Cette analyse de l’Europe c’est l’analyse de nos amis chinois de l’autre côté de la planète. Leur point de vue me semble assez juste sur les risques qui pèsent sur nous et encore, ils restent tout de même assez modérés…
Charles SANNAT
BEIJING, 14 janvier (Xinhua) – Avec de nouvelles menaces terroristes, une économie faible, le spectre du retrait de la Grèce de la zone euro, les affrontements entre la Russie et l’Occident, la persistance de la crise en Ukraine et un possible référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne (UE), l’Europe sera l’une des régions les plus exposées à des risques en 2015.
MENACE CROISSANTE DU TERRORISME
L’attentat contre l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo a suscité l’horreur au sein de la communauté internationale, révélant la menace terroriste qui pèse sur l’Europe.
Cette attaque meurtrière pourrait faire des émules. Andrew Parker, directeur général des services de renseignement britanniques, a déclaré au lendemain de l’attaque à Paris qu’un groupe islamiste extrémiste syrien projetait « des attentats de grande ampleur » en Occident.
« Nous faisons face à des plans terroristes toujours plus complexes et ambitieux qui suivent l’approche, malheureusement bien établie aujourd’hui, d’Al-Qaïda et de ses imitateurs : des plans visant à provoquer des pertes humaines massives, souvent en attaquant des moyens de transport ou des cibles symboliques », a-t-il indiqué.
« Bien que nos partenaires et nous-mêmes fassions tout notre possible, nous savons que nous ne pouvons pas tout empêcher », a-t-il ajouté.
Les attentats meurtriers de Paris soulignent l’immense défi que représente pour les agences de renseignements le repérage des djihadistes occidentaux, dont le nombre n’a cessé d’augmenter avec le retour de combattants de Syrie.
Le procureur de Paris, François Molins, avait estimé en novembre dernier que 1 132 Français étaient impliqués dans des filières djihadistes, dont 118 étaient déjà revenus en France après un séjour en Syrie. En septembre, le responsable européen de la coordination antiterroriste avait estimé que 3 000 Européens étaient partis en Irak et en Syrie et avait souligné que le nombre de départs augmentait rapidement.
Ainsi, il convient de réfléchir aux causes fondamentales de l’attaque contre Charlie Hebo. En effet, il est question de l’affrontement de longue date entre les civilisations occidentale et islamique et du problème très délicat de l’immigration en Europe.
Sur le continent dans l’ensemble, la persistance de la crise en Ukraine et les affrontements entre la Russie et l’Occident constituent également des facteurs négatifs pour la stabilité en Europe. Dans le cadre des efforts de résoudre via dialogue et négociations les problèmes, on doit également attacher une attention importante à la prévision d’attentats terroristes contre les civils innocents.
FAIBLE REDRESSEMENT DE L’ÉCONOMIE
Si les économies d’autres régions ont connu une solide reprise, celle de l’Europe reste faible. Selon des experts, 2015 serait encore une année sombre pour l’économie européenne.
La zone euro se dirige tout droit vers la déflation, incitant plus que jamais la Banque centrale européenne à injecter massivement des liquidités dans le système financier.
En effet, la déflation est un phénomène craint par les économistes, car elle peut entraîner un cercle vicieux de baisse des prix, de la production, des salaires et de la consommation, qui empêche l’économie de redémarrer.
Cette pression en faveur d’une relance de la croissance est également motivée par les chiffres du chômage, qui stagnent à 11,5 % dans la zone euro, selon les statistiques de novembre dernier publiées par Eurostat. La zone euro comptait 18,39 millions de chômeurs en novembre, soit 34 000 de plus qu’en octobre.
Une autre difficulté pour l’économie européenne viendrait de la Grèce, qui organisera le 25 janvier des élections législatives anticipées.
En effet, les évocations d’un possible retrait de la Grèce de l’euro fusent depuis que l’hebdomadaire allemand Der Spiegel a affirmé la semaine dernière que la chancelière allemande, Angela Merkel, serait prête à laisser la Grèce sortir de la zone euro en cas de victoire du parti de gauche radicale Syriza aux législatives. Le Premier ministre sortant Antonis Samaras, chef du parti de droite Nouvelle-Démocratie, s’efforce de souligner que ce danger de sortie de la zone euro est réel, comme Syriza reste en tête avec plus de 28 % des intentions de vote, selon des sondages.
Son leader, Alexis Tsipras, veut en finir avec l’austérité imposée par les créanciers internationaux et souhaite restructurer la dette grecque. Prônant la fin des politiques d’austérité qui ont provoqué l’explosion du chômage depuis 2010, Syriza fait peur aux investisseurs qui craignent que le parti ne rejette les réformes réclamées par ses créanciers, l’UE et le FMI.
Les craintes ont déjà des conséquences sur les marchés : le taux d’emprunt à 10 ans de la Grèce est passé la semaine dernière au-dessus du seuil symbolique des 10 %, privant de fait ce pays de tout accès aux marchés d’emprunt à long terme. La Bourse d’Athènes a clôturé dans le rouge pendant plusieurs jours.
Depuis mardi, plusieurs responsables politiques européens sont montés au créneau pour rejeter toute éventualité d’un abandon de l’euro par Athènes. En Grèce, selon un sondage, 75,7 % des personnes interrogées ont répondu « oui » ou « plutôt oui » à la question de savoir si la Grèce devait rester « à tout prix dans la zone euro ». Les « non » et « plutôt non » ne rassemblent que 22,3 % des sondés. Ce résultat est dans la ligne de précédentes enquêtes qui ont montré la volonté de la population de rester dans l’UE, même au sommet de la crise de la dette il y a deux ans et malgré les politiques d’austérité drastiques imposées au pays depuis le début de la crise en 2010.
L’UNITÉ DE L’UE EN DANGER
Le Premier ministre britannique David Cameron a souligné le 4 janvier qu’il souhaitait organiser au plus vite un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE, qu’il a promis d’organiser d’ici à 2017 s’il est réélu en mai, ce qui provoque de nouveau une polémique sur un éventuel retrait de Londres du bloc.
M. Cameron promet depuis longtemps la tenue d’ici à 2017 d’un référendum sur le maintien de son pays dans une Union européenne réformée, si son parti conservateur remporte les législatives en mai. Il a répété que sans obtenir satisfaction sur les réformes au sein de l’UE, il « n’excluait rien ».
M. Cameron souhaite notamment limiter l’afflux d’immigrés en provenance de l’UE dans son pays. Sous pression de l’opinion et des courants europhobes, M. Cameron a présenté fin novembre un plan visant à juguler l’afflux de travailleurs européens en limitant leur accès aux prestations sociales.
Le dirigeant britannique a admis qu’il faudrait pour cela modifier les traités européens, une proposition qui a rencontré une ferme opposition de la part de ses partenaires européens, surtout l’Allemagne, qui lui ont rappelé le caractère inaliénable du principe de libre circulation des personnes en Europe.
Lors d’un entretien avec Mme Merkel à Londres, M. Cameron a défendu une nouvelle fois son plan de renégociation de la relation du Royaume-Uni avec l’UE, en particulier en matière d’immigration.
Mme Merkel, bien que d’accord sur le fait qu’il faille s’attaquer aux abus des immigrants profitant des allocations sociales, a insisté sur le maintien du principe de liberté de mouvement des personnes au sein de l’UE.
Les relations entre le Royaume-Uni et l’UE sont délicates depuis longtemps. La position de Londres face à l’immigration d’autres membres de l’UE reflète l’impasse du processus d’intégration du bloc de ces dernières années. De nouveaux membres ont adhéré à l’UE, dont une majorité de pays d’Europe orientale aux économies moins développées. Ces nouveaux membres amènent leurs marchés, leurs mains-d’œuvre et leurs ressources à l’UE, mais ils posent également des problèmes pour les économies des membres développés. Avec la crise économique en Europe, tous ces facteurs ont augmenté l’influence des europhobes, qui dénoncent l’impact négatif du processus d’intégration du bloc.
Avec les élections législatives en Espagne et au Portugal cette année, les europhobes pourraient élargir leur influence en 2015, qui sera sans doute une année d’instabilité pour l’Union européenne.
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