BEIJING, 8 juillet – Les États-Unis et l’Union européenne (UE) entament lundi la première ronde de négociations sur un accord de libre-échange bilatéral qui pourrait s’avérer être la plus importante entente du genre de l’histoire.
Considérant que les États-Unis et l’UE représentent ensemble près de la moitié de la production économique mondiale et le tiers du flux des échanges mondiaux, il ne fait aucun doute que le Partenariat transatlantique sur le commerce et l’investissement (TIPP), en plus d’avoir un impact sur les deux économies majeures, influencera le paysage du commerce mondial.
Proposées il y a des décennies, les négociations de libre-échange USA-UE seront enfin mises en branle en raison d’un urgent besoin de relance économique des deux côtés de l’Atlantique dans le sillage de la crise financière internationale et de la crise de la dette souveraine qui en a découlé.
Selon des estimations, le TIPP générera des bénéfices annuels d’une valeur de plus de 100 milliards de dollars américains de chaque côté à travers l’élimination des barrières commerciales, l’ouverture du secteur des services et la promotion des investissements.
Les deux côtés s’attendent à ce que l’accord fasse grimper le taux de croissance économique de l’UE de 0,5 point de pourcentage, et celui des États-Unis de 0,4 point de pourcentage d’ici 2027, des chiffres considérables lorsque comparés à l’actuelle croissance léthargique des deux économies.
Bien que la plupart des analystes américains et européens voient d’un œil positif les effets bilatéraux du TIPP, son impact sur le système du commerce mondial est mélangé.
En lançant des négociations sur un accord de libre-échange bilatéral, Washington et Bruxelles démontrent leur engagement envers la libéralisation du commerce.
Cependant, ils envoient également un message clair que les deux puissances commerciales voudraient suivre leur propre voie et favoriser une approche bilatérale, tandis que le Cycle de Doha de négociations commerciales mondiales demeure dans l’impasse après plus d’une décennie de négociations.
Les bénéfices de l’approche bilatérale sont évidents. Il serait beaucoup plus facile pour les États-Unis et l’UE de trouver un compromis entre eux qu’avec les 159 membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Mais le plus important est que les États-Unis et l’UE, avec leur influence économique et commerciale, peuvent unir leurs efforts pour définir les futures règles du commerce global et forcer les autres à les suivre. Voilà pourquoi l’harmonisation des normes et régulations se trouve en tête de liste de l’ordre du jour des négociations.
Parallèlement aux négociations transatlantiques, les États-Unis tentent également de conclure un accord de libre-échange similaire dans la région de l’Asie-Pacifique, soit le Partenariat transpacifique (PTP). Cette double stratégie donne à Washington un avantage inégalable sur ses partenaires dans la construction du futur régime commercial global.
Toutes ces manœuvres laissent craindre que les ententes bilatérales et régionales ne puissent prévaloir sur les pourparlers commerciaux mondiaux chancelants, ce qui diviserait le monde en plusieurs blocs commerciaux et compliquerait les efforts mondiaux visant à établir des règles communes dans le commerce international.
Cela ne revient pas à dire qu’un accord de libre-échange bilatéral ou une entente régionale contreviendra à la libéralisation du commerce international. Certains de ces accords peuvent contenir des idées utiles pour l’entente globale, à condition qu’ils s’entendent avec le reste du monde.
Mais si l’accord est établi dans l’intention de prendre l’avantage et de forcer les autres à suivre, il pourrait créer des rivalités et apporter plus de problèmes que de solutions.
Agence de Presse Xinhua