis d’aujourd’hui.
La régulation est-elle une réalité ?
En Europe, la réponse est non. Les banques dirigent et l’affaire BNP Paribas montre justement le poids totalement démesuré d’une banque dans le PIB d’une nation et le risque que cela fait peser.
Non les banques ne sont pas mieux régulées aujourd’hui qu’hier. Il s’agit avant tout de mesures purement cosmétiques et ayant reçu l’assentiment desdits banquiers. À aucun moment il n’a été mis fin au désastreux mélange des genres entre la banque commerciale destinée uniquement à recevoir et gérer les dépôts des gens et les banques d’affaires ou d’investissement. À aucun moment nous n’avons cherché à démanteler ces banques trop grosses pour faire faillite, ce qui veut dire aussi et surtout qu’elles sont trop grosses pour être sauvées.
Non, la seule véritable régulation ce sont les dernières lois européennes sur le règlement d’une faillite bancaire qui autorisent toute ponction nécessaire sur les avoirs des gens pour toutes les sommes dépassant les 100 000 euros…
Une capitulation en rase campagne
Voilà la réalité des propos prononcés par Michel Sapin. Il s’agit d’une reddition en rase campagne à l’ennemi sans visage de « Môa Président » qui ne peut évidemment pas se payer aujourd’hui le luxe d’une attaque des marchés contre la dette de notre pays.
Certains y verront un réalisme salutaire et ils n’ont pas forcément tort. D’autres y verront une capitulation pure et simple et le reniement d’engagements de campagne. Ils n’auront, eux non plus, pas forcément tort.
Ce qui est sûr c’est que depuis le début, cette administration s’y est pris de façon stupide et sur presque tous les sujets. Le dernier en date étant cette stupide idée de multiplier par 5 la taxe de séjour pour les touristes… Encore une fois, et c’était ce que je disais, cette taxe peut être augmentée… mais progressivement ! Résultat : après avoir fanfaronné, là encore le gouvernement, aux dernières nouvelles, devrait reculer… ce qui n’est pas une mauvaise chose.
Alors la finance est-elle notre ennemi ? La réponse, en réalité, est assez simple. La finance n’a ni ami ni ennemi, la finance n’a en tête que ses propres intérêts et son intérêt est des plus simples à comprendre : faire encore plus d’argent comme seul et unique objectif à sa raison d’être.
En face, de la même façon, un État n’a pas d’ennemi ni d’ami au sens étymologique du terme, il a des intérêts stratégiques. Pour notre pays, notre territoire est considéré comme un sanctuaire. Si notre intégrité géographique ou si l’intégrité du peuple français étaient directement engagées, alors cela serait suffisant pour déclencher des frappes nucléaires. Telle est notre doctrine.
La véritable question à se poser n’est donc pas de savoir si le système financier mondialisé et globalisé est méchant. Évidemment qu’il est, méchant, immoral, sans foi, ni loi. La véritable question est de savoir si ce système financier menace aujourd’hui la France et le peuple de France et donc nos intérêts stratégiques.
Pour le moment, la réponse est objectivement non. Ce qui ne veut pas dire que cela va durer.
Enfin, car je crois qu’il est essentiel de comprendre cela, la seule façon de lutter contre la finance sans visage et très méchante est de ne pas en avoir besoin.
L’indépendance nationale à un prix et un coût. Ce coût c’est notre bonne et notre saine gestion. Si nous vivons au-dessus de nos moyens, eh bien chaque jour nos fins de mois seront assurées par des usuriers mais c’est nous les responsables de notre découvert.
Autant je considère l’euro comme une monnaie vouée à l’échec après avoir fait souffrir trop longtemps des peuples, autant je suis persuadé que ce n’est pas l’euro qui fait notre mauvaise gestion depuis 40 ans maintenant.
Alors pour être sûr de ne pas avoir besoin d’affronter notre ennemi la finance, faisons en sorte de ne pas avoir besoin de ses services, c’est-à-dire de son argent. C’est une évidence et pourtant peu nombreux sont ceux qui la rappellent à tous.
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes ».
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Les déclarations de Sapin à Aix c’est ici
À 3 minutes et deux secondes, Les Inconnus nous donnent la définition et la différence entre le bon et le mauvais chasseur…
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