Les Français et l’épargne : pour eux, l’or n’est pas mort

Le baromètre publié en novembre par la société AuCOFFRE.com et Ifop révèle que l’or est toujours une perspective d’investissement prise en compte par les Français. Il est aussi révélateur de paradoxes dans le comportement des Français, à la recherche de placements à la fois rentables et sécurisés. Le baromètre fait aussi ressortir des modifications importantes de l’image qu’ils ont de plusieurs produits financiers, d’épargne comme d’investissement.

Les tendances de l’épargne

Selon les résultats du sondage, l’or reste le 4e placement préféré des Français.
– 16 % des personnes interrogées possèdent de l’or d’investissement et pensent que celui-ci pourrait occuper jusqu’à 18 % de leurs placements.

– Pour 68 % d’entre eux, l’or est une des meilleures valeurs refuge et près de 2/3 des Français (60 %) pensent que ce n’est pas un placement à risque.

– Près de la moitié (46 %) des Français pensent que conserver ses économies dans l’or est une bonne chose (seulement 30 % dans les actions et 26 % dans les obligations).

– Pour 43% d’entre eux, l’or pourrait être une meilleure monnaie que l’euro ou que le dollar et un tiers des Français (34 %) pensent que l’or est la monnaie qui nous manque.

Pourtant, parallèlement, les Français sont plus nombreux, par rapport à novembre 2013, à penser que c’est une bonne chose :
– d’investir dans une assurance vie (64 % contre 51 % en novembre 2013) ;
– de déposer son argent sur un compte bancaire (59 % contre 51 % en novembre 2013).

Tableau de l'épargne des Français - AUCOFFRE.com/Ifop

Tableau de l’épargne des Français – AuCOFFRE.com/Ifop

Une tendance corroborée par les données de cet article paru sur le site de l’AGEFI le 25 novembre dernier :
« L’année 2014 marque une rupture dans les habitudes d’épargne des Français. Si l’assurance vie maintient son attrait, la politique de taux zéro en zone euro crée un basculement dans la famille des produits bancaires. Le plan d’épargne logement (PEL), servi par un taux de rémunération brut de 2,50 % exonéré d’impôt et devenu très attractif, enregistre des records de collecte, bien que sa durée de placement initiale soit de 4 ans. À l’inverse, le Livret A a de grandes chances de finir l’année en décollecte, une première depuis 2005. »

Une tendance également révélée par une cartographie de l’Autorité des Marchés Financiers (l’AMF) en juillet 2014 sur Les Risques et tendances sur les marchés financiers et pour l’épargne. Si l’on observe une baisse marquée des flux de placements financiers des ménages en 2013, ces deniers continuent de marquer de l’attrait pour l’assurance vie et les dépôts bancaires.
Selon l’étude, « simultanément, le marché de l’assurance vie, délaissé en 2012, s’est stabilisé début 2013 renouant sur l’ensemble de l’année avec une collecte positive d’un niveau toutefois plus modeste que ceux des collectes antérieures à 2010 ».

Explications
« Dans l’ensemble, confrontés à un environnement économique difficile et à la mise en œuvre de réformes affectant notamment l’épargne réglementée et les produits d’assurance vie, les ménages ont conservé un comportement prudent en 2013. Depuis 2010, les mouvements de réallocation du portefeuille financier des ménages ont plus particulièrement affecté les flux d’épargne financière dédiés à l’assurance vie et aux fonds de pension ainsi que ceux affectés aux produits d’épargne bancaire (dépôts et liquidités). »

Assurance vie : attention danger !

Ce regain d’intérêt pour l’assurance vie ne doit pas faire oublier que le placement ne bénéficie pas d’autant d’avantages fiscaux qu’il y a 5 ans et présente des rendements en baisse pour les fonds en euros qui avoisine environ 3 %.
Qui place ses économies dans une assurance vie ? Une population vieillissante. Les compagnies d’assurance vie devront faire face à une décollecte structurelle pour financer des compléments de retraite et les dépendances des seniors.

L’assurance vie présente deux risques majeurs :
– Un risque de contrepartie, c’est-à-dire de faillite de la compagnie d’assurance vie auprès de laquelle vous avez confié votre épargne.
– Un risque de liquidité des obligations détenues pouvant entraîner un gel d’une durée indéterminée de vos fonds.

Enfin, c’est de l’argent bloqué inaccessible pour une durée indéterminée. Il est donc plus prudent de racheter les contrats détenus, sauf raisons fiscales particulières, et d’éviter d’y souscrire actuellement.

Les Français en quête de sécurité et de solutions qui rapportent

Crise oblige, les Français cherchent des solutions rémunératrices et sécurisées, comme le souligne cet article de La Croix du 09 décembre :
« Pour choisir leur produit de placement, les Français tendent à privilégier la sécurité et le rendement, ce dernier critère ayant fortement progressé sur les quatre dernières années, selon le baromètre. Viennent ensuite la disponibilité et la fiscalité. »Dans ce contexte de sécurité et de rendement, on se tourne naturellement vers l’assurance-vie », explique M. Magron, ajoutant qu’en moyenne les épargnants détiennent 2,5 produits. »

Si le baromètre AuCOFFRE.com révèle les Français perçoivent l’or en tant que placement sécurisé, on se doute que le métal précieux n’est pas forcément apparu comme une solution très rémunératrice depuis 2013. Le matraquage intempestif de la presse à son encontre et le trouble semé par des soupçons évidents de manipulation des cours des métaux précieux y sont pour beaucoup.

Comme l’explique avec beaucoup de limpidité cet article de La Tribune, le marché de l’or est déboussolé, pris en étau entre les intérêts occidentaux et les BRICS. Il est donc normal que les Français soient en repli par rapport à l’or : en novembre 2014, 46 % des personnes interrogées pensent que c’est une bonne chose d’acheter de l’or, contre 53 % en novembre 2013.

Rétablissons la vérité sur l’or

Il ne faut pas oublier que :
– L’or a continué de performer en euros en 2014, il faut arrêter de compter en dollars !
Nous vous expliquions pourquoi dans ce dossier du 26 septembre « Cours de l’or, prix du diamant… pourquoi en euros ? ». En euro, les baisses sont beaucoup plus amorties qu’en dollars.
– L’or est gagnant sur le long terme. L’or caracole aujourd’hui à environ 986 € alors que son cours avoisinait les 300 € en janvier 2000… Les contrariens qui possèdent de l’or physique depuis cette époque doivent doucement s’amuser à la lecture des multiples articles annonçant la fin de l’or…

Enfin, nous rappelons aussi que si proche des coûts de production et d’extraction, l’or ne peut pas soutenir de nivellement par le bas éternellement, d’ailleurs il remonte bien cette semaine, et qu’il ne vaudra jamais zéro ou moins quelque chose, contrairement aux actions et aux obligations.

Que nous réserve l’or ?

Ce n’est pas bien difficile à savoir. Écartons-nous du chemin tortueux de son cours papier sur les marchés truqués pour nous concentrer sur les fondamentaux de l’économie mondiale et ceux de l’or et ceux et mettons les en parallèle.

Résumons, où en est-on aujourd’hui ? « Le Cac 40 plie avec le pétrole et la Grèce, recul attendu à New York », « Wall Street ouvre dans le rouge, des stats pèsent », « Wall Street ouvre sur la défensive en plein plongeon des prix du pétrole »… Voilà en substance les nouvelles du jour…

Le 17 octobre, nous publiions un dossier « L’effet boomerang de la crise » que nous pouvons sans problème remettre à l’ordre du jour où il était question de flop des marchés (« probablement un signe avant-coureur de répliques sismiques qui vont aller en s’intensifiant »), d’Europe en bout de course et de la situation pas très brillante de la France… Rien de neuf depuis.

La conclusion reste la même : « En 2008, au plus fort de la crise, lorsque le cours de l’or dévissait lui aussi, la prime du Napoléon s’est envolée et son prix aussi. Face à une réplique imminente de la crise, il convient de se « débancariser » le plus possible avant que votre épargne continue d’être spoliée, en plus d’une baisse évidente du pouvoir d’achat. Il existe des solutions : cartes de paiement hors-circuit bancaire comme la Vera Carte, épargne en or hors banque donc non confiscable… Et diversifiez autant que possible dans des produits tangibles ! »

Ce qui est à redouter, c’est que, comme d’habitude, la majorité des gens – non contrariens – finissent par se rappeler le rôle de l’or lors de chaque pic de crise : réserve de valeur, valeur refuge, unité de compte, monnaie…

Cependant, on voit que les Français manifestent toujours une grande confiance dans l’or à travers ce sondage effectué sur le Référendum Suisse :
68 % des Français sont d’accord pour que la Banque de France détienne 20 % de ses actifs en or physique et 56 % des personnes interrogées veulent même interdire les futures ventes d’or détenu par la Banque de France !

Ce qui prouve qu’ils ont bien compris les fonctions essentielles de l’or et qu’ils doivent franchir le pas pour l’appliquer à leur épargne.