Croissance économique en hausse de 3,5 %, assouplissement monétaire au Japon… Il est déjà loin le mini krach du 16 octobre sur le marché des actions ! Les investisseurs à mémoire de poisson rouge, trop contents de s’abreuver d’une profusion de monnaie papier, délaissent complètement l’or, cette relique ringarde qui s’effondre à son plus bas niveau depuis 2010… On décrypte cette dégringolade savamment orchestrée.
Le contexte à court terme
L’or ne peut pas lutter contre la « vigueur du dollar [qui] a renvoyé l’or proche de ses plus bas niveaux depuis quatre ans », indiquait cet article des Échos le 31 octobre dernier. Eh oui, le cours de l’once a dégringolé à son plus bas niveau enregistré en février 2010, lésé par la croissance américaine (tant mieux), un dollar plus fort et l’accélération du quantitative easing (impression de billets à gogo) japonais. Ces mesures d’assouplissement monétaire sont bien sûr très favorables aux places de marchés et défavorables à l’or qui ne constitue donc plus une valeur refuge…
Le mini krach du 16 octobre a stimulé les politiques d’assouplissement monétaires aux USA et au Japon et cette guerre monétaire profite aux actions. « Les liquidités vont rester abondantes ; une source se tarie une autre vient de s’ouvrir » explique Patrick Rejaunier dans Zonebourse le 3 novembre. Lisez son analyse très complète de la situation !
Le problème des quantitative easing
Si tout l’argent émis par les États-Unis et le Japon était réinjecté dans l’économie réelle des pays, cela fonctionnerait sans doute, mais l’injection monétaire ne sert qu’à contenter l’appétit vorace des investisseurs et des banques et elle ne relance aucunement la consommation des ménages. L’achat d’actifs de la FED avec des dollars créés ex nihilo ne fait que gonfler la valeur des actifs mais ne profite pas à l’économie réelle.
Autre problème soulevé par la création de monnaie papier illimitée, cela en diminue la valeur. Si tout ce qui est rare est cher, tout ce qui ne l’est pas ne vaut pas grand-chose… C’est ainsi que, depuis sa création en 1917, le dollar a perdu 98 % de sa valeur. Quant au yen, il est carrément en train de se faire hara-kiri. En décidant d’augmenter encore le volume des rachats d’actifs pour tenter de sortir de la spirale déflationniste, le Japon signe là le chant du cygne de sa monnaie.
Certes, une monnaie plus faible favorise le commerce extérieur et les exportations, mais ce procédé conduit les monnaies à leur perte et à un effondrement monétaire inéluctable. Connaissez-vous une seule monnaie papier qui ait survécu dans le temps depuis sa création ?
Le contexte à long terme
Les fondamentaux économiques restent inchangés. L’euphorie dans un contexte ponctuel ne doit pas occulter les perspectives de l’économie mondiale à plus long terme qui, depuis la crise de 2008, a pris du plomb dans l’aile. L’Europe est toujours en situation « d’indéflation » avec une croissance extrêmement faible et du côté des économies émergentes, ce n’est guère mieux : les taux augmentent dangereusement en Russie et au Brésil, la croissante de la Chine ralentit…
Pour Alan Greenspan qui dresse un tableau bien sombre de l’avenir de l’économie mondiale, le message est clair : « Le dénouement sera douloureux, achetez de l’or. » L’ancien patron de la FED n’était pourtant pas connu pour ses positions favorables sur l’or durant son mandat de 1987 à 2006.
C’est un avertissement sans appel qu’il a lancé à la FED sur sa politique monétaire hyperinflationniste lors d’un discours prononcé la semaine dernière. Son intervention a été reprise par les plus grands titres de la presse économique américaine. Selon lui, il ne sera pas possible pour la FED de se défaire de sa politique monétaire ultra-accommodante sans provoquer des turbulences sur les marchés financiers.
Dans l’édition 547 du Contrarien, Charles Sannat revient sur les propos de Greenspan et commente : « Les marchés sont pour le moment heureux, béats de joie face à cet afflux d’argent-Monopoly qui va leur permettre à tous de jouer encore un peu. Combien de temps ? Nul ne le sait et d’ailleurs, finalement, cela n’a aucune importance dans un monde où le seul horizon de temps se compte en heures que dure une séance boursière. »
Comment l’or peut-il jouer son rôle de valeur refuge ?
Quand l’euphorie se sera retirée comme la mer avant un tsunami et que les bourses s’effondreront à nouveau, le cours de l’or remontera mécaniquement, compensant (pour ceux qui en auront) les pertes générées par le prochain krach boursier. L’or a magnifiquement joué ce rôle d’assurance incendie au plus fort de sa valeur en 2011, en épongeant les moins-values boursières.
Le cours de l’or peut-il encore baisser ? Oui s’il continue d’y avoir trop de ventes à découvert. Et alors ? Pour reprendre l’image de la mer qui se retire avant le tsunami, si la baisse de l’once se répercute sur le prix des pièces d’or d’investissement, il faut en profiter pour en acheter comme on irait ramasser les trésors qui jonchent les fonds marins à découvert.
L’or est l’enfant de Zeus, ni les mites, ni la rouille le dévorent
Disait le poète grec Pindare au 4e siècle av. J.-C., 6 000 ans que l’Humanité lui fait confiance, qu’il sert de monnaie de change, de valeur refuge, qu’une once achète à peu près les mêmes produits et que sa valeur ne se dément pas.
… Contrairement aux monnaies papiers qui sont vouées à une mort certaine. Les articles que nous avons rédigés à ce sujet ne manquent pas. Les ouvrages sur le sujet non plus, qu’il s’agisse du Retour au standard or, du professeur Antal Fekete, de L’effondrement du dollar et de l’euro et comment en profiter, de James Turk et John Rubino, de La crise financière française de 1789-1799, d’Andrew Dickson White qui raconte l’émission de la première monnaie papier avec les assignats, et comment elle conduisit à la crise première financière sous la Révolution française…
Le dernier ouvrage paru à ce sujet est 666, de Pierre Jovanovic qui explique sur fond d’Apocalypse que « la planche à billets américaine va amener les banques à leur faillite et déclencher la grande révolte des peuples » (éditions Le jardin des Livres).