LISBONNE, 6 avril — A sa demande, le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho a été reçu en urgence par le président Anibal Cavaco Silva samedi pour discuter du rejet par la Cour constitutionnelle de certaines mesures clés du budget 2013.
Dans son verdict rendu vendredi sur le budget 2013, la Cour a jugé non conformes à la Constitution certaines mesures de rigueur budgétaires prévues par le gouvernement, telles que la suppression du 14e mois de salaire versé aux fonctionnaires et aux retraités ainsi qu’une mesure instaurant des prélèvements sur les allocations chômage et maladie.
Dans un communiqué rendu public à la suite de la rencontre entre le Premier ministre et le président, qui ont été rejoints en fin de réunion par le ministre des Finances Vitor Gaspar, la présidence portugaise a réaffirmé que le gouvernement était « déterminé à honorer ses engagements internationaux » et qu’il s’efforcerait de « préserver et parvenir aux consensus nécessaires pour sauvegarder les intérêts nationaux ».
Le secrétaire d’Etat aux affaires gouvernementales Luis Marques Guedes avait annoncé un peu plus tôt samedi, à la sortie d’une séance extraordinaire du conseil des ministres, que M. Passos Coelho allait rencontrer en urgence le président : « Compte tenu de la complexité de la situation créée, le Premier ministre a demandé une audience aujourd’hui avec le président de la république, étant donné la nécessité d’un clarification rapide de la part de l’Etat portugais sur les aspects menacés par la décision de la Cour constitutionnelle. »
Au cours de sa conférence de presse, M. Guedes a déploré que la Cour n’ait « pas tenu compte de la tentative du gouvernement de rendre les réductions de salaires plus équitables. »
« Nous respectons la décision de la Cour constitutionnelle, mais nous devons prévenir les Portugais des dangers de cette décision », a-t-il dit, soulignant que le jugement était rendu « à la veille d’une rencontre des ministres des Finances de l’Union européenne à Dublin destinée à trouver un accord sur une prolongation de la durée des prêts accordés au Portugal. »
Selon le gouvernement, la décision de la Cour, outre son impact direct sur le budget, fait perdre au Portugal de sa crédibilité auprès des partenaires et bailleurs de fonds internationaux.
Suite au verdict de la Cour, le gouvernement portugais va maintenant devoir trouver les moyens de couvrir un trou de 1,2 milliards d’euros dans son budget 2013.
Le Portugal s’est engagé à mettre en place des mesures d’austérité afin de réduire son déficit, en échange d’un prêt de 78 milliards d’euros accordé par l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international. Les mesures de rigueur strictes ont provoqué des manifestations à travers le pays ces derniers mois.
Selon les estimations officielles, l’économie portugaise devrait se contracter de 2,3% cette année, et le chômage devrait fortement progresser.
Agence de Presse Xinhua