L’éventuel effondrement d’économie ukrainienne présente une menace plus importante pour l’Union européenne que celle de la Grèce, estime l’observateur du Financial Times Wolfgang Munchau.

« Une sortie de l’UE pourrait s’avérer catastrophique pour la Grèce et porter un grave préjudice financier et moral à l’Union européenne (…). Cependant, cela ne détruira pas l’union monétaire, qui pourrait même en bénéficier à l’avenir. Dans le même temps, l’éventuel succès ou échec de la politique européenne à l’égard de la Russie et de l’Ukraine sera décisif pour le sort de l’UE », indique l’analyste.

Selon lui, la situation en Ukraine est « extrêmement grave ». Les dispositions des accords de Minsk destinés à mettre fin aux hostilités dans le sud-est du pays ne sont pas mises en œuvre, tandis que le PIB national a reculé de 15 % au premier trimestre de 2015 par rapport à la même période de l’année 2014, et le taux d’inflation risque d’atteindre 35 % en 2015, rappelle l’expert. Pour que l’économie ukrainienne se redresse, deux choses sont nécessaires, explique M.Munchau. Primo, un accord doit voir le jour en Ukraine pour restructurer la dette extérieure du pays, ce qui pourrait apporter aux autorités de Kiev des fonds importants. Pourtant, l’Ukraine a beaucoup de créanciers, et notamment la Russie qui s’oppose à toute restructuration de la dette ukrainienne envers Moscou. Dans ce contexte, l’UE doit mettre en place une stratégie à laquelle elle pourra recourir si l’Ukraine échoue à remplir ses obligations envers la Russie.

© SPUTNIK. ALEXANDER DEMYANCHUK

 

Secundo, Bruxelles doit apporter à Kiev une assistance financière considérable non seulement sous forme de prêts mais également de subventions, une restructuration de la dette ukrainienne étant dans tous les cas insuffisante pour que l’économie du pays se stabilise, indique M. Munchau.Toujours selon l’auteur, l’Ukraine a toujours toutes les chances de se redresser, et l’Union européenne doit la considérer non seulement comme une plateforme prometteuse de placement de capitaux, mais surtout comme une opportunité unique de renforcer son rôle géopolitique.