C’est une action vraiment démocratique que propose l’Union Démocratique du Centre avec le référendum sur le rapatriement des réserves d’or physique en territoire suisse. Convaincus nous aussi de l’importance de la valeur refuge dans les comptes bancaires, nous suivons de près cette initiative lancée il y a plus d’un an et qui va aboutir à une « votation » le 30 novembre prochain.
Les réserves d’or de la Suisse
Au premier trimestre 2000, les réserves d’or de la Suisse s’élevaient à 2 590,18 tonnes pour baisser à 1 039,99 tonnes au 2e trimestre 2014, soit une baisse de quasiment 60 % des réserves en 14 ans. La Suisse a cédé plus de la moitié de son or entre 2000 et 2007, quand son cours était donc au plus bas.
En mars dernier, la Banque Nationale Suisse avait en outre affirmé que 70 % de l’or suisse se trouvait sur les terres helvétiques, et que les 30 % restants étaient stockés à la Banque d’Angleterre et à la Banque centrale du Canada.
Dans ce contexte, on comprend que l’UDC souhaite que l’or suisse stocké à l’étranger soit rapatrié, que la BNS stoppe ses ventes et que des réserves d’or soient constituées pour au moins 20 % de ses actifs. Pourquoi ? Car pour le premier parti de Suisse, seules des réserves d’or physique conséquences et stockées sur le territoire peuvent garantir la stabilité du Franc suisse et une plus grande indépendance du pays.
Cette initiative va bien sûr à l’encontre du Parlement suisse et de la BNS qui ne serait pour ainsi dire plus tout à fait libre de continuer sa politique monétaire expansionniste en imprimant des francs suisses à volonté. Plus il y a d’or en réserves, plus cela fait baisser la valeur de la monnaie papier.
Pour rappel, les comptes de la Banque Nationale Suisse avaient particulièrement souffert de la chute du cours de l’or en 2013, soit une perte nette de 9,1 milliards de francs, selon le quotidien Le Matin.
L’initiative « Sauvez l’or de la Suisse », si le oui l’emporte lors du référendum du 30 novembre, permettrait de revenir à un système monétaire plus sain, de réduire les dettes et de rétablir la confiance des Suisses et des investisseurs étrangers dans la monnaie de la Suisse, qui a suivi la même politique monétaire expansionniste que les États-Unis, le Japon et bien d’autres pays.
Le Franc suisse, qui jusqu’alors était considéré comme une valeur refuge, pourrait retrouver son statut en étant adossé à une partie en or physique.
Le référendum en question
L’initiative populaire « Sauvez l’or de la Suisse » a obtenu les 100 000 signatures de soutien nécessaires à l’organisation du référendum dès début 2013 qui aura lieu le 30 novembre prochain.
Ce référendum, né du mécontentement populaire face non seulement aux politiques monétaires et bancaires de la Suisse, est en outre un symbole démocratique fort. Ce serait un premier pas vers un contrôle plus étroit des banques par le peuple, avait souligné Ron Paul dans son blog le 14 septembre dernier.
La campagne « Sauvez l’or de la Suisse » a débuté le 23 octobre dernier par ces mots : « Le papier se désintègre, l’or tient. » Cet article du journal suisse 20 Minutes se faisait l’écho du conseiller national Lukas Reimann qui avertissait : « Boucher des trous provoqués par l’endettement avec de l’argent virtuel est une stratégie qui finira tôt ou tard par un désastre. » Et de cet autre conseiller national argovien Luzi Stamm : « Plus les risques liés à l’argent-papier sont grands, plus il est important de disposer de suffisamment de réserves d’or. »
De son côté, l’UDC « dénonce une BNS à la merci de la Banque centrale européenne et de la FED américaine », relaie 20 Minutes. «L’or est une garantie d’indépendance», a martelé le comité à Berne.
En savoir plus sur l’initiative « Sauvez l’or de la Suisse »
Autres initiatives de rapatriement
« Cette initiative fait écho aux sentiments populaires que l’on perçoit de plus en plus aux États-Unis, en Allemagne et aux Pays-Bas. Cette initiative est une tentative pour responsabiliser et contrôler la BNS, la banque centrale de la Suisse », rappelait Ron Paul dans cet article repris par Contrepoints le 23 septembre dernier.
La Suisse n’est pas le seul pays à demander le rapatriement de son or. Le feuilleton des réserves d’or allemandes avaient déjà soulevé beaucoup d’interrogations, à la limite du scandale, cette année.
Début 2013, l’Allemagne prévoyait déjà de ramener dans ses coffres ses réserves d’or physique, dont une partie (près de 1500 tonnes d’or d’une valeur d’environ 70 milliards de dollars) est stockée aux États-Unis. Objectif : disposer de ses 3 996 tonnes sur son propre territoire d’ici 2020.
L’or est supposé être stocké à la FED dans le quartier haute sécurité à 26 mètres sous terre, l’endroit « le plus sûr du monde ». Or les réserves des deux pays ont été auditées et l’or allemand entreposé à la FED s’est tout simplement volatilisé.
Le Venezuela et le Texas souhaitaient également rapatrier leur or sur leur territoire. « Le Venezuela a ainsi décidé en 2011 de rapatrier les 211,35 tonnes d’or stockées à l’étranger, principalement au Royaume-Uni, ce qui avait alors laissé très sceptique les milieux financiers », expliquait Boursorama le 30 avril dernier.
Ces initiatives de rapatriement sont souvent critiquées par les hautes instances financières et taxées de réactionnaires. L’UDC est considéré comme un parti xénophobe, le Venezuela un pays anti-occidental, le Texas sécessionniste… Quant à l’Allemagne, elle fomente probablement le retour d’un IV Reich… Les motifs les plus nauséabonds sont mis en avant pour justifier ces demandes de rapatriement mais ce qu’il en ressort, c’est une réelle incertitude quant à la fiabilité du système monétaire mondial et quant à la sécurité de l’or stocké aux États-Unis. Il ne faut pas oublier que c’est le pays du dollar, que le dollar est la monnaie de change de référence internationale, que le poids de l’or physique met en péril la valeur du billet vert et que la manipulation des cours de l’or n’est pas sans arranger les pro-dollars. La FED sait bien quel est le poids et la valeur qu’a l’or physique dans des coffres bancaires…