GENÈVE, 18 mai – Les Suisses ont dit « non » à une initiative sur le salaire minimum de 4 000 francs suisses par mois, lors d’un référendum tenu dimanche à travers le pays.
Il s’agit du salaire minimum mensuel le plus élevé dans le monde en cas de l’adoption. Mais selon les résultats officiels, 76,3 % de votants ont rejeté cette initiative.
La Société suisse des entrepreneurs (SSE) s’est dite satisfaite du rejet massif de cette initiative. À son avis, le résultat de la votation est un signal en faveur du système dual de la formation professionnelle. En cas de salaire initial de 4 000 francs suisses pour toutes les personnes non qualifiées, ce système efficace aurait été compromis, a indiqué la SSE dans un communiqué.
Le rejet de l’initiative pour un salaire minimum est « une magnifique victoire », a déclaré de son côté Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’Union suisse des arts et métiers (USAM) sur les ondes de la radio. « C’est un vote clair du peuple en faveur de l’économie et du système en place », a-t-il ajouté.
L’initiative en question intitulée « Pour la protection de salaires équitables » demande au gouvernement suisse et aux cantons d’encourager la fixation de salaires minimums dans des conventions collectives de travail (CCT) et d’introduire un salaire minimum national légal d’un montant de base de 22 francs de l’heure, soit environ 4 000 francs suisses par mois.
En Suisse, les salaires sont négociés de manière individuelle ou collective. Les salaires minimums sont en principe fixés par les partenaires sociaux.
Selon les organisations syndicales USS et UNIA, qui lancent la démarche, l’objectif de l’initiative est de lutter contre la pauvreté et le dumping salarial, et cette somme mensuelle est adaptée au niveau des prix, des loyers et des primes maladies en Suisse.
Mais les opposants estiment que l’initiative menacerait les emplois, en particulier dans les petites entreprises, voire certaines branches comme le commerce de détail, le tourisme, l’agriculture et la restauration. Certains jeunes risqueraient de renoncer à faire un apprentissage, s’ils peuvent gagner 4 000 francs par mois d’emblée. La pénurie de main-d’œuvre qualifiée s’accentuera ainsi davantage et affectera le développement à long terme des secteurs économiques.
En outre, en cas de oui, certains secteurs de production devraient être arrêtés, entraînant ainsi la hausse du taux de chômage.
Par ailleurs, les travaux, qui sont aujourd’hui encore effectués sur les territoires suisses, seraient sans doute déplacés à l’étranger, vu le coût élevé de la main-d’œuvre.
Lors d’une conférence de presse tenue suite à la publication des résultats de la votation, le chef du Département fédéral suisse de l’économie, de la formation et de la recherche, Johann N. Schneider-Ammann, a indiqué qu’en cas de l’approbation de l’initiative, il y aurait sans aucun doute « une suppression de places de travail en particulier dans des régions reculées et structurellement plus faibles ».
La meilleure solution pour lutter contre la pauvreté est « le travail », a-t-il poursuivi, ajoutant : « Avoir un emploi, et donner une sécurité de base signifient un point de départ qui offre à terme une possibilité d’améliorer la situation » des employés.
Malgré l’échec de dimanche, les partisans de l’initiative continuent à croire que la question de la protection des salaires reste à l’agenda politique et revêtira une importance centrale dans la perspective de la poursuite de leurs efforts.
Lors de la votation de dimanche, les Suisses se sont également exprimés sur certaines d’autres initiatives, dont l’achat de 22 avions de combat suédois pour 3,126 milliards de francs suisses qui a été également rejeté avec un non de 53,4 % des votants.
Selon les statistiques, le taux de participation à la votation de dimanche était de 55,5 %.
Agence de Presse Xinhua