Les choses commencent à se préciser et il risque d’être de plus en plus difficile de masquer les véritables problèmes économiques qui se posent à l’Europe.
Il n’y a non seulement pas de reprise mais au bout de 7 années de crise, c’est bien une nouvelle récession qui se profile alors que les dettes souveraines sont monumentales et qu’il n’y a plus de marges budgétaires pour faire face à de nouvelles difficultés.
Préparez-vous.
Charles SANNAT
MOSCOU, 3 septembre – RIA Novosti
Le service allemand des statistiques a annoncé que l’économie du pays était en recul au deuxième trimestre 2014, écrit mercredi le quotidien Novye Izvestia.
Étant donné que la situation est encore pire en France et en Italie (deuxième et troisième économies de la zone euro derrière Berlin), on peut bien parler d’un retour de la crise économique – à laquelle les dirigeants de l’UE avaient pourtant dit adieu il y a peu. Cette situation difficile s’explique essentiellement par les sanctions occidentales contre la Russie et pourrait provoquer un conflit entre l’Allemagne et d’autres pays de l’UE, qui seront certainement soutenus par la Banque centrale européenne (BCE).
Le service fédéral des statistiques Destatis a annoncé une réduction du PIB allemand de 0,2 % en avril-juin. Certes, on ne peut pas encore parler de récession, mais c’est un signal très inquiétant et inattendu pour la zone euro et l’Europe en général. Notamment après un premier trimestre actif pendant lequel l’économie allemande a affiché une progression de 0,7 %. La hausse du PIB de 1,2 % au deuxième trimestre par rapport à la même période en 2013 est une maigre consolation pour Berlin.
L’Allemagne a été touchée par les sanctions contre la Russie et de nouvelles mesures pourraient être adoptées à son encontre dès cette semaine. Les sanctions contre Moscou ont particulièrement affecté les compagnies allemandes, qui ont toujours entretenu des liens très étroits avec la Russie. La hausse de la consommation intérieure – 0,1% – s’est avérée trop faible pour compenser les pertes, dues en particulier à une réduction des échanges commerciaux de 0,2 %. Ou encore la réduction du capital de base de 0,2 % et des investissements dans la construction de 4,2 %. Les analystes de la société Markit estiment que l’indice des directeurs d’achat (PMI) diminuera pour passer de 52 en juillet à 51,4. Berlin n’avait pas connu de PMI aussi bas depuis un an. Un indice inférieur à 50 serait synonyme d’un début de récession.
Ces statistiques sont une mauvaise surprise pour Bruxelles. Les dirigeants européens parlent depuis un an de la sortie de crise comme d’un fait accompli. Mais la réalité montre que ces déclarations optimistes sont très exagérées. Cette année, la France a failli être officiellement inscrite comme « malade de l’Europe ». Le PIB français ne se réduit pas mais n’affiche pas une hausse pour autant alors que le chômage, lui, enregistre de nouveaux records de jour en jour. La situation en Italie est encore pire : on y assiste au début de la troisième récession en cinq ans. Le chômage en Italie a atteint 12,6 %, sachant que 43 % des jeunes n’ont pas d’emploi.
Quand les affaires des plus grandes économies européennes vont mal, elles vont forcément mal pour la zone euro dans son entier, même en dépit de certaines améliorations constatées en Grèce et en Irlande. L’activité de l’industrie de transformation de la zone euro a ralenti plus brusquement que ne le pensaient les experts en août. Le PMI de la zone a baissé en août jusqu’à 50,7 contre 51,8 en juillet. L’inflation a atteint un seuil extrêmement dangereux – 0,4 %.
Le président de la BCE, Mario Draghi, semble être prêt au conflit avec l’Allemagne, où se trouve d’ailleurs le siège de l’organisation à Francfort. Lors d’un discours aux USA la semaine dernière, il a lancé un camouflet à Berlin, déclarant qu’il était temps de renoncer aux recettes de sauvetage proposées par l’Allemagne – c’est-à-dire des mesures d’austérité. Draghi avait déjà annoncé à plusieurs reprises le lancement, en automne, d’un programme d’achat d’importantes quantités d’obligations des pays en difficulté, ce qui irait à l’encontre de la politique de réduction des dépenses publiques. Mais on ignore si cela aidera vraiment à tirer la zone euro de la récession ou si des centaines de milliards d’euros disparaîtront ainsi dans le trou noir de la crise.