Bonjour à tous mes chers contrariens, je vous publie aujourd’hui une réaction agacée de notre camarade contrarien Benoît suite à l’Edito intitulé « j’accuse l’Allemagne et les collaborateurs ». Cette critique à laquelle j’apporte une réponse possède le grand mérite d’ouvrir le débat et de poser de vraies questions. Cela méritait une réponse.
« Monsieur, Bonjour,
Je reçois le « Contrarien Matin » et même les jours où l’emploi du temps est chargé, je le parcours car la différentes nouvelles sont intéressantes et présentées sous un jour plus « instructif » que dans les médias traditionnels qui nous servent la traditionnelle soupe habituelle, corsetés qu’ils sont dans le terrorisme intellectuel ambiant.
Je ne peux que vous rejoindre dans l’approche qui consiste à avertir des drames qui ne manqueront pas d’arriver.
Mais l’édito du 28 février me conduit à faire ce que j’ai déjà souvent envisagé de faire : vous demander comment vous pouvez tenir un tel discours socialisant alors que vous avez a priori une philosophie opposée à l’interventionnisme étatique. Cette fois c’était trop : du titre inutilement racoleur et presqu’indécent jusqu’au message d’attachement à la « stabilité sociale » française, en passant par la référence au disparu du jour, vous nous avez servi un paquet bien indigeste. La lecture de ce pamphlet dégoulinant de germanophobie de bazar en guise d’édulcorant m’a tétanisé, car comme toujours dans le cas de vos écrits, ce qui me choque le plus est ce mélange de lucidité dans la description de la situation et de consensus avec les tentations habituelles de notre société collectiviste et kolkhozienne.
Vos références à l’ineptie des conditions du Traité de Versailles ou votre clairvoyance sur la transposition à craindre, et peut-être en pire, de la situation grecque actuelle à la nôtre dans le futur, peut-être assez proche d’ailleurs, sont intéressantes et un excellent point de démarrage d’une réflexion.
Mes pourquoi tant d’outrances dans « l’Allemagne bourreau économique des peuples d’Europe » ou la montée du populisme en Italie. Rien que l’utilisation d’un standard de la novlangue comme populisme vous discrédite à coup sûr. Avant quand un politique obtenait beaucoup de voix, il était populaire ; mais quand les idées défendues ne sont pas dans la « pensée unique », cela devient populiste… « Mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au Monde » disait Camus. Il ne faisait que rejoindre Platon qui considérait que la perversion d’une société démarrait avec la fraude des mots. Comme quoi le sujet n’est pas nouveau !
Et c’est sans doute, comme d’habitude, sur le terme de libéralisme que les divagations sont les plus dramatiques. On a droit à tout : néo-libéraux, ultra-libéraux, et d’autres encore… Ne peut-on simplement revenir à la notion simple du libéralisme humaniste qui considère que chaque individu a en lui-même sa propre finalité et n’a besoin d’aucun groupe, d’aucune appartenance pour exister. Que son droit principal est sa liberté pleine et entière ; que sa propriété est son outil et qu’aucun individu ou ensemble d’individus n’a le droit de lui supprimer sa liberté. Mais que le corollaire de cette liberté est la responsabilité. Que le risque fait partie intégrante de la vie et qu’il doit être assumé et qu’il ne faut pas compter sur autrui pour cela. Que les droits de l’individu sont de se réaliser par soi-même ou dans des collaborations choisies et non de réclamer de la collectivité une assistance permanente.
Vous voyez venir des drames et je ne peux que partager votre analyse. Mais que vous considériez que l’assistanat extravagant de l’Etat-Providence est à sauvegarder me paraît tout simplement aberrant : c’est justement la cause de notre décadence ! Et vous reprochez à l’Allemagne de supprimer cela. D’une part, c’est lui faire bien trop d’honneur de la croire capable d’influer à ce point sur le sort de notre pays. D’autre part, notre pays ne pourra pas survivre en conservant ce système pourri qui ne fonctionne que par le clientélisme d’une classe politique aussi incompétente que corrompue, qui continue à accorder sans discernement des avantages et des prébendes aux populations qui lui donnent leurs voix.
Pourriez-vous m’expliquer en quoi cela est un progrès que ce soit l’Etat qui fasse rouler les trains ou qui fournisse l’eau ? Pourriez-vous m’expliquer en quoi il y a un intérêt stratégique à souffrir ainsi un syndicalisme caricaturant le collectivisme à son seul profit ? Une administration pléthorique bardée d’avantages indus ? Des agents EDF partant à 55 ans avec des retraites payées par les usagers grâce notamment à une Contribution d’Acheminement Territorial, c’est-à-dire une cotisation déguisée sous un nom bizarre (ne pas nommer correctement les choses…) ? Un nombre sans cesse croissant de professionnels des avantages sociaux ? Une fiscalité débordante à tous points de vue ? Avec malgré tout une police d’une inefficacité légendaire sauf pour les délits automobiles ? Et une Justice lamentable qui n’a pas encore su reconnaître que le monopole de la Sécurité Sociale avait vécu ?
Cela sans doute aussi vous le soutenez ? Cette Sécurité Sociale sortie de la Résistance… Cette notion vague permettant toutes les extrémités sous prétexte qu’on a soi-disant combattu les hordes de la barbarie nazie. C’est sans doute pour cela que vous prenez comme figure de proue, à l’instar de toute la presse stipendiée par le système en place, une personnalité ointe de ce véritable sacrement. Je n’ai rien de particulier contre Stéphane Hessel et ne peut que souhaiter la Paix à son âme. Mais qu’a-t-il fait pour rétablir la vraie Justice dans notre pays. Celle qui voudrait que chacun reçoive à hauteur de ce qu’il fait, et qu’il n’ait pas à supporter le poids de notre système ultra-collectiviste.
Ce dernier va exploser, ou plutôt imploser. Et effectivement, les malheurs seront grands. Des populations entières vont souffrir de biens des maux qu’ils n’ont jamais seulement imaginer. Les structures fondamentales vont disparaître, ou plutôt nous allons constater enfin leur disparition qui a eu lieu depuis belle lurette. Car la décomposition et la déliquescence sont notre lot depuis longtemps : le spectacle de l’Education dite nationale ou de notre système de Santé devrait pourtant nous alerter…
Mais, voilà, même vous qui êtes adeptes de la « relique barbare », une valeur pourtant bien ancienne, vous nous servez régulièrement vos messages de sauvegarde des mesures sociales, des retours des frontières et du protectionnisme, de mépris pour les tendances libérales… Je ne parle pas du pseudo-libéralisme qui permet aux groupes industriels de bénéficier du carcan étatique pour nous filer de l’agro-alimentaire de merde et de la pharmacie nocive, avec la bénédiction des administrations persuadées qu’elles agissent pour le bien commun. Je vous parle du libéralisme originel qui empêche l’Etat de nous dire comment vivre, comment manger, comment éduquer nos enfants, comment nous soigner, quitte à prendre des mesures de coercition en désaccord total avec les principes d la Déclaration des Droits de l’Homme. Cette Déclaration dont tout le monde parle mais que personne ne semble avoir lue !
Et là, vous allez jusqu’à louer comme « valeur stratégique de la France » sa « stabilité sociale ». Pauvre de nous ! Vous avez pourtant dû vous intéresser à l’école autrichienne d’économies, aux écrits de Frédéric Bastiat. Comment pouvez-vous en arriver à ce délire ?
Monsieur, j’ai pris un peu de temps pour faire cette réponse. Encore une fois, vos réflexions m’ont souvent choqué. Là c’est davantage de l’écœurement qui m’a motivé. Vos éditos en prenant le contre-pied de la présentation officielle des évènements permettent parfois de passer un moment rafraîchissant. Cela n’arrive pas toujours aussi souvent que je le souhaiterais. Mais franchement là… c’était trop. Vous vous en fichez peut-être royalement mais si votre ligne éditoriale reste identique, je pense que je me désabonnerai. On nous sert suffisamment d’inepties par ailleurs…
Vous râlez quand vous pensez que les autres disent des conneries : pour un coup, c’était mon tour…
Bonne lecture. Bien cordialement. »