Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Mes chers camarades, je ne sais si vous êtes au courant, mais ce soir le Président va parler à la télé… du coup j’y reviendrai plus tard en vous racontant ce qu’il nous a dit. J’ai du promettre à ma femme de ne pas parler des aspects politiques et sociaux qui sont le meilleur moyen de perdre 50% (au moins) du lectorat en cours de route.
Je vais donc attendre patiemment ; les sujets économiques et ils ne vont pas manquer !!
En attendant l’allocution du Président, je tenais comme je l’avais déjà fait à le rassurer en tout cas sur l’euro fort qui est au plus bas depuis 4 mois.
L’euro au plus bas depuis plus de quatre mois
La monnaie unique, principal baromètre de la confiance des investisseurs envers la zone euro, tombe à 1,2765 dollar mercredi. Par rapport à son meilleur niveau de l’année, l’euro a perdu plus de 7 % pour le moment.
Encore une fois ce qui se passe sur le cours de la monnaie unique, montre bien à quel point l’euro reste fragile et que chaque nouvel épisode de crise se traduit par une baisse immédiate sur les marchés.
Vu l’ampleur des risques et des défis qui attendent la zone euro il y a peu de chance qu’il reste « trop » fort trop longtemps.
Pouvoir d’achat : une baisse programmée
Pour la première fois depuis 1984, le pouvoir d’achat des Français a reculé l’an dernier. Une baisse de 0,4% seulement. Mais ce repli n’en reste pas moins historique. Et la tendance va se poursuivre en même temps que les politiques d’austérité menées en Europe.
Ce recul est historique et sanctionne l’évolution du monde de ces dernières décennies. La mondialisation et la globalisation ont entrainé une perte sans précédent de notre compétitivité. Le cout d’un « chinois » étant 10 fois inférieur au cout d’un « français ». Nous assistons donc à un réajustement et à une mise à niveau non pas de nos amis chinois mais bien de notre niveau de vie qui va devoir baisser… Triste perspective.
Ca y est le Président a parlé !
Comme je vous l’ai dit nous ne parlerons que des aspects économiques de cette intervention télévisée très attendue.
L’un des grands principes de l’allocution présidentielle a été sur une grande partie des sujets à renvoyer le débat ou les choix à une négociation entre les partenaires sociaux. C’est notamment le cas pour les retraites.
Le grand changement dialectique c’est que pour la première fois, le Président de la République admet implicitement et explicitement la gravité de la crise tout en vous rassurant sur la garantie des dépôts de 100 000 euros. Pour tout ce qui dépasse les 100 000 euros pas un mot ni du Président ni du journaliste de France 2 !
Ne soyez donc pas dupes !
Les éléments importants à retenir sont les suivants :
Baisse de la fiscalité sur la transmission et cession d’entreprise
C’est plutôt une bonne idée et une bonne mesure dont on doit attendre la traduction concrète mais sur le principe je ne peux qu’applaudir à cette idée car c’est toute une génération d’entrepreneurs qui va prochainement devoir passer la main et la pérennité de nos PME doit-être un souci permanent. Cela passe aussi par la gestion de la transmission et de ses aspects fiscaux.
Déblocage de la participation jusqu’à 20 000 euros
L’idée c’est de faire consommer les français en utilisant de l’argent qui ne circule pas. Cela fait suite à l’idée avancée il y a quelques jours de permettre d’utiliser la participation pour relancer la vente de voitures neuves.
Pourquoi pas. Ma femme à mes côtés est ravie de pouvoir récupérer son argent sur son PEE (Plan Epargne Entreprise). Cette mesure aura un effet « boost » qui hélas sera de courte durée. Ce n’est pas en soi une mauvaise idée. Disons juste que cela n’est pas à la hauteur de la crise que nous affrontons, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas le faire.
Allongement de la durée de cotisation
Il va d’abord falloir se réunir et que les partenaires sociaux se mettent d’accord pour savoir où l’on coupe. Les régimes spéciaux ? Absents. La retraite des fonctionnaires ? Absente ! Les retraites vont-elles baisser ? La réponse n’est pas claire. Pas les plus petites. Tant mieux ! Pour le reste… il va falloir attendre de se faire tondre, car on se fera tondre, mais chaque chose en son temps. Point trop de mauvaises nouvelles le même soir, il y a une côte de popularité à redresser (ce qui apparaitra rapidement comme totalement raté même si les sondages frémissent quelques jours).
Les allocations familiales vont diminuer pour les plus riches (2500€ par mois)
On le savait, le Président nous l’a confirmé. Les riches qui gagnent 2 500€ par mois vont continuer à se faire tondre. Je maintiens qu’à 2 500 euros par mois, on fait parti des classes moyennes, on n’est pas riche !
François Hollande perd les classes moyennes en les assimilant « aux riches ». C’est une erreur.
Baisse de la dépense publique
Grande annonce. L’achat des post-it et stylos bic de tous les ministères vont être mutualisés. Me voilà rassuré. Je sens que les dépenses publiques vont baisser très vite.
Et comme l’a dit François Hollande, à chaque fois que je veux baisser quelque chose, on me dit que ce n’est pas possible… et c’est vrai.
Ce sujet a permis au Président de parler des relations franco-allemandes mais également de l’austérité qui est ingérable pour notre pays. De même l’objectif des 3% de déficit ne seront pas tenus… ce que l’on savait déjà !
On a bien perçu toutes les tensions avec nos « zamis » allemands.
N’oublions pas la nouvelle taxe à 75%
Qui sera payée directement par les entreprises afin que cela respecte la promesse du candidat Hollande, sans poser de problème cette fois au niveau constitutionnel, puisque pour une entreprise cela ne pourra pas être considéré comme confiscatoire…
Je pense qu’il va y avoir une forte augmentation des patrons payés par des filiales étrangères… cela devrait-être assez simple à contourner, demander au PDG de Renault-Nissan… qui touche la plus grande partie de ses 12 millions d’euros… via Nissan! Donc là encore la traduction dans les faits devrait-être assez décevante mais en terme marketing, l’essentiel sera fait!
Et choc de simplification
Là encore c’est une excellente idée que de vouloir tout simplifier y compris les normes et les règles qui répondent à chaque fois à la pression d’un lobby, à la bien-pensance, au principe de précaution ou que sais-je…
Mais encore une fois, on ne peut pas être opposé à une volonté de simplification. Espérons simplement que cette fois, ce sera réellement traduit dans les actes.
En attendant il n’y a eu globalement aucune annonce très forte ce soir. Pas de vision stratégique économique globale et pas de cap clairement assigné à notre pays. C’est dommage. On peut néanmoins penser que la gravité de la situation et son aggravation inéluctable dans les prochains mois ou années, forcera François Hollande à prendre des mesures beaucoup plus audacieuses…
Ce qui est sûr, c’est que nous sommes aux pieds du mur et qu’il sera aussi compliqué de s’en sortir sans douleur.
Charles SANNAT