C’est un article du Telegraph de Londres qui nous apprend que l’ancien Premier Ministre, Mario Soares homme politique de « légende » au Portugal et grande figure morale appelle à un défaut de paiement portugais de « style argentin ».
Dans le même temps le grand mamamouchi européen Monsieur Barroso indiquait que l’Europe approchait des limites de l’austérité, ce que l’on sait depuis bien longtemps.
L’austérité ne fonctionne pas et ne peut pas fonctionner pour la simple et bonne raison que mécaniquement une baisse de PIB entraine une hausse du ration dettes/PIB même si les dettes restent constantes… ce qui n’est pas le cas puisque l’expérience montre bien qu’elles poursuivent leur inéluctables ascension.
Alors évidemment cette proposition de Mario Soares jette un pavé dans la marre et certains disent qu’un défaut de paiment à la sauce argentine conduirait à l’éjection du Portugal de la zone euro. Certes. Mais pour le vétéran de la politique portugaise, actuellement le Portugal fait face purement et simplement à son effondrement économique. Comme en Grèce. Comme en Espagne en Italie, ou bientôt en France.
Mais Mario Soares, qui a dirigé le pays lors de la transition démocratique après la dictature de Salazar, va beaucoup loin en disant que toutes les forces politiques doivent s’unir pour « faire tomber le gouvernement » et dénoncer les politiques d’austérité de la troïka UE-FMI.
Pour lui, le « Portugal ne sera jamais en mesure de payer ses dettes, puisqu’il s’appauvrit de jour en jour. Si vous ne pouvez pas payer, la seule solution est de ne pas payer. Lorsque l’Argentine était en crise, elle n’a pas payé ».
Petite amabilité à l’égard des grands « zamis » allemands, l’ancien premier ministre socialiste a rajouté que « le gouvernement portugais est devenu un serviteur de la chancelière allemande Angela Merkel, faisant docilement tout ce qu’on lui dit ».
Pour être encore plus clair il s’est senti obligé de préciser que « dans leur empressement à obéir aux ordres de la Senora Merkel, ils ont vendu tout et ruiné ce pays. En deux ans, ce gouvernement a détruit le Portugal « .
Alors pour ceux qui ne veulent toujours pas comprendre ou entendre, l’euro est une construction politique et certes une très belle idée, mais ce n’est pas une construction économique. La monnaie unique n’a pas été batie pour une zone économique hétérogène, et ne prend pas en compte les différences de structures ou de compétitivité.
Nous sommes en train d’assister à la divergence de l’ensemble des économies européennes. L’euro va mourir. Reste à savoir si nous serons capables de gérer une transition en douceur. Pour le moment, les gouvernements restent arc boutés sur une idée pourtant dans les faits totalement dépassée.
Charles SANNAT