C’est un article de Yannick Coleu que je vous reproduis ici et publié aujourd’hui dans la quotidienne Agora. Pour voir le graphique connectez-vous sur le lien donné en fin d’article.
C’est à lire et je partage pleinement son avis sur le métal jaune. Mais vous le saviez déjà!!
Le sentiment général vis-à-vis du prix de l’or est aujourd’hui très négatif.
Les indicateurs de sentiment tirés de l’analyse des lettres de conseils (Hulbert, Market Vane, Bernstein, Ned Davis, etc.), l’intérêt des internautes pour les sites relatifs aux métaux précieux (nombre de pages vues sur Kitco par exemple) et les analyses que l’on peut lire dans la presse “normale” en attestent.
“Monsieur Patrick Legland, de la Société Générale, ne prévoit pas moins que la fin de la bulle de l’or… Que l’or puisse encore baisser, certes, mais la fin d’une bulle qui n’a encore attiré personne, avouez que ce serait une première !” relevait par exemple hier Simone Wapler dans La Stratégie de Simone Wapler.
La consolidation a fait passer les investisseurs de l’euphorie au doute. Il est incompréhensible de les voir ainsi tous trembler comme des feuilles alors qu’au plus fort de son recul l’or rendait moins de 20% de son dernier record en dollar (22/08/2011) et qu’à cette heure le prix est à peine 13% en dessous de ce record historique. En euro les prix ont perdu moins de 15% et se sont autorisés, quelques mois plus tard, un nouveau record historique pour finir aujourd’hui 12% en dessous de ce dernier record.
Un tel renversement du consensus est la marque de la présence d’acheteurs opportunistes et solides et donc l’assurance d’un marché très haussier qui ne cherche qu’à repartir après avoir repris son souffle.
“Insensé!” diront certains “l’or est dans une bulle et la hausse est désormais terminée”.
Une bulle se forme lorsque l’enthousiasme unanime des opérateurs emballe les prix de façon exponentielle. L’éclatement de la bulle se traduit ensuite par une chute importante et verticale des prix déclenchée par le sauve-qui-peut. Une comparaison entre les graphiques de prix du Nasdaq valant mieux qu’un long discours, je vous laisse apprécier le spectacle ci-dessous.
C’est un antidépresseur pour ceux qui s’inquiéteraient des mouvements actuels de l’or et non une prédiction. Entre 1974 et 2000 le prix du Nasdaq a été multiplié par 84. Le prix de l’once d’or qui était à 250 $ en 1999 atteindrait… si votre calcul est bon : 21 000 $ l’once ! Là nous aurions indiscutablement une bulle !
Les raisons fondamentales de la hausse n’ont pas disparu. Bien au contraire, les choses ont plutôt empiré depuis 2007. L’endettement, cause première de nos maux, a été soigné par encore plus d’endettement. Seule l’Islande sort aujourd’hui du tunnel car elle a pris un chemin à contre-courant de l’orthodoxie imposée par les pays industrialisés.
La Fed psalmodie que l’économie américaine redémarre et laisse entendre qu’elle irait jusqu’à arrêter ses programmes de rachat de dettes. Mais alors qui achètera cette dette américaine qui augmente au rythme annuel minimal de 1 000 milliards de dollars ?
Les Chinois, qui détiennent désormais 1 170 milliards de dollars d’obligations américaines (chiffre de novembre 2012), ne semblent plus avoir le même appétit qu’autrefois. La Chine est passée du statut d’acheteur à un rythme moyen annuel de 200 à 220 milliards de dollars entre 2008 et 2010, à un statut de vendeur. Après 2011, année où la Chine a été nette vendeuse de dette américaine pour 8,2 milliards de dollars, 2012 fut l’année du désengagement.
Fin novembre 2012, la Chine s’est allégée de 85 milliards de dollars d’obligations américaines sur un an. Les deux autres pays qui ont levé le pied sont l’Allemagne et la Suède (-2 milliards de dollars chacun). Les pays de l’OPEP eux-mêmes y sont allés mollement (+6 milliards de dollars en un an seulement) malgré un prix du baril toujours aussi élevé.
Si la Fed devait débrancher la perfusion, qui serait susceptible de la remplacer ? Avec des rendements quasi-nuls, les obligations américaines n’attirent pas le chaland. Quelle autre option viable que la création monétaire aurait la Fed ? Les métaux précieux restent donc la meilleure option pour protéger votre épargne. La consolidation actuelle relève de l’anecdote pour un investisseur.