Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Vous aimez le lapin ? Moi j’aime bien le lapin, c’est mignon, c’est tout doux, on peut récupérer la peau et en faire des manteaux très chauds pour l’hiver (vous verrez ce sera hyper à la mode lors de la collection automne/hiver 2020 lorsque tout le monde sera complètement fauché). En plus ça se mange et franchement bien cuisiné, en sauce c’est excellent (vous devriez goûter le lapin de ma femme).
Pourquoi je vous parle du lapin ? C’est vrai que les poules aussi c’est pratique, ça produit des œufs tous les jours et vous pouvez les nourrir avec n’importe quoi ou presque. C’est pour ça que vous pouvez investir dans quelques clapiers et lapins et un beau poulailler tout neuf. Moi je vous dis ça c’est pour que vous ne mourriez pas de faim.
Donc je vous parle de tout ça, parce qu’en plus le lapin c’est l’instrument des magiciens. Mon préféré c’était Garcimore. Qu’est-ce que j’ai rigolé et rêvé devant les spectacles de magie de notre Garcimore. Le problème c’est que vos grands mamamouchis se prennent définitivement pour des magiciens.
Ils vont faire disparaître votre argent dans leur chapeau et Hop… ils ne vous fileront même pas un lapin en échange, d’où l’idée que vous vous en chargiez vous-mêmes tant que le cours du lapin est abordable et que vous avez encore des sous à la banque.
L’heure est grave…
Je perçois un grand changement…chez ma femme figurez-vous et je pense que tous mes camarades contrariens doivent eux aussi percevoir ce changement chez leurs proches. Ce qui est vraiment bien avec cette affaire chypriote et son cortège de cacophonies inter-gouvernementales c’est que cela nous donne enfin raison dans les faits auprès de notre entourage.
Et oui, depuis le temps que l’on essaie de dire, de montrer, de convaincre que l’on peut perdre son argent à la banque… non que l’on va perdre son argent à la banque, ça y est nous avons une preuve irréfutable à montrer à nos autruches. Et nos autruches commencent à avoir peur…
Evidemment l’affaire chypriote faisant un peu désordre, les mamamouchis souhaitant gagner un peu de temps, et comme ils ont été dépassés par une fronde partout en Europe sur leur idée géniale de taxer tous les dépôts même ceux que l’on avait vendus comme garantis au petit peuple, ils ont fait marche arrière sur ce sujet et taxé que les comptes de plus de 100 000 euros. Ouf… tout le monde respire sauf les plus riches (plus de 100 000 euros eux ils pleurent, mais comme ils ne sont pas nombreux tout le monde s’en fiche).
La zone euro pouvait retrouver sa sérénité lundi matin, l’Europe avait encore été sauvée et les marchés boursiers étaient orientés à la hausse comme tous les jours depuis plus d’un an (personne n’a encore pu avancer une explication plausible du type « la croissance économique est tellement forte que la croissance des bénéfices est exponentielle »)
Tout le monde pouvait se remettre à vaquer à ses saines occupations d’enrichissement personnel et tout d’un coup patatras… la bourse dévisse, les marchés s’effondrent… Que se passe-t-il donc ?
Je vous donne l’explication pour ceux qui n’auraient pas suivi. Avant le Président de l’Eurogroupe c’était Jean-Claude Juncker (en plus c’était facile à prononcer). Maintenant c’est un petit nouveau. Il vient de prendre le poste, et il s’appelle Jeroen Dijsselbloem (non seulement plus personne n’arrive à éternuer son nom mais en plus il dit des bêtises).
Pourquoi les banques européennes se sont soudainement effondrées ?… à cause de la vérité !
C’est donc un article des Echos, qui reprend une dépêche Reuters et qui est à mourir de rire, qui nous explique
« Sur les marchés, une déclaration maladroite peut effacer d’un coup les fruits d’un compromis bien accueilli. Les Bourses européennes en ont fait l’expérience lundi. Le plan de sauvetage de Chypre, obtenu à l’arraché dans la nuit de dimanche à lundi, semblait avoir soulagé les investisseurs dans un premier temps. En Asie comme en Europe, les places financières saluaient cet accord par des gains de 1% à 2%. Las, la tendance s’est subitement inversée lundi l’après-midi. Les banques se sont effondrées, entraînant avec elles les grands indices européens : Paris a perdu 1,12 % en clôture et Milan 2,5 %, alors que des rumeurs de dégradation de la note de l’Italie par Moody’s circulaient dans le même temps. L’euro a glissé à 1,2830 dollar, un plus bas depuis quatre mois ».
A ce stade de l’histoire il faut que vous compreniez bien que les « zinvestisseurs » qui travaillent sur les marchés comprennent très vite les choses à condition de leur expliquer très longtemps. Ils ont la « comprenette difficilette » malgré leurs beaux costumes sombres et leur bonus de fin d’année. Comme ils font tous la même chose que le voisin pour que personne ne leur reproche de prendre des risques en faisant quelque chose de différent… ils ne réfléchissent plus beaucoup (ce qui doit démystifier les traders). Bref les échos poursuivent donc l’histoire.
« A l’origine de ce décrochage, il faut voir les propos tenus par le président de l’ Eurogroupe , le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem. Celui-ci a déclaré dans une interview à Reuters et au Financial Times que Chypre représentait un nouveau modèle de résolution des crises bancaires dans la zone euro. « Si une banque ne peut se recapitaliser elle-même, alors nous discuterons avec les actionnaires et les créanciers obligataires, nous leur demanderons de contribuer en recapitalisant la banque et, si nécessaire, nous le demanderons aux détenteurs de dépôts non garantis ».
Et la panique à bord. Hein ? Quoi ? Nous les banquiers on ne bénéficierait plus d’un sauvetage systématique et inconditionnel de la part de tous les états, quitte à ruiner les nations ? Quoi ? Nous risquerions de nous faire virer comme un malpropre et comme le dernier des banquiers chypriotes ? Impensable.
Résultat évidemment là ils connectent les deux neuronnes qu’ils leur restent et finissent par piger après un effort intense de réflexion que ce n’est pas bon, mais alors pas bon du tout pour leur avenir.
Que n’est-il pas allé dire le Dijsselbloem ! Chypre est un cas spécifique. Chypre est un cas spécifique. Chypre est un cas spécifique. Chypre est un cas spécifique… Elève Dijsselbloem vous nous le répéterez 1 fois par euro prêté à Chypre ce qui fait environ 10 milliards ce qui devrait vous occuper jusqu’à la fin de votre mandat…Nan mais ! Fermez le ban, tout va bien.
Démenti et critiques !
Le président de l’Eurogroupe a corrigé ses propos dans la soirée. Dans un communiqué de deux phrases, il a assuré que « Chypre était un cas spécifique », que tous les plans d’aide sont faits « sur mesure » en fonction de la situation de chaque pays et qu’il n’existe aucun « modèle ». Il faut dire que les mamamouchis lui ont vite envoyé une éminence grise pour le reprendre en main et lui pondre fissa un communiqué officiel.
Ensuite est venu le temps des critiques. Le pauvre. Il n’a fait que dire la vérité et ce qu’il avait compris…
« M. Djisselbloem a eu tort de dire ce qu’il a dit », a jugé mardi matin Benoit Coeuré, membre du directoire de la BCE.
« L’expérience de Chypre n’est pas un modèle pour le reste de la zone euro, parce que la situation avait atteint une ampleur qui n’est comparable à aucun autre pays. La situation de Chypre est tout à fait unique. C’était une place financière offshore, ça n’existe pas ailleurs dans la zone euro ».
Ben tiens ! Et moi je suis le Pape ! C’est vrai que le Luxembourg n’est pas un paradis fiscal, de même que plusieurs îles anglo-normandes type Jersey, ou l’île de Man, que le Royaume-Uni n’est pas une place financière sur-dimensionnée, que la taille du bilan de la BNP n’est pas égale au PIB français, et je pourrais multiplier les exemples mais je n’ai pas envie d’être puni comme Dijsselbloem !
A ce stade ma femme ne se sent pas rassurée et hier elle a même eu du mal à s’endormir. Il faut dire que ma femme elle est plutôt du genre fourmi et écureuil qui prépare sa réserve de noisettes pour l’hiver. Elle est prévoyante ma femme. Elle n’est pas du tout vénale, disons que mettre des sous de côté cela réclame un effort, il faut quelque part se priver un peu, ce qui est normal. Et là… l’idée que l’on puisse venir lui piquer ses noisettes si chèrement mises de côté pour aider les enfants pour leurs études ou ce genre de chose, j’ai bien vu qu’elle commençait à avoir du mal à dormir (c’est elle qui voulait cette nuit à deux heures du matin me faire acheter de l’or, qui comme tout le monde le sait ne sert à rien). Bref…
Voilà qu’aujourd’hui c’est Michel Barnier le Commissaire (politique) européen au marché intérieur qui nous en remet une couche… et une très belle !
UE/Banques : La CE évoque une contribution des dépôts non-garantis
Je cite la dépêche Reuters : « Il n’est pas exclu qu’une nouvelle loi européenne prévoie la mise à contribution des dépôts bancaires de plus de 100.000 euros en cas de sauvetage d’une banque, a dit mardi la Commission européenne, tout en ajoutant que les dépôts inférieurs à ce seuil resteraient épargnés ».
« A aucun moment il n’est possible de faire contribuer des dépositaires de moins de 100.000 euros, ni aujourd’hui, ni à l’avenir, a précisé une porte-parole de Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur ».
Heureusement Michel Barnier et la Commission Européenne pensent à vous…
« Dans le projet de la Commission actuellement en cours de discussion, il n’est pas exclu que les dépôts de plus de 100.000 puissent être des instruments susceptibles d’être utilisés pour un sauvetage. C’est une possibilité », a-t-elle ajouté.
Alors il faut que vous compreniez que la Commission est en train de mettre un cadre légal pour autoriser une tonte généralisée des moutons européens…
C’est pour ça que je vous dis que si vous n’investissez pas dans les pièces d’or, achetez au moins quelques lapins… La grande ruine collective arrive.
Une petite dernière pour la route parce que je l’a trouve sublime…
« Il ne faut pas dire que (le sauvetage de Chypre) est un modèle parfait ou qu’il faudrait le réutiliser à l’avenir. Parce qu’on ne devrait pas se retrouver dans de telles circonstances avec notre système d’union bancaire intégré », a estimé la porte-parole, Chantal Hugues !
En gros ne vous inquiétez pas, car grâce à l’Union Bancaire il n’y aura plus jamais de problème donc l’affaire chypriote ne se reproduira jamais…
Et voilà le lapin ! Pour votre épargne vous repasserez plus tard…
Charles SANNAT
Lire l’article des Echos sur les raisons de l’effondrement des bourses lundi
Un article sur le site boursorama expliquant pourquoi les marchés retrouvent leur calme…
Lire un article sur le nouveau concept de « dépôts non garantis »….
1 commentaire sur “Votre épargne… abracadabra… et voilà un lapin!”
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