La crise de 2008 conjuguée à une forte hausse du cours de l’or jusqu’en 2011 a eu un effet inattendu : la raréfaction des pièces d’or. Pourquoi ? Car de nombreux exemplaires ont été vendus contre du cash à des boutiques de rachat d’or pour être refondues. Résultat, compte tenu de leur raréfaction, la prime de celles-ci est en hausse constante et pourrait atteindre des sommets lors de la prochaine ruée vers l’or…
Pourquoi certaines pièces ont disparu ?
Entre 2008 et 2011, la conjugaison de deux phénomènes corollaires (la crise et la hausse du cours de l’or) ont amené de nombreux particuliers à se délester de leurs pièces d’or pour les échanger contre des espèces et en tirer un maximum de bénéfices. Des hommes d’affaires ayant très vite flairé le filon, nous avons vu durant cette période l’explosion des officines de rachat d’or partout en France, sans vraiment être « du métier ». La plupart des gérants comme les employés de ces boutiques « champignons » manquaient de formation et sont passés à côté de pièces rares qui, du coup, le sont devenues encore plus.
Comme on peut le voir sur ce tableau issu du magazine Capital de décembre 2013, la différence de prix entre la valeur indicative de produits en or (basée sur les prix observés sur le marché) et l’estimation de comptoirs peut varier du simple au double.
Il y a 25 % d’écart entre la pire et la meilleure offre, et la différence varie du simple au double entre les estimations des boutiques de rachat d’or et la valeur indicative basée sur les prix du marché.
Sur une Marianne Coq, un Krugerrand et un mini lingot de 10 grammes, les prix se tiennent à peu près. Mais sur un Napoléon rare et une pièce de 100 francs Bazor, la différence est flagrante.
Une 100 francs Bazor pouvait se négocier en réalité de 1 500 à 2 500 € à la même époque (source AuCOFRE.com).
Le Napoléon rare et la 100 francs Bazor n’ont pas été reconnus par les officines qui ont estimé en fonction de leur poids et de leur teneur en or. L’exemple est très parlant avec la 100 francs Bazor, mais qui aujourd’hui est capable de distinguer une 20F Louis Philippe frappée en 1845 par l’atelier Paris ? En raison de sa rareté (deux faibles tirages en 1845 à 927 et 4 994 exemplaires) et même en état TB (presque totalement polie), la valeur minimale de cette pièce devenue rare atteint facilement 2 000 euros.
Ce qui nous amène à la conclusion que de nombreux exemplaires (rares ou moins rares) ont été fondus pour les besoins du commerce des officines.
Des pièces très rares comme la 100 francs Bazor et une 20F Louis Philippe 1845 n’en sont que l’illustration. De nombreuses pièces ont été considérées comme des produits bons pour la refonte. Certaines ont été directement coupées avec des cisailles spéciales par la boutique de rachat, comme s’il s’agissait de bijoux rachetés au poids.
Rappel du fonctionnement de la prime
La prime d’une pièce, c’est en quelque sorte le levier qui permet de faire des petites plus-values sur la revente des pièces.
Il s’agit de la différence entre le prix du métal précieux constituant la pièce (sa valeur « spot ») et son prix négocié. Ce prix négocié peut être bien plus élevé que la valeur spot de la pièce en fonction de sa rareté ou de la demande observée. Plus la demande est forte, plus la prime augmente.
En période de crise, comme en 2008 par exemple, la prime du Napoléon 20 Francs culminait à 30 % et a même atteint 50 %, un record depuis presque trente ans. Revendre ses Napoléons à ce moment-là permettait de faire une bonne affaire, en revanche, en acheter n’était pas bon marché. L’exemple est encore plus parlant avec le demi-Napoléon dont la prime a littéralement explosé en octobre 2008. Ceux qui ont vendu des demi-napoléons en bon état (état TTB minimum) à ce moment-là sont ceux qui ont le plus démultiplié leur investissement dans l’or physique.
Dans le cas du demi-Napoléon, le différentiel de prime est énorme. Le différentiel de prime, c’est le potentiel de hausse de la prime qui se calcule à partir de la différence entre la prime de fond et la prime la plus haute observée. La prime de fond, c’est la prime moyenne d’une pièce en temps normal, en dehors des périodes de crise. La prime de fond des Napoléons 20F est nulle ou légèrement négative. Celle des demi-napoléon est d’environ 12 % et son différentiel de prime de 76 %. Celui du 10 $ US or est de 51 % et celui du 20 $ US or est de 45 %. Ce sont des pièces qu’il est donc intéressant de posséder hors crise, à prix « normal », avant que leur prime n’explose, car leur prime constitue un excellent levier de plus-value.
Des pièces rares comme la 100 francs Bazor, la 20F Louis Philippe 1945, atelier Paris ou même de simples pièces FDC (les pièces d’aspect neuf) ont des primes généralement supérieures à 80 %. Ce sont des pièces à réserver aux numismates plus qu’aux épargnants. Non seulement compte tenu de leur prime élevée, leur différentiel de prime est faible (elles ont donc un faible potentiel de hausse) et en plus elles sont donc soumises à TVA. Les pièces très rares sortent fiscalement de la catégorie or d’investissement et la TVA s’applique.
Prix des pièces d’or : perspectives à la hausse
Le prix des pièces peut être complètement déconnecté du cours de l’or papier. Au moment où le cours de l’or s’effondre, il peut y avoir une véritable ruée sur les pièces d’or d’investissement (cf. octobre 2008) et la demande peut générer une forte hausse de leur prime et en faire monter le prix.
Lors de la prochaine crise, la prime des pièces classiques frappées en grand nombre risque de fortement augmenter, car une grande partie d’entre elles a été coulée dans les creusés des fonderies. L’écart entre la prime la plus haute et la prime de fond sera plus important, car avec toutes les pièces fondues massivement depuis 2008, il sera impossible de répondre à la demande.
Le graphique ci-dessous (source France Inflation) permet de mettre en évidence la notion d’évolution de prime en période de crise pour des Napoléons standards. La prime du Napoléon 20F était de 50 % en octobre 2008 et en août 2011 (y compris sur la plateforme AuCOFFRE.com).
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