Superbe article sur le site Boursorama où l’on parle enfin de la stupidité de ces stress tests et donc de leur inutilité. Comme je vous le disais, la méthodologie avec l’idée des risques pondérés fausse tout calcul et c’est exactement ce qui est démontré ici.
« La méthodologie utilisée par la BCE pour les « stress tests » est remise en cause par un économiste de la Stern Business School de New York.
Les « stress tests » ont fait l’actualité du début de semaine, et les banques françaises en sont ressorties parmi les plus solides d’Europe. De quoi être rassuré ? Pas forcément, révèle le Financial Times.
Le constat est brutal : les banques françaises seraient les plus fragiles d’Europe. Viral Acharya, économiste au sein de la Stern School of Business de New York, travaille depuis la dernière crise financière sur un modèle universel pour estimer la solidité des banques quel que soit le contexte économique. L’indicateur « SRISK » ainsi obtenu donne des résultats très différents de ceux des stress tests bancaires publiés dimanche dernier.
Selon les estimations de l’économiste, en cas de crise sévère, les banques françaises pourraient perdre jusqu’à 400 milliards de dollars, soit davantage que les banques britanniques ou américaines. Un chiffre qui dépasserait surtout les fonds propres des banques en question et nécessiterait, le cas échéant, une intervention extérieure pour les recapitaliser.
Nouvelle méthodologie utilisée
Si les résultats sont si différents entre ceux de la BCE et ceux de Viral Acharya, c’est notamment en raison d’hypothèses différentes prises vis-à-vis des établissements bancaires.
Première différence : l’économiste de la Stern Business School prend notamment en compte l’ensemble du bilan des banques sans en pondérer les risques. La BCE, quant à elle, fait la différence entre un crédit accordé à des particuliers (risqué) et des obligations allemandes détenues dans le bilan (très peu risquées et donc très sous-pondérées).
Autre différence, les capitaux propres bancaires sont pris à leur valeur de marché par l’indicateur « SRISK », et non à leur valeur comptable. En clair : les fonds propres retenus correspondent ici à la capitalisation boursière des banques, et non aux fonds propres qui apparaissent dans leur comptabilité interne. Or, certaines banques françaises ont une valeur de marché inférieure à leurs fonds propres comptables.
Les deux facteurs combinés poussent ainsi Viral Acharya à estimer un total plus élevé d’actifs possédés par les banques, tout en ayant des fonds propres « réels » parfois moindres par rapport à ceux retenus par la BCE. Il en ressort une estimation nettement accrue des risques du secteur bancaire.
Critiques du nouvel indicateur
Pour autant, cette nouvelle méthodologie est loin de faire l’unanimité. D’un point de vue technique, le fait de calculer les ratios en fonction de la capitalisation boursière des banques pousse à une grande volatilité des résultats en fonction de l’irrationalité des marchés et des variations quotidiennes des cours de bourse.
Par ailleurs, l’indicateur « SRISK » pousse généralement à surestimer le risque des grandes banques, qui possèdent logiquement le plus d’actifs. La différence entre les deux méthodologies devient alors exagérée du fait que les grandes banques ont massivement recours à des obligations souveraines pour se protéger des risques de marché. Or, ces obligations sont mises sur le même plan que les actifs les plus complexes, ce qui fait exploser l’estimation des risques pris par les banques sans que cela soit très réaliste.
L’indicateur de Viral Acharya place ainsi les banques françaises comme les plus risquées d’Europe, et les banques allemandes en seconde position. À l’inverse, les banques grecques ou chypriotes arrivent loin derrière ces théoriques « mauvais élèves ». Un constat entièrement inverse de celui affiché dimanche par la BCE, et sans doute tout aussi contestable.
Un signal fort malgré tout
Malgré cette relativisation des nouveaux résultats, l’indicateur de la Stern Business School a tout de même l’avantage de mettre le doigt sur certains risques peut-être sous-estimés.
Lehman Brothers avait fait faillite non pas à cause d’un manque de solvabilité, mais d’un manque de liquidité. L’ensemble de son bilan paraissait donc encore soutenable le jour même de sa faillite, mais les autres banques et le marché se méfiaient trop de l’établissement pour accepter de lui prêter de l’argent comme cela se fait quotidiennement via le marché interbancaire. Une situation fatale pour l’entreprise, et qui souligne que ce qui compte pour une banque n’est pas forcément la fiabilité de son bilan, mais la confiance que lui accorde le marché. Or, la BCE ignore ce fait contrairement à Viral Acharya qui choisit des valeurs de marché au lieu des valeurs comptables.
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