Parce que vous continuez à me dire qu’il y a des Porsche partout en Grèce, qu’un cheminot y gagne 65 000 euros par an, qu’il y a 50 chauffeurs par voiture etc., etc. (article des Échos qui tourne en boucle pour dénoncer les vilains grecs), je vous rappelle que rien de tout cela n’est vrai. Il s’agit d’outrances grossières. Évidemment, qu’il y a eu des abus en Grèce. Il y en a même en France figurez-vous… Des emplois fictifs, du copinage, tout cela est une évidence.
Il ne s’agit pas de le nier.
Ce qui explique l’endettement de la Grèce c’est que des banques ont prêté à un pays insolvable par avance car il ne savait pas lever l’impôt, hier comme aujourd’hui… On ne prête pas à un individu qui n’a pas de revenu. De la même façon, on ne prête pas à un pays ne sachant pas faire rentrer les impôts. Les banques l’ont fait pour gagner des taux d’intérêt plus élevés. Mario Draghi, actuel gouverneur de la BCE, a aidé la Grèce à maquiller ses comptes publics. Puis par la suite, nous avons constaté que la BCE et les États ont racheté la dette grecque détenue par les banques commerciales. Encore une fois, c’est un braquage du siècle dont le peuple grec n’aurait jamais du être la victime et dont les contribuables européens, notamment les Français, seront les dindons de la farce.
Encore une fois, notre ennemi n’est pas le peuple grec, mais la finance. Et si vous creusez, vous comprendrez. Maintenant, vous pouvez vous contenter de la propagande la plus rassurante.
Charles SANNAT
« Qui est vraiment l’actuel président de la Banque centrale européenne ? Aux manettes de la BCE depuis le 1er novembre 2011 et considéré à ce titre comme le seul homme capable de contenir la crise européenne, Mario Draghi est aussi régulièrement critiqué pour ne pas avoir suffisamment pris ses distances avec Goldman Sachs, banque dans laquelle il a travaillé de 2002 à 2005.
1- Un économiste reconnu et un financier expérimenté.
Au moment de la succession de Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, Mario Draghi a souvent été décrit comme le candidat idéal (à un ou deux petit « détails » près, comme son passage chez Goldman Sachs, lire ci-après). Le CV est impressionnant. Titulaire d’un Ph.D en économie du prestigieux Massachussetts Institute of Technology (MIT) mené sous la supervision de Franco Modigliani et Robert Solow, il a exercé des responsabilités au sein de la Banque mondiale puis du Trésor italien. C’est de cette période (1991-2001) que lui vient sa réputation de père la rigueur. Coupes dans les dépenses publiques, dévaluation de la lire, création d’un impôt exceptionnel sur tous les comptes courants et privatisation d’une grande partie des entreprises publiques… Il évite certes la faillite à l’Italie mais certains l’accusent d’avoir « bradé » les actifs du pays (lire sur ce sujet l’article de Dominique Dunglas et Romain Gubert du Point du 26 mai 2011). Il gagne alors deux surnoms, l’un flatteur « Super Mario », l’autre moins « Mister Britannia ». Après quelques années chez Goldman Sachs, il devient gouverneur de la Banque d’Italie en 2006, où lui échoit la difficile tâche de sauver la réputation de l’institution empêtrée dans un scandale financier.
2- Un pragmatique, pas un dogmatique
Pour tous ceux qui ont travaillé avec Mario Draghi, le gardien de la Banque centrale européenne n’a rien d’un dogmatique. Pour l’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Olivier Blanchard, « c’est un pragmatique » (New York Times, 29 octobre 2011). Sa détermination à faire « tout ce qu’il faudra pour sauver l’euro » affichée le 26 juillet dernier en apporte une nouvelle illustration. N’en déplaise à la Bundesbank, Mario Draghi devrait annoncer ce jeudi que la BCE est prête à intervenir sur le marché secondaire de la dette des pays en difficulté de la zone euro. La crise a fait évoluer le métier de banquier central : alors qu’avant il s’occupait surtout de garantir la stabilité des prix, il doit maintenant à la fois sauver les banques, protéger les États périphériques et relancer l’activité.
3- Un homme discret et un fin politique
Mario Draghi est souvent décrit comme un homme réservé voire introverti. Marié et père de deux enfants, il évite de s’exposer aux médias et protège soigneusement sa vie privée. Fin politique, il a réussi à gagner le soutien de la plupart des dirigeants européens, et notamment celui d’Angela Merkel.
4- Une expérience de quatre ans chez Goldman Sachs
Mario Draghi traîne son passage chez Goldman Sachs comme un boulet. De 2000 à 2002, la banque avait conseillé la Grèce dans l’utilisation de produits dérivés pour masquer ses déficits budgétaires. Une activité de conseil qui avait, à l’époque, rapporté 300 millions de dollars de rémunération à la banque. Employé comme vice-président pour l’Europe, chargé des États souverains et des grandes entreprises italiennes de 2002 à 2005, Mario Draghi a toujours assuré qu’il s’était davantage intéressé au secteur privé qu’au secteur public à l’occasion de son passage au sein de la banque. Difficile pourtant de croire qu’il n’était pas au courant des opérations nouées avec la Grèce. Il n’a à ce jour jamais dénoncé les pratiques de son ancien employeur. Voir à ce sujet la réaction embarrassée de Jean-Claude Trichet lorsqu’on lui demande son avis sur les rapports entre Mario Draghi et Goldman Sachs et l’article de Gilles Bridier du 18 octobre 2011 sur Slate.fr
5- Un fils qui travaille comme « trader taux » chez Morgan Stanley
L’information est sortie dans The Telegraph en fin d’année dernière : Mario Draghi a un fils qui exerce le métier de trader sur les marchés de taux, des marchés sur lesquels l’action de la BCE a une influence directe. Invoquant le code de conduite des membres du conseil des gouverneurs, l’institution affirme que « M. Draghi se conforme aux règles éthiques de la BCE ». Reste à savoir si de son côté Giacomo spécule contre les dettes espagnoles et italiennes…
6- Une enquête du médiateur européen à la suite d’une plainte pour conflits d’intérêt
Fin juillet, le médiateur européen a confirmé avoir ouvert une enquête sur Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) après avoir reçu une plainte pour conflit d’intérêts de la part de l’Observatoire de l’Europe industrielle (Corporate Europe Observatory, CEO). Cet observatoire, qui suit le lobbying ayant pour cible l’Union européenne, a accusé en juin Mario Draghi de ne pas être totalement indépendant en raison de son appartenance au G30, forum international qui regroupe des dirigeants du secteur financier public et privé. « Avec la crise de la zone euro, la Banque centrale européenne prend un rôle de plus en plus important de soutien et de régulation du secteur bancaire. Il est vraiment gênant que le Président de la BCE soit autorisé à rester un membre actif du Groupe des Trente », estime Kenneth Haar du Corporate Europe Observatory. « Après avoir reçu la plainte, nous avons envoyé une lettre à la BCE, le 24 juillet dernier. L’institution a jusqu’à fin octobre pour nous répondre », a indiqué la porte-parole du médiateur Nikiforos Diamandouros.
3 commentaires sur “Mario Draghi, le patron de la BCE, l’homme qui a rapporté 300 millions à Goldman Sachs en maquillant les comptes de la Grèce”
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