J’apprécie tout particulièrement cet exercice annuel auquel se livre la Saxo Banque. Non pas qu’être pessimiste doit être une valeur en soi, mais tout simplement diriger c’est prévoir, et prévoir l’impossible, prendre ses précautions, se préparer devrait être la norme. On s’en veut rarement d’avoir pris trop de précautions et comme avec nos assurances habitations que nous payons chaque année à fonds perdus, nous espérons bien tous ne pas avoir à nous en servir. Je ne veux pas que ma maison brûle, quand bien même cela ne me coûterait rien.
En ce qui concerne plus spécifiquement l’éventuel départ de Mario Draghi de la BCE, disons simplement et pudiquement qu’il est de plus en plus souvent évoqué. Cela ne présage en rien du futur, mais occulter ces rumeurs ou cette possibilité n’est pas une bonne chose non plus et je vous renvoie à mon édito d’il y a quelques jours pour ce sujet précis.
Charles SANNAT
« Lorsque les marchés sont incertains, il peut être utile de penser en dehors des cases. C’est l’objectif des 10 scénarios qui nous avons élaborés cette année.
Les prévisions chocs de Saxo Bank ont été réalisées par l’équipe de recherche de Steen Jakobsen, chef économiste de Saxo Bank.
Un défaut russe, un krach du marché immobilier britannique ou encore une éruption volcanique qui décime les récoltes… nous avons tenté d’allier le brillant à l’étonnant afin de vous permettre d’envisager l’avenir des marchés d’un œil nouveau.
Cette démarche nous semble indispensable pour tout investisseur avisé. Afin d’avoir une stratégie d’investissement gagnante en 2015, il est intéressant d’étudier de près ces différents scénarios car, nous l’avons vu cette année, nos prévisions chocs peuvent malheureusement devenir réalité. »
Mario Draghi quitte la BCE
Le terme du mandat de Mario Draghi comme président de la Banque centrale européenne (BCE) est loin d’être achevé mais son temps est peut-être compté, si la récente recrudescence de rumeurs et de fuites devient la nouvelle manière de faire à Francfort. Draghi a probablement atteint la limite de ce qu’il peut faire en se contentant de « parler au marché ». Il est généralement admis que l’économie européenne actuelle est si faible qu’un quantitative easing de la BCE est presque acquis. Mais Mario Draghi pourrait être obligé de quitter la scène pour que ce programme soit mis en œuvre.
C’est presque la théorie des jeux : le président de la BCE a atteint sa limite alors que dans son pays, le président Napolitano veut s’en aller d’ici juin 2015. Le premier ministre Renzi, qui dirige un gouvernement minoritaire, a besoin d’une personnalité largement acceptée pour remplacer un président populaire, mais vieillissant, car le parlement italien requiert une majorité des deux tiers pour soutenir le candidat.
La réelle surprise de l’année prochaine pourrait-elle être que Renzi et Napolitano demandent à Draghi de revenir au bercail ? Super Mario pourrait être l’homme providentiel pour sauver le processus de réformes et assurer un mandat clair afin que l’Italie avance enfin. Ce départ permettrait à Jens Weidmann de prendre la présidence de la BCE à la faveur d’un échange de bons procédés voyant la Bundesbank autoriser un programme « light » d’assouplissement quantitatif, à condition qu’il soit sous la supervision d’un président allemand, et pas d’un membre du « Club Med » ?
La politique est l’art du compromis et ce compromis pourrait bien être exactement ce dont l’Europe a besoin pour accepter un QE de manière tardive – trop tardive, mais comme on dit dans les cercles macroéconomiques, imaginez que nous ne l’ayons pas fait.
Source Saxo Banque ici