Voici un appel à témoin du journal Le Monde qui vaut son pesant de cacahuètes :
« Les soldes ouvrent mercredi. Votre façon d’acheter des vêtements a-t-elle changé ?
Le coup d’envoi des soldes d’été sera donné mercredi. Après les multiples accidents dans les usines textiles, notamment celui du Rana Plaza au Bangladesh, accordez-vous plus attention à la provenance des produits, notamment textiles, qu’avant ? Êtes-vous prêts à payer plus pour un vêtement de fabrication « éthique » ? Ou recherchez-vous toujours le moins cher ? Cherchez-vous, désormais, à en savoir plus sur les conditions de confection des vêtements ? »
Tout d’abord, l’information étant ainsi faite, nous avons déjà tous oublié les 1 000 malheureux morts sous les décombres de leur usine pour que nous puissions acheter des produits textiles fort cher et qui permettent simplement à quelques multinationales de se gaver sur le dos d’esclaves modernes côté production.
Coté consommateurs, nous n’avons presque plus le choix des fournisseurs (essayez d’acheter du textile made in france) et les contraintes économiques de chacun ne peuvent que nous conduire à rechercher le moins cher faisant de nous des complices d’un système inique.
Au-delà de tout ça, nous aurons droit comme d’habitude aux mêmes images qu’à chaque fois, avec les même titres.
« Lancement des soldes », « la chasse aux bonnes affaires est ouverte », etc. Tout sera fait pour que vous vous précipitiez dans le temple de la consommation le plus proche de chez vous. Vous aurez droit aux images des soldopathes qui attendent dès le coucher de la nuit pour être les premiers à ramper sous un rideau en fer qui se soulève à peine pour se jeter sur le dernier écran plat en promo ou la dernière tablette qui ne sert à rien, mais alors juste à rien (sauf pour les professionnels).
On nous crée des besoins inutiles, on fait de nous des consommateurs sans âme. L’humanité s’efface face à l’argent, au profit, et à une consommation qui a perdu tout sens.
C’est bien triste. Les plus optimistes peuvent se rassurer néanmoins. En Grèce… il n’y a plus de soldes. En Grèce, il n’y a plus de magasin. En Grèce, il n’y a plus ni de consommateurs, ni de consommation.
Vive la crise finalement.
Charles SANNAT