C’est une information précieuse que révèle le journal économique suisse Bilan et qui en dit long sur les méthodes d’enquête américaines mais également sur les banques visées par des méthodes « d’infiltration » et un système d’indic rémunérés et de « repentis ». En gros, cela donne l’impression que le gouvernement américain lutte contre les banques avec les mêmes méthodes que celles utilisées contre la mafia… Surprenant.
Vous ne serez pas étonnés de retrouver dans le tas quelques grandes banques européennes, dont la BNP Paribas à nouveau citée. J’espère que cela ne va pas encore coûter 10 milliards de dollars à la banque.
Charles SANNAT
Les autorités américaines ont annoncé mercredi des prochaines poursuites pénales contre de grands banquiers après avoir réussi à retourner certains d’entre eux en « indics » dans le cadre d’enquêtes en cours sur les manipulations supposées de marchés.
« Nous avons fait beaucoup de progrès dans les dossiers portant sur des pratiques ayant sapé l’intégrité de nos marchés (financiers) et nous allons engager les poursuites dans les prochains mois », s’est félicité le ministre de la Justice Eric Holder dans un discours à l’Université de New York.
S’il n’a pas donné de nom, M. Holder a circonscrit le champ aux dossiers du taux d’intérêt Libor et du marché des changes.
« Dans notre enquête en cours sur le Libor (…) ces « témoins » qui sont au sein de grandes firmes financières mondiales ont joué un rôle important », a-t-il souligné.
« Ils ont renforcé notre capacité à avoir et à suivre des pistes ; à obtenir des plaider coupables de filiales de grosses banques comme UBS et RBS (Royal Bank of Scotland, ndlr) ; à avoir des éléments à charge contre neuf anciens traders qui travaillaient dans ces institutions. »
Et de poursuivre : « Notre enquête en cours sur la manipulation des taux de change s’appuie sur ces techniques d’investigation qui impliquent des indics. »
De multiples enquêtes ont été ouvertes ces derniers mois dans le monde sur les manipulations dont se seraient rendues coupables de grandes banques sur les marchés des changes et du Libor.
Les courtiers d’une série de grandes banques s’étaient par exemple entendus pour manipuler le Libor, un taux central dans le monde de la finance ayant une incidence sur une masse énorme de produits financiers, dont certains prêts aux ménages et aux entreprises.
Les banques visées par ces enquêtes sont la française BNP Paribas, les suisses Credit Suisse et UBS, les britanniques Barclays, HSBC et RBS, l’allemande Deutsche Bank, les américaines Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Morgan Stanley.
PAYER PLUS LES INDICS
Ces annonces interviennent alors que M. Holder et ses services sont critiqués par l’opinion publique américaine qui leur reproche de n’avoir pas réussi à traîner devant les tribunaux un seul grand nom de Wall Street, dont les errements sont à l’origine de la plus grosse crise financière depuis la crise de 1929.
« Je comprends que ce soit une source de frustration pour l’opinion (…) mais nous ne pouvons traduire en justice que si nous disposons de faits nous faisant penser que nous allons obtenir une condamnation », s’est défendu mercredi M. Holder.
Depuis 2009, le ministère américain de la Justice (DoJ) a traité 60 dossiers liés à la crise de 2008 concernant des institutions financières.
Elle a réussi à leur imposer des amendes d’un montant de 85 milliards de dollars. Mais quasiment aucune action n’a été portée au pénal contre un banquier.
Le DoJ peut se targuer de pénalités financières record notamment contre Bank of America (16,65 milliards de dollars) et JPMorgan (13 milliards).
Il est aussi parvenu à obtenir des banques helvète Credit Suisse et française BNP Paribas de reconnaître leur culpabilité dans des affaires respectives d’évasion fiscale et de violations d’embargos américains.
Dans un univers où les gros bonus peuvent être un frein à la délation, M. Holder souhaite augmenter la rémunération accordée à ces « informateurs » pour les inciter à coopérer.
La loi de réforme financière américaine FIRREA plafonne à 1,6 million de dollars le montant maximum pouvant être versé à un informateur. M. Holder voudrait que ce verrou saute.
« Ceci pourrait aider de façon importante le département de la Justice à réunir des preuves de malversations dans les dossiers financiers complexes », plaide-t-il.
Lire la suite de cet article directement sur le site de Bilan.ch ici