Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’elle dit mais j’apprécie la pensée de Myret Zaki du quotidien suisse Bilan. Voici son dernier papier consacré à la Russie.
Charles SANNAT
« Cette guerre froide n’est pas idéologique
Cette deuxième guerre froide à laquelle nous assistons entre les États-Unis et la Russie ne s’encombre plus de paravents idéologiques. Elle est mercantile. Plutôt que d’opposer deux modèles de société, elle oppose deux adversaires au plan commercial, énergétique, financier et monétaire.
Deux paquebots battant officiellement pavillon capitaliste, officieusement adeptes de l’étatisme à outrance. Ce n’est plus le «monde libre» contre le «péril rouge». On est entre soi. Deux gouvernements s’affrontent autour d’un enjeu centra l: lequel fournira du gaz à l’Europe ces prochaines années.
Le centre de gravité futur sera-t-il transatlantique ou eurasiatique ? Mis en difficulté par leurs compétiteurs en Asie, les États-Unis lorgnent maintenant l’Europe comme principal marché d’exportation pour leur gaz.
Cela les met directement en conflit avec la Russie. Comment déloger cette dernière de sa place de premier fournisseur ? En cassant les prix, pour commencer, car le gaz russe est facturé très cher à l’Europe. Mais avant cela, il s’agit de couper le cordon énergétique entre l’Europe et la Russie.
Pour ce faire, il faut que l’Ukraine se mette rapidement à produire son propre gaz, en partenariat avec les majors pétrolières américaines, et qu’elle rejoigne le bloc européen. Ensuite, les États-Unis visent à compléter dès 2015 directement l’approvisionnement de l’Europe à travers leurs exportations.
C’est là que la stratégie entre en jeu. Les États-Unis ont habilement accompagné l’Ukraine vers sa «libération» du joug russe et son autonomisation énergétique. Ils ont investi d’importantes sommes pour cultiver en elle l’identité européenne. Depuis 2011, un programme américian exporte vers les pays de l’Est l’expertise technologique en matière de fracturation hydraulique.
USAID, l’ONG amércaine, s’est chargée de conseiller intensivement le gouvernement ukrainien dans ce domaine. Dans un rapport de mai 2012, USAID donne l’entière caution écologique à Kiev pour la fracturation hydraulique.
L’Ukraine avait signé l’an dernier des accords avec Shell et Chevron les autorisant à exploiter les gisements de gaz de schiste de Yuzovska et d’Olesska. La crise a débuté lorsque Kiev a opéré une volte-face politique, signalant qu’il préférait la Russie comme partenaire à l’UE.
Mais depuis le départ de Ianoukovitch, les affaires ont repris leur cours. L’Ukraine a confirmé qu’elle signerait un contrat de partage de production avec un consortium dirigé par ExxonMobil sur l’exploitation du champ pétrolier et gazier Skifska, en mer Noire, un projet de 10-12 milliards de dollars. Grande perdante : la société russe Lukoil, qui n’a pas été retenue. »
2 commentaires sur “Myret Zaki, « cette guerre froide n’est pas idéologique » ! Et c’est encore plus grave !”
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