Pour ceux qui s’intéressent au « peak oil », c’est-à-dire au « pic pétrolier » en français, à savoir la fin ou en tout cas la raréfaction importante de la production de pétrole et de gaz dans le monde, c’est une information capitale qui vient de sortir il y a quelques jours et relayée par l’Agence de Presse RIA Novosti.
En effet, d’ici à peine quelques années, la production russe va décliner fortement. Alors certes, cela va poser des problèmes budgétaires immenses à la Russie, mais cela va surtout poser de très grands soucis pour l’approvisionnement mondial en énergie fossile alors que les gaz de schistes aux USA montrent très clairement leur limite d’exploitation et de rentabilité.
Bref, nous sommes dans une impasse énergétique dès demain. Pas dans un siècle. Maintenant. Il faut donc se préparer à l’après-pétrole. Lorsque j’affirme que la terre agricole ou en tout cas une maison à la campagne sera le meilleur des investissements des 30 prochaines années…
Cela dit, jusqu’au dernier moment, on vous dira qu’il n’y a rien à craindre et qu’il y aura assez de pétrole pour tous… jusqu’au jour où vous serez très heureux de vous installer définitivement dans votre maison de campagne.
Charles SANNAT
Dans dix ans la Russie ne pourra plus produire autant de pétrole qu’aujourd’hui, avertit le ministère des Ressources naturelles. La production pourrait effectivement baisser de plusieurs dizaines de millions de tonnes selon les évaluations des experts, écrit vendredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Une baisse de la production pétrolière est envisageable, confirme Roustam Tankaev de l’Union des producteurs pétroliers et gaziers. « La majorité des revenus budgétaires russes provient des taxes sur les exportations pétro-gazières et il y a donc un risque que les programmes sociaux soient bloqués et que les impôts augmentent pour couvrir le déficit de l’État. Cela se traduira par une augmentation des prix et, par conséquent, se répercutera sur la population », prévoit l’expert.
Cette éventualité a également été évoquée par Sergueï Donskoï, ministre des Ressources naturelles, qui a toutefois précisé que les réserves actuelles suffiraient pour les trente prochaines années si des mesures étaient entreprises dans ce sens. Par conséquent tout n’est pas perdu.
Il faudrait ainsi maintenir la production à 500-600 millions de tonnes et initier des efforts pour une « utilisation et une inclusion efficaces des ressources ».
D’ailleurs, à l’automne 2013, les analystes d’HSBC ont calculé que dans 8 à 10 ans le budget russe perdrait annuellement jusqu’à 20 milliards de dollars en raison de la diminution de la production pétrolière. Sachant que pour HSBC le pic de production en Russie se situe en 2018-2019. Aujourd’hui, elle varie entre 500 et 600 millions de tonnes et selon les pronostics du ministère du Développement économique, elle devrait rester approximativement au même niveau.
Par ailleurs, selon Roustam Tankaev, l’état de l’économie américaine est le plus grand danger pour le secteur pétrolier et le budget russe. « Si tout s’effondrait en Amérique, le prix du baril pourrait chuter jusqu’à 20 dollars et ce serait une catastrophe mondiale car la baisse des revenus ne permettrait pas d’investir dans l’exploration de nouveaux gisements, ce qui entraînerait des baisses catastrophiques de production », a-t-il expliqué. Toutefois, l’expert est convaincu que la situation n’ira pas jusqu’à une fin aussi déplorable et qu’il existe une solution.
Quand on parle d’une production de 500 millions de tonnes, on fait référence au pétrole exploité par des méthodes traditionnelles. « Si tous les gisements actuellement en développement étaient dotés d’infrastructures, la production pourrait être portée jusqu’à 700 millions de tonnes par an. Les gisements plus réduits apporteront 20 millions de tonnes supplémentaires », selon les chiffres cités par Roustam Tankaev.
C’est justement le genre de gisement qui apparaît dernièrement en Russie. Selon les statistiques 56 gisements de pétrole ont été découverts en Russie en 2012, majoritairement de petite taille (entre 1 et 3 millions de tonnes de pétrole) et quelques gisements moyens (entre 3 et 30 millions de tonnes).
Mais le plus grand apport sera celui du pétrole non conventionnel – le pétrole de schiste et le pétrole de sable bitumeux qui sont abondants au Canada, au Venezuela et sur la côte russe de l’océan Arctique. Selon Roustam Tankaev, ce pétrole pourrait plus que doubler la production pétrolière.
Sans oublier les réserves technologiques, poursuit l’expert. « Aujourd’hui, le coefficient moyen d’extraction des gisements russes est de 0,37, autrement dit près de 63 % du pétrole reste sous terre. Des moyens relativement peu coûteux permettraient d’extraire jusqu’à 70 % du pétrole sur chaque gisement », conclut-il.