En Russie, le bilan économique de 2013 est l’un des pires de cette dernière décennie. La hausse du PIB n’a pas dépassé 2 %, les investissements dans le capital fixe ont diminué et le budget tend vers le déficit, écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Les indices macroéconomiques sont aussi bas qu’en 2009 mais à l’époque, la crise mondiale et les faibles cours pétroliers mondiaux– à peine plus de 60 dollars le baril – pouvaient l’expliquer. En 2013, les tarifs pétroliers étaient élevés (108-100 dollars), les puissances économiques mondiales ont repris le chemin de la croissance, mais l’économie russe a régressé vers la stagnation pour une raison que même les autorités semblent ignorer.
En 2013, le ministère russe du Développement économique comptait sur un rythme de croissance comparable à 2012. Mais après la mise à jour des statistiques trimestrielles le gouvernement a commencé à revoir ses pronostics à la baisse pour cette année – d’abord jusqu’à 2,4 %, puis jusqu’à 1,8 %. Ensuite, le gouvernement a annoncé qu’une croissance de 1,5 % en 2013 serait déjà une bonne chose. En décembre, le ministère du Développement économique réduisait encore ses prévisions à 1,4 %. Les investissements dans le capital fixe (-0,8 %) et la production industrielle (-0,1 %) ont également reculé.
« Le principal objectif du gouvernement, à court terme, est d’assurer la transition vers une croissance économique stable, du moins à un niveau supérieur à 5 % du PIB. Il faut y aspirer et parvenir à une croissance stable du bien-être des citoyens russes », avait déclaré le premier ministre Dmitri Medvedev lors d’un forum économique en janvier 2013. Ces propos du premier ministre s’appuyaient sur les calculs des économistes et n’étaient pas le fruit de l’inconscience du gouvernement – une croissance de 5-6 % était considérée comme une condition nécessaire de développement par d’autres experts. Les décrets du président Poutine pour la création de 25 millions d’emplois productifs, sur l’augmentation de la productivité du travail de 50 %, etc., ne sont en effet applicables que si la croissance du PIB est supérieure à 6 %, comme en témoignent les estimations de l’Institut de prévision de l’économie nationale de l’Académie des sciences de Russie. Le conseiller du président Sergueï Glaziev affirmait même que la croissance du PIB ne devait pas être inférieure à 8 % par an. Au final, la réalité est très loin des attentes des dirigeants.
Le ralentissement de l’économie a provoqué un arriéré fiscal et des problèmes flagrants de réalisation des plans budgétaires. Les prévisions budgétaires ont dû être réduites pour la première fois depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir et il a fallu expliquer à la population cette réduction par des causes extérieures. « L’économie mondiale est actuellement en déclin et l’économie russe suit cette tendance. Cela signifie qu’étant donné son rythme de croissance inférieur aux pronostics, il n’y aura pas non plus de revenus, alors que nous avons déjà prévu un programme de dépenses budgétaires en partant de la croissance économique supposée plus tôt. Alors que faire ? Aujourd’hui, le gouvernement est face à un choix difficile, au préalable il faudra déjà partir des réalités et réduire quelque part nos dépenses », avait déclaré le président en septembre.
En fin d’année, beaucoup de citoyens et de spécialistes ont l’impression que les autorités ne comprennent pas les causes du ralentissement brusque de l’économie et ignorent comment la relancer. Dans son allocution devant l’Assemblée fédérale, le président avait énuméré les « nouveaux facteurs de développement » : la haute qualité de la formation professionnelle et la souplesse du marché du travail, le climat d’investissement favorable et les technologies modernes. Mais son conseiller, l’ex-ministre Andreï Belooussov, est préoccupé par d’autres sujets : mi-décembre il a appelé à analyser « pourquoi les mesures de soutien de la croissance économique ne fonctionnent pas » et pourquoi les taux d’intérêt, qui freinaient l’activité d’investissement, ne baissaient pas.