Ces dernières semaines, la Monnaie américaine a annoncé des records de vente pour ses Silver Eagle… et des chiffres tout aussi forts pour ses pièces d’or. Un succès qui est surtout révélateur d’une ruée vers les métaux précieux aux États-Unis. On est donc bien loin d’un recours à ces crédits qui caractérisent pourtant la culture américaine… mais toujours plus près d’une crise majeure où l’or et l’argent apparaissent comme des valeurs sûres.
Une once d’argent pour les pièces nord-américaines
Les Silver Eagle font partie des pièces plébiscitées par les investisseurs, au même titre que la Philharmonique de Vienne par exemple. La pièce américaine, comme la Maple Leaf canadienne, est une pièce d’une once (31,10 grs), avec un titre à 99,9 %. Frappée pour la première fois en 1986, on retrouve sur son avers un dessin d’Adoph Weinmann, la « Walking Liberty » qui ornait également les pièces d’un demi-dollar entre 1916 et 1947, accompagné de la devise américaine et du mot « Liberty ».
Sur son revers, l’aigle américain, symbole du pays, est représenté, ainsi que sa valeur faciale (un dollar). On y retrouve également quelques inscriptions, et notamment « 1 oz fine silver » pour rappeler son poids d’une once. Depuis 2000, les pièces d’un dollar sont frappées à West Point, dans l’État de New York. Au cours de leur histoire, elles ont également été frappées à San Francisco et Philadelphie.
Un dessin sur l’avers qui a traversé deux guerres mondiales et la Grande Dépression, ce n’est pas rien dans l’histoire des États-Unis ! La portée historique et symbolique de cette pièce, ainsi que sa pureté, son poids et sa finesse garantis par le gouvernement, expliquent sans doute le succès de la pièce auprès des Américains. Mais pas uniquement.
Silver Eagle : 2013, l’année de tous les succès ?
Au début de l’année 2013, la Monnaie américaine a suspendu un temps la vente de ses Eagle en argent. Non pas en raison d’une faible demande, bien au contraire… mais plutôt parce que les American Eagle en argent millésimées 2013 rencontraient un succès très important auprès des particuliers et des revendeurs. Si bien que l’US Mint a épuisé son stock en quelques semaines, et il a fallu attendre la fin du mois de janvier 2013 et la frappe de nouvelles pièces sur le site de l’US Mint à West Point pour pouvoir à nouveau satisfaire la demande.
Au nord, la Royal Mint canadienne a également restreint les ventes de ses pièces en argent quelques semaines plus tard, en février 2013. Une conséquence directe d’une demande encore plus forte, du fait de l’arrêt de la vente de la sœur américaine pendant quelques semaines, mais aussi une preuve du succès de l’autre pièce nord-américaine d’une once d’argent.
Pour l’US Mint en tout cas, 2013 aura été une année riche. Et même celle de tous les succès : en novembre, la Monnaie américaine a annoncé des records de vente pour l’année 2013. Un peu plus de 40 millions de pièces, soit 40 millions d’onces d’argent, ont été vendues au cours de l’année. La production des Silver Eagle sera arrêtée le 9 décembre. En attendant 2014 !
Des chiffres tout aussi élevés pour les ventes d’or
Pour connaître les raisons du succès de la Silver Eagle pendant l’année 2013, il faut tout simplement chercher du côté… du métal qui compose la pièce. Comme l’or, l’argent est une valeur sûre, incontournable en temps de crise. Étonnant aux États-Unis où le crédit a longtemps fait marcher l’économie, mais où les particuliers paient désormais très cher ces excès ! L’intérêt de l’argent est bien pourtant de présenter les mêmes garanties que l’or – un métal précieux qui ne perdra jamais de sa valeur intrinsèque –, mais à des budgets plus accessibles.
La Buffalo d’une once d’or est l’une des pièces américaines les plus fiables.
Les chiffres annoncés par l’US Mint cette année ne concernent d’ailleurs pas que l’argent, loin de là. Selon l’US Mint, 3 000 onces d’or ont déjà été vendues en novembre, et le cumul des ventes de pièces atteindrait donc près de 974 000 onces pour l’année, contre 857 500 en 2012. De quoi donner raison à Richard Peterson, le directeur de la Monnaie américaine, qui déclarait en juin 2013 : « la demande actuelle est sans précédent ».
La ruée s’expliquait alors très simplement par la baisse des cours de l’or de Bourse, et par une demande d’or physique d’investissement très forte, tournée vers des valeurs sûres comme les pièces d’or américaines de 10 et 20 dollars.
L’or, bien plus qu’un simple placement
« L’or est bien plus qu’un simple placement », titrait il y a quelques semaines Le Figaro.fr. Dans son article d’octobre, le quotidien évoque le rôle « de valeur refuge » du métal précieux, ainsi que « l’inquiétude liée à la persistance du blocage budgétaire américain et la baisse du dollar » qui ont poussé les cours à hausse, des cours « légèrement soutenus par les achats importants d’or (bijoux, pièces et lingots) effectués par des particuliers indiens et chinois ».
Boucliers de protection de l’épargne des particuliers, l’or et l’argent sont donc de plus en plus recherchés, sur fond de crise majeure en approche. « Nous ne sommes donc qu’au tout début d’une crise mondiale d’ampleur inégalée », estime d’ailleurs Stéphane Thongchai sur LesEchos.fr. « C’est en fait même à une véritable ruée vers l’or que nous assistons depuis la dernière chute brutale du métal à la mi-avril ».
Les chiffres de la Monnaie américaine tendraient donc à montrer qu’outre-Atlantique, les investisseurs et les particuliers ont bien compris la nécessité de se tourner vers des valeurs sûres. En France, même si la situation économique est loin d’être catastrophique en comparaison avec d’autres pays d’Europe, les métaux précieux sont aussi, plus que jamais, un placement d’actualité. Entre réforme budgétaire et augmentation des impôts, il est tout aussi temps d’entrer dans une logique de protection de l’épargne.