Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Soleil Vert est un vieux film, enfin vieux pour la génération Y d’aujourd’hui, puisque c’est un film sorti en 1973. Pour ceux qui ne l’auraient pas vu, c’est de la science fiction, en tout cas c’en était en 1973. C’est l’histoire d’un type dans un monde devenu complètement stérile et où les hommes n’arrivent plus à produire leur alimentation qui découvre que le « Soleil vert » (nom donné à la seule nourriture disponible) est fabriqué à partir de cadavres humains (les « vieux » qui sont euthanasiés lorsqu’ils atteignent la limite d’âge). Cet aliment est, dans le discours officiel, fabriqué à partir de plancton mais en réalité il n’y en a plus depuis longtemps. Cela se passe en 2022, donc nous avons encore 9 ans pour y arriver, ce qui devrait être envisageable surtout avec l’aide du ministre japonais des Finances.
Celui-là, on peut le garder dans nos tablettes pour lui remettre l’oscar annuel du Grand Mamamouchi le plus cynique, ou le plus franc au choix…
Un ministre japonais demande à ses concitoyens de mourir, et vite
Franchement, de vous à moi, j’ai rarement vu un ministre des Finances aussi près de ses sous. Ça c’est de la bonne gestion. C’est ce que l’on appelle tailler dans le vif, tuer la dépense.
Alors mes chers contrariens, il va falloir surveiller avec beaucoup d’attention ce qu’il va se passer au Japon. C’est essentiel, je vais vous dire pourquoi plus tard. Pour le moment, laissons la parole au ministre japonais des Finances, Taro Aso, qui a déclaré :
« Que Dieu vous préserve de continuer à vivre alors que vous voulez mourir. Je ne pourrais pas me réveiller le matin en sachant que c’est l’État qui paie tout ça pour moi. »
Il ne s’est pas arrêté là. Il a précisé sa pensée ce brave jeune homme âgé de 72 ans (je sais, c’est vache de rappeler son âge mais vous allez comprendre pourquoi un peu plus tard)… en disant aux enfants des vieux qu’il faut savoir débrancher un vieillard et vite… Idéalement, en fait, il faudrait les tuer tous alors qu’ils sont en bonne santé ; là, l’économie serait très importante. C’est vrai ça, pourquoi attendre qu’ils soient malades nos petits vieux ?
« La problématique des dépenses faramineuses en gériatrie ne sera résolue que si vous les incitez à se dépêcher de mourir. »
Pas mal. Là, je dois vous avouer que je savais que la situation au Japon était mauvaise. Je savais que le vieillissement de la population était un gros problème économique mais je ne pensais pas que la situation des Japonais était aussi désespérée qu’ils envisagent tout simplement un génocide.
Vers le génocide des vieux, leur exportation, leur expropriation…
À chaque pays sa solution pour gérer le problème des retraites (que l’on ne pourra pas payer mais cela fait quelques temps que je vous le dis et le répète).
Les Allemands les exportent dans les pays de l’est low cost.
Les Japonais vont les tuer. Simple, rapide, efficace. Le meilleur rendement. Ils ne changeront jamais ces Japonais.
Les Français, eux, finiront par exproprier les « vieux » de leur épargne et de leur immobilier. Bon, on n’y est pas encore, ça va prendre un peu de temps, mais on pourra dire que chez nous, c’est juste. Et puis comme c’est la gauche qui le fera ce sera encore plus juste.
Le débat sur l’euthanasie
En France, nous avons Hollande. Et Hollande, c’est la méthode de la « con-certation ». On fait un rapport et après on passe la loi que l’on souhaite justifier par le rapport reçu et préalablement commandé.
Un rapport sur la compétitivité et hop, la flexibilité de l’emploi, pardon… la sécurisation.
Un rapport de la Cour des comptes sur l’assurance chômage, et hop… plus d’assedic.
Un rapport sur l’euthanasie… et hop les vieux meurent… Enfin, avec la chance qu’il a Hollande, cette année la canicule devrait l’aider à maintenir les comptes dans le vert. Ben oui, franchement, Hollande n’aurait jamais dû être président, c’était DSK qui avait été désigné d’office par le peuple en délire préalablement à toute érection…. Pardon élection. Je m’égare.
Alors pour redevenir très sérieux, la première chose qui me vient à l’esprit c’est génocide et extermination. Le seul tort : être vieux et coûter cher. Ce n’est pas nouveau. Nous savons tous ce qui s’est passé dans l’Allemagne nazie. Nous savons tous que les faibles, les handicapés, étaient exterminés. Nous savons tous que les gamins, dans les écoles du Reich, apprenaient à calculer combien coûtait chaque jour un handicapé…
L’humanité en est-elle donc seulement là ? Avons-nous si peu progressé pour ne pas dire pas du tout ? Sommes-nous prêts, pour un iPhone, à tuer père et mère ?
Ces propos devraient être dénoncés avec une force absolue. Il est des choses, des propos qui ne sont pas acceptables. Demander aux gens de mourir en fait partie.
D’un autre côté, peut-être qu’en ouvrant simplement des maisons de retraite à Fukushima, ils régleraient le problème ; en plus, il paraît que là-bas, il y a des logements vides… (C’est de l’ironie bien évidemment, de l’ironie teintée d’écœurement.)
Les anthropologues aiment à étudier les groupes humains et leurs sociétés. L’un des premiers critères est la façon dont une collectivité s’occupe de ses enfants et de ses membres les plus âgés ou les plus faibles. Cela permet d’estimer le degré d’évolution.
Tiens, au fait, à propos de maisons de retraite, les entreprises cotées en bourse ont pris un gadin aujourd’hui, puisque le gouvernement veut encadrer le prix des prestations.
Les tarifs des maisons de retraite encadrés par la loi
Eh oui, voilà une information que j’affectionne. J’adore cette logique de l’administration et du gouvernement français, toujours imparable.
Acte 1 : faire une loi de défiscalisation pour permettre à l’épargnant d’investir dans la construction d’une maison de retraite (on en a besoin et l’État n’a pas de sous) en échange d’une diminution de ses impôts.
Acte 2 : l’épargnant moyen, ayant une forte aversion à l’impôt qu’il ne veut absolument pas payer, est prêt à tout pour échapper aux griffes de Bercy, ce qui se comprend mais qui lui fait faire de mauvais choix financiers.
Acte 3 : les entreprises privées construisent plein de maisons de retraite, les introduisent en Bourse, et recrutent des centaines de commerciaux chargés de chasser le contribuable excédé par l’impôt.
Acte 4 : une fois le marché arrivé à maturité, les maisons de retraite construites, l’État change la loi et dit que désormais les sociétés privées ne pourront plus gagner d’argent en vendant des prestations de maison de retraite… L’État s’en fout, les maisons de retraite sont construites, les épargnants vont perdre des sous, mais ils sont là pour ça… Si les épargnants gagnaient de l’argent, cela se saurait depuis longtemps.
Donc rien n’empêche d’imaginer que, face justement au vieillissement de la population, plutôt que de faire le choix d’euthanasier nos seniors comme au Japon, nous pourrions par exemple décider de nationaliser les maisons de retraite, d’en faire un service public, dans la mesure où rien ne dit que nous soyons obligés via les maisons de retraite de payer des dividendes versés aux actionnaires… qui seront les enfants des vieux hébergés…
Enfin sinon dans ce monde absurde, il y a une bonne nouvelle, une excellente nouvelle, une nouvelle porteuse d’espoir, sans doute pas pour longtemps car on peut penser qu’ils changeront vite les lois et les textes, mais savourons ce petit plaisir démocratique.
Une cour européenne donne raison à l’Islande
Après la faillite de la plus grosse banque privée d’Islande, la Landsbanki, l’Islande a dû nationaliser en urgence son système bancaire.
Une banque en ligne filiale de Landsbanki, Icesave, a courtisé avec succès les épargnants britanniques et néerlandais.
La Commission européenne a poursuivi l’Islande devant le tribunal de l’AELE pour violation de la directive européenne relative aux garanties des dépôts, qui oblige à assurer un minimum de 20 000 euros aux déposants d’une banque en faillite, ce qui entraînait donc l’obligation pour le contribuable islandais de payer pour rembourser en tout cas à hauteur de 20 000 euros chaque épargnant.
La cour de l’AELE a affirmé dans son arrêt que l’Islande avait le droit, lorsque ses banques se sont effondrées en octobre 2008, de refuser de rembourser les épargnants étrangers.
Les gouvernements britannique et néerlandais avaient alors remboursé intégralement les épargnants d’Icesave avant de réclamer à Reykjavik une indemnisation du même montant.
Mais en 2010 puis 2011, les Islandais ont refusé par référendum les modalités de remboursement négociées avec Londres et La Haye, en arguant qu’il n’y avait pas d’obligation légale pour qu’ils assument les pertes d’une banque privée.
Selon l’Islande, la directive oblige l’État à créer un fonds de garantie des dépôts mais pas à le garantir avec de l’argent public.
Là où cela devient drôle, c’est lorsque l’on voit la déception à Bruxelles, capitale « démocratique de l’Europe des Peuples ».
Dans son communiqué, la Commission européenne indique « prendre note de ce jugement ».
« Nous avons besoin de temps pour en étudier toutes les implications et la Commission maintient son interprétation du mécanisme de garantie des dépôts en vigueur. »
Pour l’Europe, les peuples doivent payer les pertes de banques privées. Voilà la réalité de ce qu’est devenue notre Europe.
Charles SANNAT